[DIAPHONIE] La quatrième partie de notre exposé concerne la compétence interculturelle qui est considérée, aujourd'hui, comme une compétence clé du XXe siècle. Nous nous référons ici à une publication de la Fondation Bertelsmann qui présente les résultats de travail, d'un groupe de travail. L'idée est pilotée par Darla Deardorff et présente les modèles, justement, de la compétence interculturelle qu'elle a développée. Il s'agit ici d'un modèle sur plusieurs dimensions donc qui concerne la compétence, plusieurs parties, plusieurs éléments de cette compétence dont on parlera tout de suite. Mais aussi de l'effet d'un apprentissage continu et qui provoque toujours plus de compétences si on pratique les expériences interculturelles de cette façon-là . J'expliquerai donc, tout de suite, ce qui est dit quand on parle d'une spirale vertueuse de l'apprentissage et de la métaphore de l'amortisseur. Donc une spirale vertueuse d'apprentissage génère une dynamique positive de différents types d'apprentissage qui se renforcent mutuellement. Un amortisseur est un système mécanique destiné à affaiblir la violence d'un choc, l'amplitude des oscillations d'un objet en supportant ses vibrations et généralement, par dissipation d'énergie. Donc pourquoi expliquer la compétence interculturelle par la métaphore de l'amortisseur? C'est relativement simple. C'est le fait que quand on sait amortir les chocs de nos expériences et passer les virages, les situations un peu difficiles de la communication d'un voyage interculturel, nous évitons les accidents et c'est ça le but de notre communication. C'est-à -dire être capable de continuer à rouler dans la voiture de la communication sans qu'on produise des accidents. Et cette spirale vertueuse de l'apprentissage concerne donc plusieurs dimensions. La base, ce sont les attitudes. Deux sont extrèmement importantes : c'est la capacité de tolérer l'ambiguïté. Mais aussi, la capacité d'apprécier la diversité culturelle et le multiperspectivisme. Regardons ce dessin de Escher. Que voyez-vous? On peut voir des oiseaux blancs volant de gauche à droite ou les oiseaux noirs volant de droite à gauche. On peut voir les deux. C'est ambigu. On ne sait pas très bien ce qu'il se passe dans cette image quand on regarde la première fois. Beaucoup de phénomènes de nos expériences sont justement ambigus aux premières vues, et mêmes restent ambigus et ambivalents dans la durée. L'autre aspect concerne la capacité d'apprécier la diversité culturelle qui se montre surtout souvent dans les différentes perspectives que les acteurs appliquent pour décrire, analyser, expliquer leurs expériences. Et ce deuxième tableau de Escher montre bien la complexité du monde, de nos idées, de nos perceptions. Il est plus compliqué que les trois dimensions de l'espace normalement perçues par l'être humain. Qu'est-ce qui est le haut et le bas? Quelle perspective on prend pour aller où dans cette maison? Une expérience fondamentale dès qu'on se trouve en interaction avec des personnes qui ne partagent pas notre culture. On peut se poser la question si on voit à gauche le même animal et à droite, une seule femme. Vous voyez bien qu'on peut voir deux animaux : un canard et un lapin. Et ici, si vous regardez bien, vous voyez d'abord peut-être une jeune femme qu'on voit du côté, mais aussi peut-être, tout de suite, ou après, le visage d'une vieille femme qu'on voit de face, presque de face. Alors jeune femme ou femme agée? Canard ou lapin? Voilà une situation qu'on retrouve très souvent dans nos communications et nous ne savons pas toujours, tout de suite, dire de quoi il s'agit. Deuxième base de la compétence interculturelle, c'est le savoir et savoir-faire interculturel. Savoir actualiser nos connaissances compréhensives des autres cultures est un élément clé. Nous allons lire, nous allons écouter, nous allons observer. Nous allons compiler les connaissances. Toujours plus de connaissances par rapport à la culture de l'autre. Nous allons développer un savoir communiquer. Nous sommes différents. Le rectangle et le cercle, ce n'est pas pareil, mais nous travaillons dans la même entreprise et nous avons l'impression de ne pas nous comprendre. Nous savons aussi mieux gérer les conflits. Les conflits existent ; nous avons déjà parlé. Comment réagir à des conflits? C'est donc des savoirs. Les savoirs faire interculturels très importants qui sont la base même de notre compétence. En plus, il y a un effet. Il y a un premier effet, en quelques sortes, interne à la personne de cette spirale vertueuse d'apprentissage, c'est la réflexivité interculturelle. C'est-à -dire de savoir développer et relativiser de son propre cadre de référence. Je suis capable de me déplacer, de me décentrer et de regarder mon propre cadre de référence comme un seul possible parmi d'autres. Mais je suis aussi capable de développer l'empathie pour le cadre de référence de l'autre pour sa façon de vivre. Donc la réflexivité interculturelle est très importante. C'est un effet de notre apprentissage, encore une fois, un effet interne à notre personnalité. Mais il y a aussi un deuxième effet externe, c'est-à -dire cette spirale vertueuse de l'apprentissage nous permet de savoir interagir d'une façon constructive. Nous savons éviter la violation des règles culturelles quand nous sommes dans un autre pays. Nous sommes respectueux. Nous savons aussi atteindre des objectifs basés sur des valeurs bien précisées et bien fixées qui sont la base de notre action. Voilà , premier effet interne. Deuxième effet externe, se complète dans cette image de l'amortisseur pour créer une véritable compétence robuste, mais aussi flexible pour traverser des situations de chocs ou au moins de turbulence. Alors, la compétence interculturelle. L'amortisseur, évidemment interculturel, fonctionne mieux si on apprécie la diversité, si on sait tolérer l'ambiguïté, mais évidemment aussi si on parle plusieurs langues, parce que les langues sont les vecteurs existentiels de nos cultures. [AUDIO_VIDE]