Bonjour. Bienvenue au MOOC Restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Nous démarrons ce cours avec une première leçon consacrée à l'examen de la genèse de l'ampleur du phénomène des quartiers précaires dans le monde, en général et dans les villes africaines en particulier. Comme nous l'évoquions dans l'introduction, les quartiers précaires sont la manifestation la plus flagrante du manque de planification et de contrôle de la croissance des villes. Ces quartiers s'étendent en raison de l'urbanisation croissante, de la pénurie du logement abordable dans les villes, mais également à cause de multiples autres raisons telles que la pauvreté, les déplacements liés à des conflits, à des catastrophes naturelles ou encore au changement climatique, qui poussent de nombreuses populations à accepter et supporter des conditions de logement et de vie misérables. Cette carte nous montre l'ampleur du phénomène à travers le monde. Même si le phénomène est planétaire, il est désormais marginal dans les pays du Nord, et est devenu une particularité des pays d'Asie, d'Afrique, et d'Amérique Latine. Ces trois sous-ensembles concentrent la quasi-totalité du milliard d'habitants des quartier précaires dans le monde. C'est ce que l'on voit sur cette carte puisque les pays développés concentrent environ 10 millions d'habitants dans les quartiers précaires, contre 550 dans les pays d'Asie et du Pacifique, 250 dans les pays d'Afrique, ou encore 150 millions en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Cette situation est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs qui tiennent à la fois aux situations démographiques, à la place des villes, et aux différentes formes de gouvernance qu'on rencontre dans les différents pays. C'est ce qui explique la diversité des situations que l'on rencontre, à l'image de la grande diversité lexicale qui existe pour nommer ces quartiers. Vous entendrez parler de quartier informels, quartiers spontanés, quartiers populaires, quartiers précaires, quartiers illégaux, quartiers irréguliers, sous équipés, ou encore non règlementaires ; toutes les appellations utilisées pour qualifier ce qui consitue aujourd'hui l'essentiel des villes africaines. Qu'elle est à l'heure actuelle l'ampleur du phénomène et comment se justifie-t-il? C'est ce que nous verrons à travers ce plan structuré en 4 points. Nous verrons ensuite le poids de la transition démographique la forte attractivité des villes et la faiblesse des gouvernances qui justifient le développement des quartiers précaires dans la plupart des grandes villes d'Afrique. Entre 1992 et 2012, la population des quartiers précaires dans les villes du Sud à augmenté de l'ordre de 200 millions en passant de 650 millions à plus de 860 millions. Dans le même temps, la proportion de population a baissé de l'ordre de 14 points en passant de 46,2 % à 32,6 %. Cette carte montre la situation des villes africaines. Nous relevons plusieurs contrastes parmi lesquels le contraste entre l'Afrique du Nord, hormis le cas de l'Egypte et du Maroc, par rapport au reste du continent. A l'intérieur des terres, nous avons le cas de l'Afrique de l'Ouest, avec les pays comme le Nigeria, le Ghana, la Côte d'Ivoire, l'Afrique centrale avec le Congo, l'Afrique de l'Est avec l'Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie, et l'Afrique du Sud, qui montre que l'ensemble des pays africains est concerné par le phénomène. Mais, la situation est alarmante dans certains pays tels que le Soudan, la République Centre-Africaine, le Tchad, l'Angola, la Guinée-Bissau ou encore le Kenya, où la proportion de population habitant les quartiers précaires peut atteindre 80 %. La quasi-totalité des pays africains vit une transition démographique qui est un passage obligé vers un régime démographique moderne. C'est aussi la traduction de la situation et des conditions économiques et sociales d'une population, celle où l'écart entre le taux brut de natalité et le taux brut de mortalité est le plus important. Malgré un ralentissement, la croissance naturelle de la population mondiale continue d'alimenter les villes. Les villes africaines évoluant à un rythme de l'ordre de 3 % par an, c'est-à-dire un doublement de leur population environ tous les 20 ans. C'est quoi la transition démographique? C'est la situation qui fait passer les pays d'un régime démographique primitif à un régime démographique moderne. Les taux bruts de mortalité et les taux brut de natalité sont tout deux élevés en partant d'une situation de 40 pour 1000 et du fait d'un meilleur encadrement sanitaire, le taux brut de mortalité baisse rapidement pendant que le taux brut de natalité reste élevé avant de baisser à son tour. Cette période où l'écart entre les deux courbes est le plus élevé est celle où le taux de croissance naturel est le plus élevé et c'est cette phase qu'on qualifie de régime démographique transitoire. Auparavant les pays sont dans un régime démographique que nous pouvons qualifier de primitif et en sortant de cette phase, ils rentreront dans un régime démographique que nous pouvons qualifier de moderne. C'est dans cette partie que se situe l'ensemble des pays développés avec un taux de mortalité faible et un taux de natalité faible. Alors, dans cette période de transition démographique, que nous pouvons aussi scinder en deux, la population va croître de cette manière. C'est-à-dire que nous avons une phase où le croît naturel est le plus important. Après la transition démographique, la seconde explication est la forte attractivité des villes. Les villes sont en effet les lieux de modernité, les lieux de création de richesses, d'espoir et de possibilité d'ascension sociale. Bien que les possibilités réelles d'insertion soient limitées, elles continuent d'attirer les populations et constituer les lieux d'aboutissement des flux de migration. Il faut rappeler qu'ici l'urbanisation est démographique et déconnectée des performances économiques et industrielles des pays. C'est une urbanisation par tertiarisation à partir du moment où c'est le secteur informel qui absorbe la majorité des citadins actifs. La troisième raison de la justification des quartiers précaires est la faiblesse des gouvernances. Qu'elles soient territoriales, urbaines, ou institutionnelles, le résultat de la faiblesse d'administration est un déséquilibre entre les différents espaces. Les pouvoirs publics peinent souvent à répondre de façon satisfaisante aux besoins d'équipement des différents territoires en vu d'assurer un développement harmonieux et cohérent. Il n'existe souvent pas de politique d'aménagement du territoire, les politiques urbaines poursuivies sont inefficaces et souvent sans effet. Les outils de planification, de régulation et de contrôle ont un faible impact sur les territoires. La conséquence de tout ça est la persistance de disfonctionnements importants dans les tâches de planification et de régulation urbaine. Nous avons insisté sur les raisons majeures qui justifient aujourd'hui l'existence et la diffusion des quartiers précaires dans les villes africaines. D'autres raisons, moins immédiates, sont aussi des motivations pour s'installer dans un quartier précaire d'une grande ville, il s'agit des discrimination, des changements climatiques, mais également le développement de stratégies devant conduire à l'accession à la propriété. De nombreuses personnes vivent en effet une situation d'attente dans ces quartiers, surtout lorsqu'il y a eu des précédents de distribution gratuite de terrain qui sont toujours comme un appel d'air. [AUDIO_VIDE]