[BRUIT] Mes trois mots, moi, c'est apprendre ; j'ai changé mon premier mot en écoutant Philippe tout à l'heure et les organisations apprenantes parce que moi, Philippe, il m'apprend énormément à travers ce qu'il dit du monde de l'entreprise. Moi, je n'ai jamais travaillé dans une entreprise ; si, quatre mois dans ma vie, c'est tout, en tant que stagiaire. Tout le reste du temps, je l'ai passé dans des milieux associatifs ou d'organisations internationales, etc., et ça me parle beaucoup, et je pense qu'aujourd'hui, il est urgent, et c'est ça aussi l'interculturel, d'apprendre les uns des autres de nos milieux différents. Pendant très longtemps, dans le monde des ONG, l'entreprise, c'était le grand Satan, et pendant très longtemps, dans le monde des entreprises, Philippe, tu me contrediras si tu penses que je dis des bêtises, mais les ONG, les associations, c'était un peu léger : c'est des poètes pas sérieux, etc. Les choses ont beaucoup évolué de ce point de vue-là et je pense que nous nous respectons les uns les autres mille fois mieux maintenant, mais que nous n'apprenons pas assez les uns des autres. Donc apprendre de nos secteurs d'activité différents et être en permanence nous-mêmes en situation d'apprenants, je crois que c'est important. Le deuxième mot, c'est le doute. Moi, le doute, comme disait Ésope, c'est la meilleure et la pire des choses : le doute, ça peut être la source de tous les complotismes et de tout ce qu'on veut, mais d'un autre côté, pour moi, c'est un élément absolument essentiel de la sensibilisation à l'interculturel, le doute : douter sur mes propres évidences, prendre le temps de creuser un petit peu avant de foncer tête baissée vers telle ou telle théorie ou posture, etc. Est-ce que nous sommes capables de douter? Pour moi, la formation à l'interculturel, c'est une formation au doute, mes évidences ne sont pas forcément celles de l'autre. Le troisième mot, que je dois à Philippe, qui m'a fait intervenir dans son Master de management interculturel de Dauphine, c'est un mot que j'ai entendu d'un étudiant brésilien, en m'excusant Philippe parce que je cite tout le temps, tout le temps cette affaire-là , ça me semble tellement profond comme idée. Je fais souvent le petit jeu avec les étudiants de leur dire : autour du mot culture, vous me donnez deux, trois mots associés au mot culture. Donc arrivent, en général : littérature, histoire, patrimoine, territoire, manière d'être, etc., et j'ai entendu cet étudiant brésilien prononcer tout à coup le mot d'humilité. Je lui ai dit : humilité? Qu'est-ce que vous voulez dire par humilité? Et il a eu cette parole extraordinaire : parce que je pense qu'il n'y a pas de mur culturel que l'humilité ne permette de franchir. Ça, j'ai trouvé ça extraordinairement pertinent dans le domaine du culturel et de l'interculturel. Si je n'ai pas l'humilité de me dire que je ne sais pas tout, que je ne sais pas tout de l'autre, l'humilité de me dire que toutes mes évidences, c'est pas forcément celles de l'autre, et si je n'ai pas l'humilité de me faire expliquer des choses, aussi par des gens qui connaissent bien ma culture et celle de l'autre, je n'arrive à rien, effectivement. Donc merci encore Luiz pour cette belle phrase pour laquelle je devrais te verser des droits d'auteur importants. [AUDIO_VIDE]