[MUSIQUE] [MUSIQUE] On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir : les deux ont besoin l'un de l'autre pour se révéler. C'est un proverbe africain qui nous apprend beaucoup de choses sur l'altérité. Cette séquence sera divisée en trois parties : apprendre avec l'altérité, travailler avec l'altérité, et vivre avec l'altérité. Sur le point apprendre avec l'altérité, il est utile de revenir à l'œuvre de deux psychologues importants pour le développement de l'enfant : Jean Piaget et Vigotsky. Ces deux psychologues ont travaillé cette question de l'apprentissage avec l'altérité, et l'altérité dans leur œuvre c'est l'environnement social. Pour Piaget, l'enfant apprend en étant égocentrique, c'est-à -dire incapable de distinguer son propre corps du corps de sa mère, de l'environnement physique autour de lui, et progressivement, l'enfant va se détacher de cette égocentrisme initial pour apprendre, c'est-à -dire pour apprendre que lui et l'environnement externe sont deux entités différentes, et donc il va apprendre avec ce mouvement de l'interne à l'externe. Vigotsky, c'est un peu différent : Vigotsky postule que l'apprentissage se fait en général de l'environnement social, et que l'enfant réussit à intérioriser l'environnement social d'une manière égocentrique. En tous cas, les deux œuvres montrent l'importance de l'altérité dans le développement. Évidemment, l'altérité en formation et en éducation est plus vaste que le développement cognitif, et je souhaite maintenant passer au deuxième point qui est : interagir ou rentrer en relation avec l'altérité. Et justement, dans le domaine scolaire ou universitaire, nous sommes des individus, des élèves, des étudiants, mais nous sommes surtout un collectif, c'est-à -dire, ce qui structure les relations d'apprentissage, c'est les relations que les élèves ont entre eux, que les élèves ont avec l'enseignant, que les élèves ont également avec le reste du personnel administratif et technique d'une école. Et donc finalement, cette relation avec l'altérité va produire un développement, va produire des compétences nouvelles, au fur et à mesure qu'on avance dans la scolarité. Troisième point : vivre avec l'altérité. C'est un défi, un défi de taille. Pourquoi? Parce que nous sommes différents, nous avons tous un passé différent, un groupe social différent, une appartenance culturelle différente, et justement, à l'école nous devons vivre avec toutes ces différences et la tâche n'est pas facile parce que ça peut provoquer des conflits, ça peut provoquer des débats, et justement, les pédagogies alternatives, les pédagogies du Sud, que nous avons traitées tout au long des modules, nous montrent que ces pédagogies-là sont très sensibles à la question du collectif, à la question du bonheur collectif, à la question des relations avec l'environnement. Et justement, c'est sur ces trois points que je souhaite conclure en disant que l'altérité est un concept central en éducation mais aussi dans les pédagogies alternatives, peut-être rappeler l'apport central de Emmanuel Levinas quand il a expliqué qu'en fait, vivre c'est vaincre l'angoisse, et pour Levinas il y a deux moyens de vaincre l'angoisse : il y a la connaissance, la quête de connaissance, et l'autre moyen, c'est la sociabilité. Et justement, pour la quête de connaissance et la sociabilité, nous avons grandement besoin de l'altérité. [MUSIQUE] [MUSIQUE]