[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Une séance collaborative, c'est avant tout une rencontre entre des personnes intermédiées par un animateur. L'animateur peut être une personne dédiée ou bien un participant qui jouera ce rôle. La qualité de cette rencontre est fonction des postures à adopter, en fonction du moment et de la situation, à la fois des animateurs et des participants. En début de séance, il est toujours bon de rappeler aux participants les postures attendues, et parfois même de s'interroger à la fin de la séance si ces mêmes postures ont été respectées. Les postures de l'animateur sont au nombre de trois, comme nous le montre la figure, que l'on nomme la boussole d'animation. L'ouverture, la structuration et la fermeture. L'ouverture consiste à inviter les participants à s'exprimer. L'important est de faire parler et de permettre l'expression en utilisant des questions du type que pensez-vous de, quel est votre point de vue à propos, votre avis m'intéresse, avez-vous déjà rencontré telles situations. Que pouvez-vous dire? Que préconisez-vous? Qu'aimeriez-vous? Une autre technique peut consister à faire un tour de table et à demander à chacun qu'il s'exprime sur un sujet. L'animateur doit seulement réguler les interventions en termes de temps et de bienveillance. La structuration est une invitation de l'animateur à organiser les idées et les propositions. La méthode de structuration peut être proposée par les participants, ce qui est souhaitable, mais l'animateur doit toujours être en mesure de proposer une méthode de structuration des idées en fonction de l'objectif recherché. La structuration peut être temporelle, ou encore thématique, ou encore prendre la forme de matrice à deux dimensions. Les catégorisations du type fait / à faire, court terme / long terme, local / global, permettent d'organiser les idées échangées, et constituent des formalisations permettant à la fois une traçabilité et une exploitation de ces mêmes idées. La fermeture est l'étape la plus délicate pour l'animateur. Il s'agit d'amener les participants à fixer et formaliser ce qui est le plus important. Cela consiste à dégager des éléments sur lesquels les participants s'entendent et souhaitent avoir une action concrète. Une manière simple consiste à demander aux participants de formaliser les actions qu'ils souhaitent mettre en œuvre, avec des qualifications d'échéance et de responsabilité. Le rôle de l'animateur est clé et la compétence d'animation nécessite de nombreuses expérimentations, afin que chaque personne trouve son propre style d'animation. Certains mobiliseront l'humour, d'autres une autorité bienveillante, tandis que d'autres prendront la gestion du temps comme régulateur. Une seule règle, entraînez-vous. Ce ne sont pas les occasions qui manquent, au regard du nombre de réunions auxquelles vous êtes amenés à participer dans vos organisations. L'animateur peut aussi avoir un rôle de secrétaire visant à formaliser les échanges, ou bien ce dernier peut demander à un participant de le seconder pour cela, même si les volontaires ne sont pas légion pour ce type d'exercice. L'utilisation d'applications digitales constitue une aide à la formalisation, car les propositions des participants sont tracées et souvent agrégées dans un rapport final. >> Quand j'accompagne des personnes, sur l'animation, que ce soit d'atelier, de réunion, de séminaire, j'insiste sur quelques éléments qui sont clés, et je vais vous en donner cinq. Le premier élément, c'est vraiment celui de l'écoute, de l'écoute active. Sur cette écoute, j'allais dire qu'il revient à chacun de bien se connaître, pour savoir si vous avez plutôt des billets d'interprétation, des billets de synthèse, des billets d'expertise, des billets d'évasion de la pensée. Comme on a tous des billets, ça va vraiment être important que l'animateur se connaisse, pour pouvoir être vraiment présent dans l'écoute. Le deuxième élément qui me semble structurant, c'est le questionnement. Bien sûr, ça va avec l'écoute, mais la capacité à poser des questions, des questions ouvertes, des questions qui vont venir explorer la situation, qui vont venir permettre au groupe d'approfondir sa problématique et de sortir de l'implicite, de sortir du quiproquo, de sortir du non-dit. Donc, ce questionnement est sensible. Ça ne doit pas non plus devenir un interrogatoire, et donc, il doit être utilisé à bon escient. Le troisième élément qui me semble très intéressant, ça va être le rapport de l'animateur à ce qu'on appelle le cadre et le contenu. Le rapport au cadre, c'est que c'est l'animateur qui tient le cadre de l'animation, à la fois le timing, la régulation des participants, le fait d'aller chercher des personnes qui parlent moins ou qui sont en retrait, le fait éventuellement de recadrer si le groupe passe trop de temps sur un sujet ou s'il y a une digression. Donc, ce rapport au cadre doit être vraiment dans une posture très haute pour l'animateur, contrairement au rapport au contenu, c'est-à -dire que l'animateur ne détient pas le contenu. Il ne se pose en sachant, il ne se pose pas en expert. Il va falloir qu'il soit vigilant également à ne pas déresponsabiliser le groupe de l'apport des idées, de l'apport de ce contenu. Le quatrième élément, la quatrième clé, ça va être d'être capable finalement de vivre dans l'ici et maintenant dans l'animation, c'est-à -dire essayer de comprendre ce qui joue pour le groupe. Il peut y avoir des tensions, il peut y avoir des difficultés, il peut y avoir des fois des non-dits, et le coach, l'animateur, va pouvoir redonner au groupe ce qui est en train de se passer, faire un arrêt sur image. J'aime bien cette métaphore notamment du balcon, c'est-à -dire que le groupe est à la fois dans la scène et peut faire un arrêt sur image pour aller voir la scène depuis le balcon, et comprendre ce qui est en train de se jouer, pour aller plus loin dans la dynamique d'animation. La cinquième phase, qui me semble tout à fait primordiale, c'est celle de remercier et de valoriser, que l'animateur puisse reconnaître le temps, l'énergie, toute l'intelligence, qui ont été mis par le groupe dans l'investissement de l'atelier, de la réunion, du séminaire, et puisse envoyer le compte-rendu après, puisse valoriser et finalement envoyer des signes de reconnaissance pour donner à chacun l'envie de recommencer à participer à ces séquences. >> Les postures des participants sont au nombre de cinq, comme le montre le schéma suivant. La bienveillance est une posture clé dans les séances collaboratives. Il s'agit de respecter les autres participants tant dans leurs discours que leurs réactions. C'est une manière de sortir des relations conflictuelles visant à nuire à la qualité de l'échange. L'écoute est à la base du dialogue, afin d'éviter les monologues. Tous les participants doivent pouvoir s'exprimer, l'écoute est une compétence clé en termes de développement personnel, pour comprendre et participer, même si les titres et les fonctions ne disparaissent pas. Dans un échange collaboratif, les participants doivent savoir se positionner de manière a-hiérarchique, afin de libérer pleinement la parole. Le principe même d'une séance collaborative est la participation active. Même si certains sont parfois plus intéressés par l'écran de leur ordinateur ou de leur smartphone, il convient de rappeler à tous l'intérêt qu'il y a à participer et à co-construire avec les personnes en présence. Les postures polémiques sont à bannir, ce qui n'empêche pas d'afficher des différences, de manière argumentée et respectueuse, dans une culture française, que l'on pourrait parfois caractériser de critique. La polémique peut très vite devenir une modalité d'échange peu propice à la co-construction. Ces cinq principes sont assez faciles à comprendre et apparaissent comme du bon sens, pour permettre un échange de qualité et productif. Cependant, il convient de proposer aux participants de s'interroger sur leur capacité à incarner ces principes, qui ne sont pas aussi innés que cela. Cela exige une gymnastique comportementale, consistant à analyser son propre comportement, ou bien à travailler avec un binôme qui jouera le rôle de miroir bienveillant. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]