[DIAPHONIE] Good morning, good afternoon or good evening. Aujourd'hui, je vais vous parler de la didactique de l'entre-deux interculturel. C'est le Moment 3. Cathy a déjà évoqué les symboles de l'interculturel, notamment l'idée de puzzle, ou puzzle an anglais. Pour moi, c'est l'idée d'un patchwork. J'étais inspirée par les travaux de ma sœur qui a fait ces patchworks magnifiques comme cadeaux pour ses trois filles. Le patchwork est plein de couleurs, de souvenirs, des vieilles robes, des expériences nouvelles. C'est le partage. Des motifs, comme vous le voyez, qui se ressemblent mais tout en étant différents. Ce sont des traditions qui sont revisitées, réappropriées, mélangées, cadeaux intergénérationnels cousus avec amour, parfois décousus, recousus, reprisés, recyclés, des traditions qu'on revoit sans arrêt. [SON] L'entre-deux, on parle de l'entre-deux de notre site en Bretagne entre la mer et la terre. L'entre-deux peut être virtuel et toujours singulier. C'est-à -dire que mon entre-deux n'est pas le même que le vôtre. Entre les langues et les cultures. On va vous parler de quelques théories. On va baser ça sur des exemples de récits frontaliers à partir de travaux de poètes, d'écrivains et d'académiques. On va évoquer aussi l'idée de l'espace apprentissage interculturel. Cet entre-deux qui va nous aider à apprendre. Est-ce que cet espace est positif ou négatif? À vous de voir. Des fois, ça peut être inutile, utopique, des fois c'est plutôt difficile. Grâce à la globalisation et aux nouvelles technologies, on traverse les frontières maintenant. On a accès partout. C'est ce que Hall appelle symbolic community of choice. Cette community of choice nous permet, et je cite : [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] La salle de classe n'existe plus, ça peut être n'importe où. Vous êtes dans votre salon sur votre canapé, et moi, je peux me trouver de l'autre côté de la barrière, de l'autre côté de l'Atlantique, etc. Ça transcende l'espace. Mobilité virtuelle. C'est-à -dire qu'on n'a plus besoin de bouger. On a bien vu pendant le confinement, de notre salon on visite des endroits différents. J'ai pu vérifier ça en faisant une recherche avec un groupe d'élèves en France jumelé avec un groupe aux États-Unis. Et on a appelé ça une espèce de third space virtuel. C'est-à -dire qu'ils communiquaient par visioconférence, par e-mail, etc. Et ça faisait pour eux une espèce de mi-chemin halfway house, surtout pour ceux qui ne pouvaient pas voyager pour des raisons d'argent surtout à l'époque. L'entre-deux singulier, c'est-à -dire, comme j'ai dit, différent selon la personne. L'entrée en matière de l'espace entre les langues et les cultures s'est vite imposé pour nous équipe internationale dont certains sont frontaliers. Nous sommes bi, ou tri ou plurilingues. Ce MOOC s'adresse à vous, public universitaire international dans un espace virtuel. L'interculturalité, la discipline en elle-même est entre-deux, pas reconnue d'ailleurs comme discipline, pas une science dure. Nous aussi, on a un positionnement qui est conceptuel entre les courants différents, grosso modo entre les courants qu'on appelle anglo-saxons, ce qui est un peu ridicule parce que les Anglo-saxons sont morts au Ve siècle, mais on va dire anglophones et francophones. Surtout cette situation pandémique, comme on a dit tout à l'heure, se trouve être aussi un exemple liminaire, sociétal, comme dit Horvath. Ma situation personnelle professionnelle aussi est entre-deux. Là , je voyage beaucoup avec beaucoup de bagages comme vous voyez. Je suis anglaise et galloise en même temps. Née en Angleterre mais Galloise par ma famille, matérialisé par ce pont qu'on traversait en long et en large au moins deux ou trois fois par an pour aller voir les grands-parents, pour aller home. Et ensuite, depuis quelques années maintenant, je suis aussi entre la Bretagne et la Grande-Bretagne, matérialisé par ce bateau, qui marche de moins en moins malheureusement actuellement. [SON] Passons actuellement à quelques théories entre les langues et les cultures. On va parler du rôle de la médiation, ce qu'on appelle sémiotique du langage. Sémiotique qui veut dire sens. Cette sémiotique donne une sorte d'ombrelle qui est une médiatique entre soi et le monde, et entre soi et l'autre. C'est un outil de construction du savoir qui nous aide à nous exprimer, à comprendre, à réfléchir, à appréhender et construire le monde, entre la langue en général et la parole en contexte, d'après Saussure. La langue qu'on trouve dans le dictionnaire, tous les mots, et la parole qui est notre parole à nous, ce qu'on prend du dictionnaire. Autrement dit, entre smysl, interprétation et associations personnelles, et znachenie, excusez mon accent russe, la définition du dictionnaire de Vygotski. [SON] Quelques exemples. Saussure nous rappelle que le signe linguistique est arbitraire. Pourquoi on dit table et pas chaussure? Mais ça semble naturel pour un locuteur monolingue. Par exemple, quelqu'un qui parle l'allemand, quand il entend le mot fromage, il dit : Pourquoi fromage? [ÉTRANGER] Le mot allemand est beaucoup plus naturel. Pour moi, cheese est plus naturel que fromage, quoique maintenant, je dis les deux. Il y a également un décalage entre les significations dénotatives, connotatives et symboliques entre les cultures et entre les individus. Une rose, une rosa, ein rose, a rose sont très semblables niveau signe, mais ça peut évoquer des choses différentes selon l'individu et selon la culture. Une rose peut évoquer un geste romantique, un parti politique en France, une guerre en Angleterre, la guerre des roses, une révolution au Portugal, un pays en Bulgarie. [SON] La langue est une expression d'une réalité culturelle, nous rappelle Kramsch, une réalité qui est différente selon les cultures et selon les individus. Par exemple, même un mot simple comme pain ne traduit pas forcément la même réalité dans d'autres langues. C'est une différence de réalité véhiculée par des langues différentes. Par exemple, ici, même un mot simple comme pain peut évoquer des choses différentes selon l'individu et selon la culture. Ici, l'exemple de deux étudiants de Singapour et de Hong-Kong. On voit l'évocation du pain qui fait penser à un pain américain. Et à côté, on voit aussi des nouilles, qui prennent plutôt la place du pain chez cet individu et dans cette culture. Des mots différents selon les pays,bread, pan, brot, naan, etc., évoquent peut-être des représentations aussi très différentes. Le pain et le pan, pourtant des mots qui se ressemblent, mais les réalités ne se ressemblent pas. Ici, on voit la place très importante du pain pour les Français. Par contre, pour d'autres cultures, le pain peut être les haricots, les nouilles, le riz, etc. Penser entre les langues ou traduire, comme nous rappelle Wismann, est trèscompliqué. Ça peut mener à des différences, des difficultés liées aux différences ou bien similitudes de lexique, de collocations, de connotations, de syntaxe. Wismann, qui a écrit ce livre Penser entre les langues, nous parle de lui-même en disant qu'il vit dans un espace intermédiaire, un entre-deux entre la langue allemande et la langue française, avec en plus une troisième langue le grec ancien. Ça donne une richesse mais aussi une difficulté. Il parle, par exemple, de différences de structure syntaxique entre l'allemand et le français. On dit que les Français se coupent la parole beaucoup, et les Allemands, ça les agace. Et contrairement, quand les Français écoutent les Allemands, ils disent que c'est très lent, etc. Il explique ça par la différence de langue, qu'en allemand, on doit attendre la fin de la phrase pour avoir le verbe, ce qui empêche de couper la parole. Apprendre ce qu'Agar appelle une Languaculture pour montrer le lien inextricable entre la langue et la culture, comme vous avez vu et comme vous avez expérimenté vous-mêmes, c'est très compliqué. Négocier et renégocier l'identité et les identités, comme a évoqué Cathy tout à l'heure, c'est aussi compliqué mais ça peut être libérateur. On va revenir là -dessus. Ça nous emmène à remettre en question ce que Bourdieu appelle ce qui va de soi, ce qui est normal, aiment dire les Français. On va essayer de voir par les yeux des autres, ou se mettre dans les chaussures des autres. On dit walk a mile in her shoes, si on peut. Pas toujours très facile. C'est, comme on a dit, très compliqué. On ne met pas seulement les étiquettes sur le fromage, [ÉTRANGER], mais les choses familières de l'univers. Ce n'est pas seulement une question de les étiqueter mais il faut les repenser, revoir, revivre. On va faire des choix sémiotiques. Même à un niveau très bas, quand on apprend une langue étrangère, on peut quand même choisir les paroles qu'on va utiliser. On continue avec le rôle de médiation sémiotique du langage. Nous devons nous adapter pour nous approprier nous-mêmes les mots qui ne nous appartiennent pas. Ce n'est pas nous qui avons inventé la langue. Bakhtin nous le rappelle. Je le lis en anglais. Vous pouvez lire en français aussi sa traduction ou en russe. Bakhtin dit : [ÉTRANGER] donc entre-deux encore une fois, [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] Je ne sais pas si vous avez fait l'expérience, mais quand on apprend une langue étrangère, on s'entend des fois utiliser des expressions qu'on a entendu ailleurs, qu'on répète un peu comme un perroquet. Quand c'est sa langue maternelle, c'est automatique, on ne se rappelle même pas. Nous allons passer maintenant à l'idée de l'entre-deux des récits frontaliers. Comme je vous ai dit au début, les récits qui ont été écrits par des poètes, des romanciers et aussi des personnes qui travaillent comme nous dans le monde académique. D'abord, l'entre-culturel, comme je l'ai dit au début, est-ce que c'est une utopie? Pour certains, oui ; pour certains non. Nous allons avoir des exemples là -dessus. [SON] Ça peut être une utopie, ou ça peut être quelque chose de plus négatif. Vous regardez la photo, est-ce que ça vous rappelle un proverbe? Je vais donner la réponse : entre le marteau et l'enclume. Proverbe en français. On peut aussi avoir un autre proverbe qui vient d'une autre langue. Je vous laisse réfléchir 30 secondes. [SON] [AUDIO_VIDE] [ÉTRANGER] en anglais. Troisième exemple. [SON] [AUDIO_VIDE] Voilà , ça, c'est espagnol. Même sur une notion comme ça, on a des différences de perception, de représentations, la même chose. Ça peut être très, très douloureux, surtout le dernier. Cette appropriation complexe d'une culture, ou d'une langue qui n'est pas forcément la sienne est loin d'être une utopie pour certains. Par exemple, Baron-Supervielle dans son livre La ligne et l'ombre, vous pouvez le retrouver dans la bibliothèque sonore, parle de difficultés. Pour elle, la langue et la culture entre sa langue maternelle, l'espagnol de l'Argentine, et la France représente un [ÉTRANGER] discordant entre soi et la langue, une espèce d'enclave, une zone désertique sans mots. Elle est très intéressante parce qu'elle a fait le voyage inverse. C'est son grand-père qui est arrivé naufragé en Argentine où il a fait fortune, et elle a fait le voyage inverse vers la France à l'âge de 27 ans où elle vit encore et où elle écrit beaucoup de romans. Et donc, elle analyse vraiment cette idée d'entre-deux. Pour Estaban aussi, ça représente un exil, un [ÉTRANGER]. [ÉTRANGER] sans terre d'Estaban, un écrivain bilingue français-espagnol. Pour Alexakis, vous connaissez peut-être, un écrivain grec décédé en janvier 2021, qui a fait l'école de journalisme à Lille dès l'âge de 17 ans, donc a vécu beaucoup en France, et qui se positionne entre la Grèce et la France comme auteur grec francophone, pour lui, c'est le vide, un pont sur un gouffre comme dans un cauchemar. Encore un exemple, Eva Hoffman, une polonaise qui est partie au Canada à l'âge de 13 ans, qui a écrit un livre qui s'appelle Lost in Translation, bien avant le film de ce nom. Elle, elle parle d'aliénation, de colère aveugle sans mots. Elle parle notamment du fait de perdre son prénom, Eva, qui devient Eve ou Eva en anglais, où elle ne se reconnaît pas. Et moi, j'ai vécu la même chose, Alison on m'appelle en France, et je m'appelle Alison. Et même des fois quand je suis en colère contre mon mari, je dis : Tu ne prononces même pas mon prénom comme il faut, Alison. Pour Kristeva, psychanalyste bulgare, elle parle carrément du silence des polyglottes, des gens qui parlent beaucoup de langues, mais ça peut devenir un silence parce qu'ils ne savent plus comment s'exprimer. Wismann, qu'on a vu tout à l 'heure, parle, lui, d'un arrachement à une communauté constituée ou à un univers linguistique parfaitement délimité. On ne met pas en doute pour la personne [ÉTRANGER] c'est normal, [ÉTRANGER] c'est naturel. Quand on ne voit pas de fromage, on ne voit pas de [ÉTRANGER] [ÉTRANGER], on vit dans une communauté où on ne remet pas les choses en questions comme vous essayez de faire. [SON] [AUDIO_VIDE] On peut, comme on a dit, être lost in translation. Changer de langue ou de pays où les mots ne correspondent plus à la réalité qu'on a connue jusque-là . Ici, c'est l'exemple d'un membre de l'Académie française qui est franco-argentin, qui s'appelle Bianciotti. Je lis la citation. Je ne soupçonnais pas que chaque langue est une façon singulière de concevoir la réalité, que ce qu'elle nomme suscite une image qui lui appartient en propre. Si je dis oiseau, j'éprouve que les voyelles que sépare en les caressant le « s » créent une petite bête tiède, au plumage lisse et luisant qui aime son nid, comme on voit sur l'image. Si je dis, par contre, pájaro, à cause de l'accent d'intensité qui soulève la première, ou la pénultième syllabe, l'oiseau espagnol fend l'air comme une flèche. Encore un exemple d'Estaban, qu'on a vu tout à l'heure. Il parle d'être étranger à soi-même. Je demeurais pour moi un étranger par cette dualité des idiomes dont je percevais les antagonismes et qui me refusait, en toute contrée durable, espagnole ou française, un authentique enracinement. On est perdu entre les deux. Seule l'expérience assidûment vécue d'une étrangeté, dirai-je d'une altérité à sa propre langue, peut rendre compte, au plus profond de l'esprit, de la notion d'exil. C'est douloureux. Ça peut être très douloureux, mais ne vous inquiétez pas, ce n'est pas toujours négatif. Les avantages qu'on peut voir d'une double vision. Ça peut être source d'ouverture, de mise en question, de transformation identitaire qu'on a vue tout à l'heure, un refuge, une libération, et même une rédemption. Pour Kattan, écrivain irakien immigré au Québec à l'âge de 26 ans et directeur du service des lettres et de l'édition du Conseil des Arts du Canada pendant 30 ans. Le mot double est lumière et réflexion, un nouveau chez-soi, une transformation de soi. On revient à Baron-Superveille, métamorphose, renaissance, révélation d'un langage. Kristeva un autre psychanalyste. Une libération, quitter l'enfer, rend ses rêves, seul territoire. Kristeva a en fait rejeté complètement sa langue maternelle, le bulgare. On appelle ça un geste matricide. Pour l'écrivain japonais Mizubayashi, c'est un espace vital, paysage intime. Lui, il parle du français qu'il a découvert à la radio à l'âge 18 ans, comme étant sa langue paternelle. Enfin, pour Wismann, une confrontation. La recréation d'une troisième langue, une espèce de troisième langue entre les deux, comme peut-être moi qui vous parle, anglophone, qui vous parle français, c'est peut-être, ce n'est pas vraiment le français, c'est mon français à moi. Il parle aussi d'émerveillement, contrairement exactement de Lost in translation, donc on peut être Find in translation aussi. D'autres idées d'ouverture, mise en question, transformation. Des nouveaux espaces de liberté qui s'ouvrent, agrément, fascination, cure de jouvence. Donc, on revient à Alexakis, donc le grec francophone qui a découvert ça à travers de l'apprentissage d'une autre langue, le sango, une langue africaine parlée à Bangui, en Afrique centrale, et donc vraiment une cure de jouvence pour lui. Pour Nancy Houston, canadienne, la langue allemande, la langue de sa belle-mère représente une bouée de sauvetage. Hoffman encore, recreation of identity, triangulation [ÉTRANGER]. On se réinvente, on se réinvente une identité ou des identités. Ce qui est expliqué par Pavlenko et Lantolf, des chercheurs [INAUDIBLE] culturel, une espèce de reconstruction de soi, une reconstruction discursive, c'est à dire en parlant, en écrivant, on se reconstruit, on se reconstruit une identité. Cette notion, on la retrouve dans l'interview de Tatsiana que vous allez retrouver dans des ressources Récit de vie. Le discours à double voix peut impliquer à la fois une reconnaissance de l'étranger en soi, donc je peux être étrangère à moi-même et un regard externe sur soi par l'autre comme le rappellent Kramsch et Hoene. C'est un process dialogique. Kristeva appelle ça le sujet en procès, où le sujet est constamment transformé par l'étranger en soi, donc vous voyez, ça peut être libérateur aussi. Donc, étranger à soi-même n'est pas toujours négatif. Vivre avec l'autre, avec l'étranger nous confronte à la possibilité ou non d'être un autre. Il ne s'agit pas simplement d'un point de vue humaniste de notre aptitude à accepter l'autre, mais d'être à sa place comme on a vu tout à l'heure aussi, se mettre à la place de l'autre, in other people's shoes, ce qui revient à se penser et se faire autre à soi-même. Cette ouverture peut être une première opportunité positive pour encourager l'apprentissage interculturel. Cette mise en question, donc, on se met en question, Wismann encore. Pour moi, j'étais toujours entre. C'est une position assez séduisante, car on a l'impression d'être comme doublement confirmé. Si l'on est dans un seul horizon culturel, linguistique sur lequel on prend appui, la relation qu'on entretient avec les autres mondes, dont on perçoit parfois l'intérêt, la richesse, l'attrait, est évidemment d'une nature très différente. C'est simplement une altérité qui est confrontée à quelque chose, qui est le soi ou le même, en même temps. Donc, cette mise en question encore une fois, tandis qu'à partir du moment où on s'installe entre, on a affaire à deux altérités puisque l'origine devient autre elle aussi, donc deux altérités. On pose un tout autre regard sur ce qui est finalement d'abord perçu comme une identité qui va de soi. Un de mes étudiants, en partant, un étudiant français, en partant en Australie, a vécu ça aussi comme une renaissance. Il a dit que c'est comme s'il avait été enfermé dans une maison et tout d'un coup, tout s'ouvre. Donc déjà on peut mettre en question quand on s'intéresse à d'autres cultures, mais quand on est entre deux, c'est encore plus riche. Donc pour finir, la citation de Wismann, parce qu'à partir du moment où on s'installe entre, on a affaire à deux altérités puisque l'origine devient autre elle aussi. On porte un tout autre regard, ce qui est finalement d'abord perçu comme une identité qui va de soi. Donc on revient aussi l'idée de bon Dieu de ce qui va de soi, ce qui est évident. [SON] [AUDIO_VIDE] Cette réflexivité donc qui est donnée relativement facilement aux gens qui sont entre deux, mais on peut aussi l'avoir en apprenant et développer une double vision, d'être dedans et dehors. C'est donc un espace propice à l'apprentissage linguistique et interculturel. Zarate appelle ça des points de rupture, donc un décalage entre les signifiants et signifiés en langue étrangère, comme on a dit tout à l'heure entre le pain et le pan, pourtant des mots qui se ressemblent, mais où il y a un décalage de réalité. Lorsque la logique est différente, la culture maternelle et celle de la nouvelle culture, ce qui est normal pour moi n'est peut-être pas normal pour vous. On revient aussi à l'idée qu'évoquait Cathy de négociation, donc un espace de négociation et remise en question de soi. Et donc on revient aussi à l'idée de prise de conscience, de connotation, de collocation, de symboles et des valeurs implicites, des valeurs comme aussi indicatives pas souvent faciles à identifier. Cette idée d'apprentissage donc de réflexivité, Kramsch a appelé ça the third place. C'est un espace symbolique entre les interstices ou fissures entre deux ou plusieurs langues-cultures. Donc, on revient aussi à l'idée de d'entre-deux. Des ruptures sociales entre les présupposés, les attentes d'interlocuteurs d'horizons différents. Et ça peut être aussi pas seulement de cultures différentes, de pays différents, mais ça peut être de classe, de genre, d'âge, de capacité physique, etc. C'est basé aussi sur l'idée de modèle liminaire, the third space de Bhabha, ou c'est un process dialogique. Encore une fois, négociation entre les perspectives qui sont parfois irréductibles. C'est important aussi de se rappeler cette notion d'irréductible. On essaie de négocier entre des perspectives différentes, mais des fois c'est impossible et ce n'est pas grave, c'est humain. Donc, je cite Kramsch en anglais. [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] Donc, on a eu l'idée de se mettre dans les chaussures de l'autre, à la place de l'autre et là essayer de voir par les yeux de l'autre, mais il ne faut pas se perdre. Comme on l'a dit tout à l'heure, il y a des perspectives aussi qui peuvent être irréductibles. [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] Vous avez peut-être déjà remarqué vous-même en apprenant, ces éléments de culture différente, en changeant en quelque sorte son identité, ses identités, on peut vraiment changer. [ÉTRANGER] donc, on se rappelle nous tous modestement, nous on ne peut pas le faire pour vous, [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] [ÉTRANGER] c'est-à -dire qu'on a des rôles sociaux qu'on joue dans sa propre culture, la culture d'origine et d'autres cultures et on fait des choix individuels, comme on a dit aussi, même quand on parle une langue étrangère, en tant que débutant, on choisit aussi ses mots. [SON] [AUDIO_VIDE] Donc pour rappel, the third place personnel qu'on peut retrouver à travers une réflexion métalinguistique et dans un espace de dialogue entre soi-même et l'autre, l'autre en soi et entre soi et l'autre, c'est représenté par l'intérité, comme défini par Demorgon. On ne doit pas oublier non plus la singularité de chaque apprenant. Nous sommes tous différents, différentes. La liberté aussi de chaque apprenant des choix sémiotiques et lexicaux, et on se positionne comme on a dit à l'intersection de multiples rôles sociaux et des choix individuels. Pas très facile, toujours facile. Donc pour rappel, quand on apprend une langue étrangère et une culture étrangère, ça peut être difficile ou ça peut être libérateur, donc je cite Dufeu, l'apprentissage d'une langue étrangère révèle l'attitude des apprenants vis-à -vis de l'inconnu, l'étrange ou l'altérité. Ça peut être difficile, anxiogène ou perturbant. J'espère que ce n'est pas trop pour vous, mais il faut peut-être passer par là ou au contraire, et donc on va finir avec quelque chose de positif, libérateur, une porte vers une autre perception de soi, de nouvelles expériences, un masque permanent, un masque, pardon, un masque permettant d'être autre et soi-même, un miroir. Donc, ces trois premiers moments, nous avons présenté une approche conceptuelle. Une réflexion sur son propre parcours, ses identités, son altérité. L'idée de mobilité virtuelle ou physique comme source de joie, mais pas toujours évidente. Le moment 4 sera le moment où on va vous donner quelques outils pour accompagner ce voyage. Pour l'instant, je vous souhaite bon voyage, d'ailleurs. [AUDIO_VIDE]