[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'appelle Frédéric Donzé, je suis le directeur du bureau régional européen de l'agence mondiale antidopage, et responsable des relations avec les fédérations internationales. Cela fait maintenant plus de 12 ans, que je travaille au sein de l'agence mondiale antidopage. J'ai un background en sciences politiques, en relations internationales, qui m'a amené à faire du journalisme dans la presse écrite, pendant environ 12 ans. Après quoi, j'ai rejoint l'agence mondiale antidopage, comme responsable de la communication et des relations médias. J'ai rejoint le bureau principal de l'agence, à Montréal, où j'ai passé huit ans et demi, neuf ans, et puis je suis revenu en Suisse, à Lausanne, qui est ma maison, ma ville de naissance, au début 2010, donc cela fait maintenant quatre ans et demi que je suis en charge de ce petit bureau. Nous sommes un bureau régional de sept personnes, huit personnes cet été, responsable avant tout des relations avec le mouvement sportif : comité international olympique, fédérations internationales et autres. Nous faisons également un peu d'intergouvernemental, avec les institutions européennes, mais notre rôle principal est la relation avec le mouvement sportif. >> Merci. Est-ce que vous pouvez faire une présentation rapide de l'agence mondiale antidopage? >> Alors. L'agence mondiale antidopage est une organisation relativement originale. Une organisation internationale, indépendante, qui a été créée fin 1999, qui est partie d'une initiative commune du comité international olympique, qui a joué un role moteur dans la création de l'agence, et toutes les parties prenantes à la lutte contre le dopage. Les gouvernements, les laboratoires, les chercheurs et autres, tout ce beau monde s'est retrouvé en février 1999 à Lausanne, lors de la première conférence mondiale sur le dopage dans le sport, organisée par le CIO, et à cette occasion, il a été décidé qu'une organisation indépendante, chargée de superviser la lutte contre le dopage dans le monde, était un pas essentiel pour renforcer la lutte contre le dopage dans le monde. L'agence mondiale antidopage, en deux mots, est le régulateur mondial de la lutte contre le dopage, donc nous édictons les règlements de la lutte antidopage, en collaboration avec toutes les parties prenantes de la communauté antidopage, et nous supervisons le travail réalisé sur le terrain par les différents signataires du code mondial antidopage, que ce soient des fédérations sportives internationales, des organisations nationales antidopages, des organisateurs de manifestations, comme le CIO par exemple, et nous nous assurons, que ces acteurs, sur le terrain, remplissent leurs responsabilités en conformité avec le code mondial antidopage, qui est en quelque sorte l'élément essentiel de la lutte contre le dopage au niveau réglementaire. >> Cela veut dire que vos liens avec les fédérations internationales, le CIO, est-ce que vous pouvez décrire les liens essentiels, ou ce que vous faites essentiellement dans votre collaboration avec ces organisations sportives? >> L'agence mondiale antidopage a vraiment un rôle double. D'une part elle a un rôle de partenaire, et un rôle collaboratif avec tous ces signataires du code mondial antidopage. Au quotidien, nous travaillons avec les différents sports, les différents pays, les différentes institutions, pour nous assurer qu'elles fassent de leur mieux, en matière de lutte contre le dopage. Et quand on parle de lutte contre le dopage, il ne s'agit pas seulement des contraintes, des sanctions, mais il s'agit également de tout ce qui est en amont, avec notamment la prévention et l'éducation, la sensibilisation des jeunes et des sportifs en général, ainsi que leur entourage. Le deuxième rôle de l'agence mondiale antidopage, outre ce rôle d'assistanat, de support, d'expertise, c'est un rôle véritablement de supervision. Nous avons comme mandat, de superviser la conformité au code mondial antidopage par les différents signataires du code, et nous rapportons, à intervalles réguliers, à nos partenaires, sur cette conformité. Nous n'avons pas véritablement pouvoir de sanction, mais nos différents partenaires, tels que le CIO par exemple, ont un pouvoir de sanction. Le CIO par exemple, peut sanctionner d'une exclusion du programme olympique, une fédération internationale qui ne remplit pas ses responsabilités en matière d'antidopage. >> Si on prend la question de la prévention, que vous avez évoquée à l'instant, >> quelle est l'action en matière de prévention, les principales actions en matière de prévention? Et, est-ce qu'on arrive à évaluer l'efficacité de cette action sur la prévention? >> Tout d'abord, les actions en matière de prévention, il est évident aujourd'hui, que la prévention a un rôle absolument essentiel dans la lutte contre le dopage, pourquoi? Parce que, si nous parvenons à inculquer aux jeunes sportifs, ou à tout sportif, des valeurs, qui font que ce sportif refusera le dopage, c'est une partie de la lutte qui est gagnée. On n'aura pas besoin, derrière, d'utiliser un arsenal répressif. L'agence mondiale antidopage a beaucoup investi en matière de ressources humaines, en matière de développement de programme, en matière de prévention. Puisque quand on parle de prévention, c'est non seulement prévention des sportifs, et quand on parle de prévention des sportifs, il faut s'adapter aux différents publics. On parle de plus en plus, aujourd'hui, avec des outils de médias sociaux, avec des outils de e-learning notamment, mais également tout ce qui est entourage. Les coachs, les agents, tout ce qui gravite autour du sportif. Et à ce niveau-là , nous mettons en place des programmes, qui sont à disposition de différents partenaires, qui peuvent être adaptés ensuite aux différentes cultures, ou aux différents publics, aux différentes cibles des différentes organisations antidopage. Est-ce qu'on peut cibler, est-ce qu'on peut juger de l'efficacité de la prévention? C'est quelque chose qui est très difficile. C'est toujours le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein. Est-ce que, parce qu'il y a moins de dopage dans certains sports ou dans certains pays, on a mieux travaillé en matière de prévention? Ou est-ce qu'on a été moins efficace en matière de détection par exemple? On a quelques éléments qui ressortent, notamment de la recherche en sciences sociales, on travaille de plus en plus sur du financement de projets en sciences sociales pour mieux comprendre les réalités de la lutte antidopage, ce qui se cache derrière les motivations pour un sportif à se doper, et on travaille aussi, de plus en plus, sur différentes actions qui puissent être prises sur la base des recherches en sciences sociales. L'autre élément qui nous permet de juger l'efficacité de la prévention, c'est simplement ce qui nous vient du terrain. Les témoignages de sportifs, qui nous disent écoutez, il y a quelques années, on n'était au courant d'absolument rien, par rapport à nos rôles, à nos responsabilités, et à nos droits dans la lutte contre le dopage, aujourd'hui nous sommes mieux informés, nous sommes en mesure de prendre des décisions informées. >> Donc on voit ces liens avec la recherche, en sciences sociales, ou la recherche générale. Et concrètement, vous avez des programmes de soutien à la recherche ; comment ça se passe, vos liens avec la recherche? >> On a deux programmes de recherche principaux. On a un programme de recherche en sciences sociales, et on a un programme de recherche scientifique, qui vise davantage à mieux pouvoir détecter les substances et les méthodes dopantes. Le programme de recherche en sciences sociales, est né après celui en recherche scientifique. Le programme de recherche en sciences sociales est né environ en 2005, et par ce programme, nous finançons des projets de recherche de différents chercheurs dans le monde entier qui font acte de candidature, pour obtenir des bourses de recherche en sciences sociales, qui leur permettent de cibler un certain nombre de questions, sur les déterminants du dopage, chez les sportifs notamment. En matière de recherche scientifique, nous travaillons de façon beaucoup plus intense depuis de nombreuses années, et le programme de recherche scientifique de l'AMA pendant de nombreuses années, a pris environ un quart du budget général de l'agence mondiale antidopage, et ce programme, vise à pouvoir détecter de nouvelles substances, à pouvoir améliorer les méthodes de détection actuelles, et cela, nous travaillons dans ce domaine-là avec les laboratoires accrédités par l'agence mondiale antidopage, et avec tout groupe de chercheurs qui est intéressé par ce domaine. >> Et sur les aspects répression, plus classiques, de la lutte contre le dopage, >> quelle est l'action, quel est le rôle de l'agence mondiale antidopage? >> Alors nous, nous avons un rôle qui est un rôle régulateur. Nous n'avons pas un rôle de répression, directement sur le terrain. Si un sportif, disons un sport comme le cyclisme, est testé positif par l'union cycliste internationale, l'union cycliste internationale sera chargée d'appliquer la répression, d'appliquer une sanction en conformité avec les règles du code mondial antidopage. Nous, notre rôle à l'agence mondiale antidopage, c'est quelque part, d'être les gardiens du code mondial antidopage. Donc le code mondial antidopage, cet élément clé du dispositif antidopage, est régulièrement révisé, environ tous les trois, ou quatre ans par le passé. Aujourd'hui, depuis le premier janvier 2015, au niveau répressif, on est passés, de par un consensus assez général dans la communauté antidopage, d'une sanction standard, grosso modo de deux ans, pour une première violation des règles antidopage sérieuse, à une sanction à une suspension de quatre ans. Donc, l'arsenal répressif, à ce niveau-là , s'est alourdi, tout en étant plus flexible, dans les cas où un sportif peut avoir violé les règles antidopage de manière négligeante, notamment. Mais à ce niveau-là , c'est vraiment une dynamique qui existe. Les règles ne sont pas figées, les règles doivent suivre, aussi, les réalités de la lutte contre le dopage, c'était intéressant de voir, que la révision du code mondial antidopage, qui est entrée en vigueur le premier janvier de cette année, a pris environ deux ans. Plus de 4 000 soumissions, de différentes parties prenantes, et des changements qui sont assez conséquents. >> Donc parmi les progrès, des adaptations à la réalité >> du dopage, avec certes davantage de répression ; est-ce qu'il y a d'autres éléments, qui retiennent votre attention sur les principaux progrès? Qu'est-ce qu'on pourrait dire, sur ces principaux progrès? >> Alors je pense que, en maintenant 15 ans environ d'existence, l'agence mondiale antidopage a contribué à un changement massif dans le monde du sport. A différents niveaux. D'une part, je pense qu'il y a une sensibilité aujourd'hui, aux problématiques de la lutte contre le dopage, qui est beaucoup plus importante qu'auparavant. Sensibilité des sportifs, mais également, de leur entourage, des gouvernements, qui voient le dopage, souvent, comme un véritable problème de santé publique ; et aujourd'hui, on a véritablement des informations à disposition de tout le monde, par rapport aux différents droits et responsabilités en matière de lutte contre le dopage. On a assisté, au cours des 15 dernières années, à une amélioration massive des procédures antidopage, à tous les niveaux. Au niveau de la détection des substances et méthodes interdites, au niveau des sanctions et du professionnalisme du processus de gestion des résultats. Au niveau de la prévention et de la sensibilisation. Et aujourd'hui, on a véritablement des bases solides pour la lutte contre le dopage. Il reste beaucoup à faire, et on pourra en parler tout à l'heure. Au niveau des autres grands progrès significatifs, on pourra également en parler si vous le désirez, on assiste de plus en plus à une évolution de la lutte contre le dopage je dirais en dehors de ses partenariats et de ses environnements classiques. On a de plus en plus, aujourd'hui, de partenariats entre la communauté antidopage et l'industrie pharmaceutique, par exemple l'industrie biotechnologique. On a de plus en plus de partenariats entre la lutte contre le dopage, la communauté antidopage, et la communauté chargée de l'application de la loi. Les forces de police, Interpol notamment. On a de plus en plus de partenariats avec le monde universitaire, pour la recherche, et je crois qu'aujourd'hui, quand on parle de lutte contre le dopage, si la lutte contre le dopage veut évoluer, elle doit sortir de son carcan traditionnel, qui va toujours exister, mais en se dotant d'outils complémentaires pour être toujours plus efficace. Il ne faut pas oublier qu'au bout du compte, on est là , véritablement, pour le sportif, pour protéger le droit du sportif, de concourir dans un environnement sain et sans dopage. >> Vous voyez le progrès. Est-ce qu'il y a des lieux de résistances, des sports plus résistants que d'autres, des pays, des gouvernements moins collaborateurs, que d'autres? >> On assiste, on a véritablement, alors ça, c'est dans toutes situations >> la même chose. On a évidemment, des élèves si je puis parler des organisations sportives et des pays, qui sont plus ardus ou plus efficaces que d'autres. Aujourd'hui, je crois que d'une façon générale, il y a une véritable prise de conscience et un véritable engagement dans la lutte contre le dopage dans le sport. Il y a des difficultés, évidemment, qui ressortent dans un certain nombre de situations. L'une d'entre elles, de ces situations, c'est bien évidemment que la lutte contre le dopage n'est pas la priorité, dans un certain nombre de régions du monde, qui ont bien d'autres soucis, au niveau social, au niveau politique et économique. Donc là , évidemment, on a un travail de soutien à amener. D'autre part, il y a évidemment des pays, de par leur culture, par exemple, une culture qui date des années 80, à l'époque où on voyait encore la guerre froide dans le monde du sport, ou alors pour des questions simplement de sports qui sont à plus grand risque que d'autres, au niveau simplement physiologique, on arrive simplement à une situation, où on n'a pas, aujourd'hui, un terrain qui est absolument équitable pour le sportif, dans le monde entier. Le but dans les prochaines années, c'est évidemment d'arriver toujours vers une égalisation croissante du terrain, pour faire en sorte qu'un sportif, dans un sport X en Suisse, puisse se dire qu'il est traité de la même manière qu'un autre sportif, dans un sport Y, à l'autre bout du monde. >> Sur ces progrès et ces résistance, parmi les résistants, certains pensent que les effets sur la santé, ne sont pas si importants. Qu'est-ce qu'on pourrait dire, sur ces effets sur la santé? Est-ce qu'il y a des enjeux majeurs autour des questions de santé, par rapport au dopage? >> Oui, absolument. La santé, comme je le disais auparavant, est un élément essentiel de la lutte contre le dopage, parce que on est là , également, et c'est le code ,mondial antidopage qui le dit, on est là également pour protéger la santé des sportifs. Aujourd'hui, si vous regardez les trois critères qui entrent en ligne de compte dans l'établissement d'une interdiction d'une substance, sur la liste des interdictions qui est gérée par l'agence mondiale antidopage, il faut une qu'une substance ou une méthode, remplisse deux des trois critères suivants. Il faut qu'elle ait ait le potentiel d'améliorer la performance sportive, il faut qu'elle ait le potentiel d'être nocive pour la santé du sportif, et il faut qu'elle ait la potentialité de violer ce qu'on appelle de façon très générale l'esprit du sport. Donc aujourd'hui, la santé est une véritable priorité dans la lutte contre le dopage. Les gouvernements, beaucoup de gouvernements, s'engagent aussi dans la lutte contre le dopage, pour des questions de santé publique. Aujourd'hui on parle des champions, mais évidemment que les champions créent une émulation au niveau des plus jeunes notamment. Ce sont des exemples pour certains. ET si un sportif se dope, évidemment que les plus jeunes qui voudront répéter une carrière, vont peut-être être également tentés de se doper eux-mêmes. Donc l'élément santé, c'est un élément qui est central dans la lutte contre le dopage, et qui va continuer de l'être. >> Un autre enjeu que l'on voit, c'est la question de la définition du dopage. Et on a certaines critiques, qui disent mais, aujourd'hui, la définition du dopage est trop complexe. Et on a des produits, je prends l'exemple du cannabis, qui sont sur la liste, qui probablement, mériteraient de ne pas y figurer, en tous cas parce que cela correspond plus à une drogue sociale qu'à un produit pour améliorer les performances. Qu'est-ce qu'on peut dire à ce type de critique? >> Ce qu'on peut dire, c'est que c'est un débat qui est très sain, qui a lieu d'être, qui est légitime, et qui doit continuer de se faire. Aujourd'hui, effectivement, si l'on regarde la définition juridique de la lutte contre le dopage, et de ce qu'est le dopage, selon le code mondial antidopage, le dopage, c'est la survenance d'une violation des règles antidopage. Donc finalement, on ne va pas très loin, par rapport à la définition même du dopage. Au niveau de la définition des substances, et de la détermination de l'interdiction ou on d'une substance, cela se fait par un processus de consultation, qui a lieu toute l'année, qui implique des experts du monde entier, qui implique des chercheurs et autres, qui se réunissent, qui donnent leur avis, et au bout du compte, on arrive à une situation, qui se veut un consensus au niveau de l'interdiction ou non d'une substance. Aujourd'hui vous trouvez des gens qui, effectivement, diront que le cannabis n'améliore pas la performance. Vous trouverez dans la même salle, des gens qui disent exactement le contraire. Donc ce débat, il doit continuer, il est très sain, et c'est aussi sur cette base-là que la lutte contre le dopage pourra continuer de s'améliorer, et s'adapter, non seulement aux réalités du sport, mais aux réalités de la société, également. >> Un autre enjeu que l'on identifie, c'est les questions de géopolitique du sport. On voit que l'antidopage est peut-être mieux adapté ou mieux formaté, pour les organisations sportives traditionnelles, et on voit qu'un certain nombre d'organisations nouvelles émergent, avec des beach games, des x games, du free fight, etc, où on a aussi des gens qui font des activités physiques, activités sportives parfois, d'autres fois c'est différent, et est-ce qu'on a prise sur ces l'émergence de ces nouvelles pratiques et la question de l'antidopage? >> C'est assez intéressant, parce que nous sommes régulièrement contactés par des organisateurs, ou des autorités, régissant ces nouvelles pratiques, qui nous demandent comment pouvoir faire partie de la communauté antidopage. Donc quelque part, c'est rassurant, parce que ça montre que ces nouvelles tendances, qui à nouveau, sont parfaitement légitimes, et qui sont très intéressantes d'un point de vue sportif et sociologique, ces nouvelles tendances ont conscience de l'importance aussi, de pratiquer un sport qui est un sport propre. Ça pose parfois un certain problème, au niveau des structures. Certaines mouvances sont venues nous voir, en nous disant, :on aimerait vraiment pouvoir mettre en place des réglements, mais on ne sait pas comment définir un sportif, puisqu'on n'a pas de compétition, c'est plutôt des pratiquants ; donc on les conseille, pour essayer de mettre en place un certain nombre de mesures de préservation de l'intégrité sportive, mais je crois que ce ne sont pas deux réalités qui sont inconciliables. Je pense que, le fait que certaines mouvances sont en train de se développer, certaines tendances dans le mouvement du sport, font en sorte qu'à un moment ou un autre, quand elles seront vraiment très développées, sans doute viendront-elles encore davantage vers la communauté antidopage, en disant, nous aimerions mettre en place des ponts, pour faire en sorte que l'on puisse continuer de préserver notre sport. >> Est-ce qu'il y a d'autres difficultés ou menaces, >> contre le dopage, je pense notamment aux paris sportifs, aux mafias, à toute l'économie occulte du sport, comment ça interfère sur cette question du dopage? >> Alors aujourd'hui, ce n'est pas l'agence mondiale antidopage qui le dit, mais les forces chargées de l'application de la loi au niveau international ou dans certains pays, >> qui nous disent aujourd'hui que l'intervention et l'apparition du crime organisé dans le monde du sport, est extrêmement inquiétant. Parce que c'est souvent les mêmes mafias, les mêmes mondes du crime organisé, qui, à la fois, réalisent des profits sur les paris sportifs, et ils réalisent des profits en fournissant des substances et des méthodes interdites à des sportifs. Aujourd'hui, la difficulté pour la lutte contre le dopage, c'est que dans un certain nombre de pays, certaines substances dopantes relativement importantes, ne sont pas punies de façon pénale. Donc aujourd'hui, évidemment, pour un groupe de crime organisé qui veut réaliser des profits, avec un minimum de risques, le dopage et la fourniture de substances ou de méthodes dopantes à des sportifs, qu'ils soient d'élite, ou dans les fitness, ou autres, est un élément intéressant. C'est pour cela, notamment, que nous travaillons de plus en plus avec les forces de police. On a un partenariat avec Interpol qui dure depuis des années, pour essayer d'agir en amont du dopage, pour essayer d'agir grâce au partage d'informations sur des réseaux organisés de fourniture du dopage, mais également, ensuite, sur le dopage sportif en tant que tel. >> Si on avait à identifier quelques progrès majeurs, dans les années à venir, qu'est-ce qu'il faudrait faire? >> Il reste énormément à faire. La lutte contre le dopage aujourd'hui, a réalisé des progrès incroyables en très peu de temps. Finalement, en 15 ans, la lutte contre le dopage s'est professionnalisée, s'est structurée d'une façon assez incroyable, si l'on regarde ça de façon objective, mais il reste énormément à faire. L'un des grands défis, parmi les nombreux défis à venir, mais l'un des grands défis au niveau purement sportif, je dirais, c'est d'aller vers davantage de qualité. Aujourd'hui, on a une base, dans la communauté antidopage, une base commune et harmonisée, qui est très encourageante, qui est excellente, mais aujourd'hui si l'on veut rendre toute la procédure antidopage, mais également la prévention, plus efficaces, il faut que tous les sports, tous les pays, puissent renforcer et améliorer le niveau de ce qu'ils font aujourd'hui. On peut faire des contrôles antidopage à tout moment sur un sportif, si le bon sportif n'est pas testé pour la bonne substance au bon moment, on peut jeter de l'argent par les fenêtres. Donc vraiment, le mot clé, et le code mondial antidopage 2015 va dans ce sens-là , c'est la qualité. Mais au-delà de ça, il y a beaucoup d'autres défis. Il y a des défis qui font partie de la société d'aujourd'hui. Aujourd'hui, chacun peut googler le mot stéroïdes, et se procurer des stéroïdes sur internet, sans aucun contrôle véritable, hormis dans certains pays où les contrôles aux frontières, ou les contrôles au niveau des postes et autres sont importants. Il y a un véritable défi, également, par rapport au jeu du chat et la souris. On a toujours des sportifs qui essaieront de trouver des moyens de passer entre les gouttes. Parfois conseillés par des scientifiques, on des conseillers plus ou moins recommandables ; en travaillant notamment, sur tout ce qui est des microdoses de substances. On est toujours dans cette dynamique, où on va avoir des défis, qui vont continuer d'apparaître, et on devra essayer de trouver des solutions. Je crois que la clé, c'est aujourd'hui, le dopage existe toujours. Le dopage sans doute, va exister toujours. C'est la nature humaine. On met des radars sur les routes, et il va toujours y avoir des conducteurs qui vont essayer de rouler à une vitesse supérieure à ce qui est autorisé. Le dopage ressort aussi de la nature humaine, et on va toujours avoir du dopage. Notre rôle, notre envie, et notre mission, c'est d'essayer de faire en sorte de minimiser ce dopage aux plus forts, pour faire en sorte que, un sportif propre, puisse continuer d'obtenir des résultats, qui correspondent à ses envies et à ses qualifications. >> Dernière question. Si on fait un peu de prospective, c'est difficile comme exercice, l'agence mondiale antidopage, dans dix ans, qu'est-ce que c'est? >> L'agence mondiale antidopage dans dix ans, ce sera quelque chose de relativement similaire à mon sens, à ce qui existe aujourd'hui. Mais avec, à nouveau, des partenariats, qui seront toujours recherchés dans différents autres domaines. Aujourd'hui, la lutte contre le dopage ne peut pas continuer de travailler seule. Nous en sommes rendus compte déjà il y a de très nombreuses années. C'est pour cela que nous essayons de mettre en place de nombreux partenariats avec des domaines tels que le domaine pharmaceutique, biotechnologique, universitaire, policier et autres, pour s'adapter à la réalité de ce qu'est le dopage sur le terrain. Donc je pense que l'agence mondiale antidopage dans dix ans, va être relativement similaire ua niveau de sa structure. Nous avons une structure qui est extrêmement intéressante et originale, puisque nous sommes composés et financés à parts égales par les gouvernements et pour le monde sportif, sous l'égide du comité international olympique. Donc, autour d'une même table, vous avez des ministres des sports et vous avez des présidents de fédération internationale, par exemple, qui parlent le même langage, c'est une formule qui a montré son efficacité, mais pour avancer encore, nous devrons aller toujours vers davantage de qualité, vers davantage de partenariats, et vers des solutions qui se devront d'être originales, pour s'adapter aux avancées du dopage. >> Merci beaucoup Frédéric. [MUSIQUE] [MUSIQUE]