[BRUIT] Nous avons donc vu que l'identité est plurielle, dynamique, c'est-à -dire évolutive et que se rencontraient des groupes culturels pour négocier un espace d'entente, cet espace défini comme l'altérité. Dans ce rapport à l'altérité à l'autre, surgissent déjà des habitudes, on a vu des rituels liés aux cultures. Il est temps donc maintenant de s'atteler à cette question vaste, les cultures, de quoi s'agit-il? On nous met plein de choses évidemment quand on parle culture, quand on nous dit culture, on va penser à énormément d'éléments, voyons voir un petit peu. [BRUIT] [BRUIT] On a pour habitude, vous l'avez peut-être déjà vu de représenter les cultures sous la forme d'un iceberg, car évidemment Titanic, l'iceberg peut être dangereux car partie visible, mais aussi une grande partie invisible. Un petit peu à vous de jouer. Que mettriez-vous au-dessus de l'iceberg, qu'est-ce qui pour vous dans les éléments culturels seraient visibles? Qu'est-ce qui pour vous dans les éléments culturels, dans les cultures, seraient invisibles? Je vous laisse y réfléchir. Voyons un petit peu le résultat établi par nos spécialistes. Evidemment les vêtements, vous voyez mes vêtements violets, lilas comme vous voulez, définition de la couleur qui peut varier comme nous pourrons le voir par la suite. La langue, je parle français, les aliments, on voit tout de suite ce qu'on a dans notre assiette, n'est-ce pas? Bien évidemment les arts, tout ça ce sont bien là les éléments visibles de l'iceberg. Je dis bien visibles, pas forcément compréhensibles [ÉTRANGER] [ÉTRANGER]. On est bien d'accord, là on parle du visible, perceptible plutôt. Mais nous avons toute cette partie immergée de l'iceberg qui pourtant contient énormément de choses, les croyances, les valeurs, les styles de communication, les notions de temps, la gestion des émotions, etc. Les tics. Tous ces éléments-là intéressent également l'interculturel. On ne peut entrer dans une démarche interculturelle sans s'y intéresser. Effectivement, l'approche interculturelle, n'oubliez pas, on a bien vu que l'interculturel c'est une démarche, c'est une interrogation sur les interactions. Cette approche, elle ne peut qu'être interdisciplinaire puisque on a vu sur l'iceberg, il s'agit d'art mais il s'agit aussi d'habitudes, de traditions qui vont relever de l'approche anthropologique, ethnographique, la sociologie. la sémiologie, l'histoire des sens. Et l'histoire bien évidemment peut apporter un éclairage intéressant dans une approche interculturelle, d'où identités plurielles mais également approches multiples lorsqu'on travaille dans l'interculturel. Exemple d'une façon de questionner les interactions, une façon de questionner un élément, une dimension culturelle présentée par un psychologue Hofstede qui s'intéressait à plusieurs dimensions de la société. On va en présenter une dans ce moment 2 mais on pourra parler d'autres dimensions dans le moment 4. La féminité et la masculinité. Il a pu mener une étude sur les sociétés, on le constate vous voyez des chiffres, Allemagne 66 points non on n'est pas au concours de l'Eurovision bien sûr, Allemagne 66 % vers le masculin, la France 43 %, l'Espagne 42. Effectivement, qu'entendre derrière ces termes féminité, masculinité? Pour Hofstede, une culture, des cultures dites masculines signifient qu'elles répartissent très distinctement les rôles entre les hommes et les femmes. Les hommes se voient plus orientés vers des biens matériels, les femmes sont douces bien sûr, s'occupent de la qualité de vie à la maison. Alors, qu'au contraire dans les sociétés dites féminines dans le sens donc de Hofstede, je rappelle ce psychologue qui a fait ses études sur les dimensions culturelles des sociétés, dans les sociétés dites féminines, il y a peu de distinctions entre les rôles des hommes et des femmes. Les hommes peuvent être tendres, modestes, concernés par la qualité de la vie. On va trouver Cela peut se traduire par exemple dans les rapports à l'éducation des enfants. Une société masculine va donner le rôle d'éducatrice à la femme, tandis que dans une société dite féminine, ces rôles vont être partagés. Je pense ici aux sociétés suédoises où le congé de paternité est communément admis. Le degré de coopération entre les individus aussi peut varier dans les critères de définition des sociétés féminines ou masculines, sécurité de l'emploi. Et bien évidemment, les professions réservées sans doute aux hommes et aux femmes définissent fortement l'attrait de la société du côté masculin ou féminin. Une société où les femmes ne peuvent pas être pompiers ou policiers évidemment est une société masculine. Ces apports théoriques sont évidemment intéressants, nous donnent des éléments sur les cultures de l'autre. Vous voyez que je parle toujours au pluriel, les cultures de même qu'on a une identité plurielle, de même on relève de plusieurs éléments culturels, on n'est pas que une société féminine bien évidemment ou masculine. En effet, ce serait trop dangereux de parler d'une culture ou d'un seul élément culturel pour chercher à nous approcher, à nous définir. Ce serait un risque de nous enfermer dans un seul trait. On ne serait plus que un papa, or ce n'est jamais ça, on appartient à un groupe bien évidemment, avec nos identités plurielles et en oscillant. Donc, en accord avec François Julien, je trouve plus intéressant de poser un commun, des communs identitaires. Le commun comme il le dit pour une part nous est donné, c'est le commun de ma famille ou de ma nation, celui qui me vient par naissance. Etant française, j'ai la langue française en commun avec tous les membres de ma famille par exemple et bien d'autres évidemment, quelques millions de personnes. Etant une femme, j'ai en commun avec beaucoup de françaises d'aimer le rouge à lèvres. Autre exemple, ce goût me vient de part ma naissance. D'autres communs que je construis au fur et à mesure que mon oignon se grossit, que mon puzzle se construit, c'est celui qui fait l'objet de mes choix. Je m'inscris à un mouvement politique, je m'inscris dans une association et je construis des communs avec les autres membres de l'association, du parti politique. Tout ceci constitue mes éléments, mes distinctions culturelles et identitaires, évidemment communs car le groupe dans son ensemble, ses traditions, ses rituels, ses communs partagés sont des réponses aux environnements qui se sont construits au fil des siècles. Ainsi, si on porte des bottes en hiver en France, c'est parce qu'il y fait un peu plus froid qu'au Bénin o* vous ne verrez pas beaucoup des bottes. On a des façons de répondre dans nos vêtements, nos habitudes vestimentaires, de répondre aux environnements froids ou pas. Bien évidemment, cet exemple est très simple mais vous imaginez que nos valeurs ce sont les valeurs d'un groupe. Les valeurs communes à un groupe ce sont construites pour répondre à des questions posées par l'environnement, d'où l'importance des approches anthropologiques, sociologiques, je dirais même philosophiques pour discerner ces informations sur le commun lors de nos interactions, car vous le voyez, il y a notre iceberg mais il y a l'iceberg de l'autre, de notre alter ego, ne l'oublions pas. Et dans l'interculturel, ça va être cette zone un peu sombre qui va nous intéresser car plus complexe, plus difficile. Bien évidemment, si l'on regarde les habitudes alimentaires, on peut dire j'aime, je n'aime pas, en général ça ne provoquera pas une crise diplomatique, mais dès lors qu'il s'agit des valeurs, cela va être plus délicat à traiter car ne l'oublions pas, Dans toute interaction, nous intervenons avec nos pièces de puzzle, avec nos données, avec nos communs culturels, c'est-à -dire nous sommes bien là avec nos valeurs, nos conceptions qui influencent nos choix bien évidemment mais l'autre. Mon alter ego est également influencé par ses propres pièces, ses propres données, ses propres communs culturels et ses propres perceptions, ses propres interprétations. Vous pourriez me dire, non les perceptions, on voit ce que l'on voit, pas si sûr, même les perceptions peuvent êtres influencées par nos données. Exemple : qu'est-ce donc que ceci? Un groupe d'étudiants m'a répondu, vous savez c'est une pince pour attraper les glaces, des étudiants australiens qui avaient l'habitude de manger de la glace, qui aiment la glace. Eh bien non, il s'agit d'une pince à escargot. Certains français le trouvent mais pas tous, car il faut déjà être un français qui aime manger des escargots et qui sait que on peut trouver des pinces à escargot pour manger des escargots. Vous voyez que la perception, la définition même de l'objet est influencée par mes pièces de puzzle, mes données, ce qui nous montre bien que ce que je vois, je l'interprète grâce à mes connaissances, mes expériences, mes références, mes communs culturels hérités ou construits et je cherche à partir de là toujours à donner du sens à ce qui m'entoure. Donc, encore une fois, on voit l'importance de comprendre ce qui me permet de donner du sens à mon entourage. On se retrouve dans la même situation que tout lecteur finalement, on est toujours en train de lire le monde, de lire l'alter ego lorsqu'on le rencontre. Comme tout lecteur, on va donner un sens par résonance en faisant appel à ses expériences, c'est-à -dire à ses déjà là qui le constituent, à ses prérequis linguistiques et socioculturels. Vous voyez qu'on avance toujours avec ce qui est déjà là en nous et l'autre avance de la même façon. Bien évidemment, plus nos points de référence avec l'alter ego vont être éloignés, plus difficile sera l'interprétation. Ainsi, un étudiant chinois avait du mal à comprendre ce qu'était cette fameuse pince car il venait tout juste de débarquer en France, mais un autre étudiant chinois qui était là depuis trois ans a été le premier du groupe à trouver ce qu'était la pince à escargot. Plus les attentes et les représentations sont ancrées, plus le choc et le déni évidemment peuvent se glisser. Si l'on revient sur les belles interviews que vous pouvez découvrir dans les ressources, si l'on prend par exemple l'interview de Miao, souvenez-vous, elle a été surprise car arrivée tel jour en France, on lui souhaitait une bonne fête. Je vous laisse revoir le jour de son arrivée dans les interviews, réécoutez-les, c'est un plaisir. Or, elle ne comprenait pas pourquoi on lui souhaitait bonne fête. Il s'agissait de Français à l'aéroport qui voulaient être accueillants, c'est parti d'une bienveillance, ils voulaient être gentils de même qu'on lui aurait souhaité un bon 14 juillet, ils souhaitaient une bonne fête de la République à Miao qui débarquait. Et Miao constate, on m'a prise pour une Chinoise de la Chine continentale. Je venais de Taiwan, ce n'était pas ma fête nationale. En fait, le premier décalage qu'elle a ressenti en France, on m'a perçu comme une chinoise. Je n'irai pas plus loin dans l'interprétation pour des raisons politiques. Récupérer les éléments visibles comme on l'a déjà dit, c'est facile, c'est plus facile. Bon, on peut se tromper bien sûr mais surtout quand les références et les valeurs sont éloignés, mais repérer les valeurs, les éléments invisibles, ça devient plus complexe. Comment la personne en France pouvait-elle savoir que Miao ne souhaitait pas qu'on lui souhaite une bonne fête nationale sur cette date-là ? Il s'agit bien alors dans notre démarche, de dépasser tous ces préjugés, ces clichés sur l'autre, clichés qui ne prennent qu'une image, qu'un trait de l'autre pour aller vers une connaissance de l'autre, vers une relation avec l'autre dans l'altérité, c'est-à -dire en prenant compte de sa pluralité, en prenant compte de son oscillation entre groupe et individu et également en prenant conscience de la relativité culturelle. C'est-à -dire qu'il n'y a pas une norme universelle, tous les éléments de l'iceberg peuvent varier selon l'endroit où on va se trouver bien évidemment. Pour rentrer en relation avec des groupes culturels autres, il est important de prendre conscience de cette relativité, ce qui signifie bien sûr que nous sommes tous des êtres culturés. On l'a vu, on n'arrive pas tout seul tout nu au monde, j'ai envie de dire. Pluriel, mais aussi que chaque individu n'est pas le tout de ses cultures. Ça veut dire quoi? Ça veut dire, ce n'est pas parce que vous êtes togolais que vous allez représenter tous les Togolais, vous avez votre distinction en tant qu'un être particulier. Ce n'est pas parce que je suis française que je réagis comme toutes les Françaises, bien au contraire d'ailleurs. Donc, ne l'oublions pas, dans l'interculturel il y a bien culture mais il y a aussi individu, ce qui signifie qu'il faut penser l'individu porteur de valeurs données et construites, certes, je le rappelle plus difficile à saisir quand elles sont éloignées de nos propres valeurs données et construites, mais aussi que le sujet n'est pas le tout de ses cultures comme on l'a vu et en plus le sujet se permet de faire des écarts volontaires ou non par rapport aux traits communément partagés par ses groupes culturels. Ici, on peut penser aux artistes. Si on pense à un écrivain comme Zola, bien évidemment, il n'écrit pas comme tous ses camarades de classe si je peux dire. Zola a fait des écarts d'écritures en imposant le naturalisme. Si on prend le tableau de Manet Pique-nique, bien évidemment l'artiste a fait un écart par rapport à la norme, aux normes de son groupe, mais il assume ces écarts-là évidemment. Le sujet peut aussi jouer avec ses traits culturels. Je connaissais une petite fille française, expatriée en Allemagne, n'aimant pas prononcer le son ich, disait je ne peux pas le dire car je suis Alice de Paris. Très bien, elle était excusée en Allemagne pour ne pas bien prononcer ce son. Arrivant à Paris, voilà que notre demoiselle n'aimait pas manger des petits pois, disait je ne peux pas manger ça je suis Alice de Munich. Vous voyez le jeu sur les cultures, c'est un exemple mignon mais il arrive que l'on joue de façon plus sérieuse avec ces cultures, c'est une interrogation à avoir. J'emploie le terme jouer sans évaluation, sans jugement moral. C'est parfois conscient, c'est parfois inconscient c'est parfois nécessaire mais voilà . Un jour, on se sent plus femme, un jour on se sent plus maman dans notre cas de figure et un autre jour on se sent davantage professeur. C'est pourquoi le commun, ce terme commun culturel peut être est vraiment un outil intéressant déjà , un postulat de base dans la démarche interculturelle. En tant que réponse aux problématiques de vie, il crée des traditions qu'on ne peut certes nier, mais il autorise aussi la variation des réponses en fonction du contexte, c'est ce que Demorgon appelle les oscillations, soit cette possibilité qu'ont les personnes, les groupes, les cultures, les nations et leur culture de ne pas toujours produire la même chose. Et c'est intéressant car là , voilà un autre mot important qui a surgi, le contexte. On a parlé d'identité plurielle, culture plurielle, individu et groupe, oscillation, écart, un élément est important dans toute démarche interculturelle, on ne peut mettre de côté le contexte de l'interaction car c'est lui qui permet à l'individu d'agir, de se donner à voir tel qu'il souhaite être vu. Enfin, cette démarche se doit d'être inscrite dans la nuance. Effectivement, si on trouve des guides, on peut trouver des guides sur Internet. Au Brésil, le Brésilien aime la nouveauté, il s'adapte facilement, il est très susceptible, attention, non. Réaction quand j'ai montré, quand j'ai fait analyser ce texte par des étudiants brésiliens, évidemment, cris d'horreur, non, ça dépend. Ne pas oublier de nuancer en tenant compte de l'évolution de la dynamique de l'identité, car sinon n'oublions pas, on tombe dans la réification, la chosification qui est tout le contraire de l'objectif de la démarche interculturelle. Contexte comme on l'a dit, le contexte appuyé sur le contexte permet de faire évoluer d'éviter la vision réifiante ainsi que le rappel [INAUDIBLE]. Ça permet l'interaction requires skills involving different cognitive, emotional and behavioural processes. Important donc de prendre conscience du contexte et de tout ce qu'il entraîne comme motivations. Pour conclure, pour synthétiser ces moments 1 et 2, s'agissant de la démarche interculturelle, des postulats importants, sujets inscrits dans une notion d'alter ego, identité culturelle à dépasser pour arriver au commun culturel, ce qui nous permet de tenir compte de la diversité à la fois des approches, diversité des cultures, diversité des identités, ce qui permet de tenir compte de l'évolution ou des métamorphoses de l'identité. Car souvenez-vous de ce premier postulat, l'identité n'est pas figée et sculptée dans le marbre. Elle est construction permanente, elle est potentielle, créatrice et donc métamorphose. Les cultures, on l'a vu, sont plurielles là aussi, sont multiples, sont visibles, invisibles, difficiles à saisir. Vous vous souvenez des deux icebergs qui se rencontrent, ce sont ça les rencontres interculturelles qui mettent en présence des individus à la fois dans leur culture et pouvant faire des écarts, introduisant une imprévisibilité permanente, une imprévisibilité fréquente des rencontres et ce qui en fait le charme comme nous le verrons dans ce moment 3, L'entre-deux. On verra que les cultures sont complexes et on s'interrogera sur les mobilités qui nous plongent dans un entre-deux. [INAUDIBLE] [INAUDIBLE]