[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bienvenus à tous dans cette nouvelle vidéo que nous avons intitulée Le courant malthusien. Cette vidéo a deux objectifs principaux. Le premier est d'être capable d'identifier le courant malthusien, et le deuxième, de savoir les spécificités du courant malthusien et l'essentiel des critiques auquel il a donné lieu. Voilà, nous allons maintenant aborder le courant malthusien d'écologie politique. Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire? >> Alors évidemment malthusien, ça renvoie à Malthus et j'imagine que nos étudiants savent qui était Malthus. En deux mots, grand chercheur britannique, même si l'expression est un peu bizarre quand on remonte dans le temps. Mais focalisé si ce n'est obsédé par la question de la population, ayant fait remarqué le fait que la population croît de manière géométrique alors que la production alimentaire, quant à elle, croît de façon arithmétique. Évidemment, si les choses continuent, et bien ce sont les famines. Mais autre chose aussi qui est très important du côté de Malthus, ce sont les pauvres qui croissent. La démographie, l'emballement démographique c'est la reproduction prolifique des pauvres. Alors on va retrouver, dans ces caractéristiques propres à Malthus, avec sa jolie métaphore sur le banquet de la nature et le fait qu'on ne peut pas effectivement y être trop nombreux. On va vraiment retrouver ça dans un courant de l'écologie politique qui va commencer, émerger, tout de suite après la Deuxième Guerre Mondiale, avec des gens comme Osborn, comme Vogt qui se connaissaient très bien tous les deux. On va retrouver ça avec la Bombe P d'Erlich et on retrouve encore ce courant aujourd'hui par exemple avec quelqu'un comme Stephen Emmott et son livre Ten Billion, Dix milliards d'individus. Alors, vraiment, la chose la plus importante c'est bien de comprendre qu'on est là, focalisés sur la question de la population. Quelqu'un comme Paul Erlich est d'ailleurs très clair, c'est le problème, voir le seul problème. Évidemment, c'est là que le bas blesse. Maintenant, de façon un petit peu plus générale, si on regarde du côté de gens comme Vogt, comme Osborn, leur souci est un souci de production alimentaire, de, comme chez Malthus, de différentiels pourrait-on dire, entre l'augmentation de la démographie d'un côté et de l'autre, la production alimentaire. Et là encore, c'est la démographie des gens du Sud, de ce qu'on appelait autrefois le Tiers Monde qui est vraiment pointée du doigt. Et là on va trouver quelque chose d'assez clair, par exemple avec un texte de Garrett Hardin. Garrett Hardin c'est l'auteur de la Tragédie des communs, mais il y a un autre texte très célèbre de lui qui a été publié en 1974. C'est survivre sur un canot, si vous voulez. Eh l'idée, eh bien, c'est que les États-Unis sont un joli petit canot de sauvetage. On y est très bien et effectivement, si on y laisse venir les pauvres du Tiers Monde, qui se reproduisent de façon prolifique, eh bien, ce canot lui-même va devenir un enfer avant d'échouer et de couler lamentablement. D'où le fait qu'il ne faut pas aider les pauvres, ça va jusque-là, il ne faut pas les aider. Passez-moi l'expression mais pratiquement, il faut les laisser crever pour sauver le canot des plus riches. Ça va jusque-là, c'est donc quand même un discours relativement dur. Maintenant, avec la bombe P de Paul Erlich, en sous-titre, sept milliards d'hommes. Je rappelle que nous sommes à plus de sept milliards d'hommes et on va souvent retrouver ça. On pourrait aussi voir ça dans les livres de Vogt et Osborn. Ils n'imaginent pas qu'on puisse aller bien au-delà du seuil de population qui était le leur à l'époque, grosso modo trois milliards. Donc chez Erlich, c'est cet aspect. Le texte commence avec un récit d'un voyage en taxi avec son épouse et son enfant dans l'Inde. Alors une Inde qui est présentée comme grouillante d'hommes, d'hommes sales, d'hommes avec leurs déchets organiques, urinant, et cetera. Il y a vraiment ce trait, disons, des choses un peu simplificatrices, mais de droites au très mauvais sens du terme que l'on retrouve dans cette littérature. Et surtout j'insiste, on met en avant, c'est le seul problème. Alors, disons les choses très claires, ça n'est pas le seul problème, évidemment que non. Et même, jusqu'à une certaine période, on peut dire que la démographie a été un facteur, au point presque de dire marginal même si on va devoir nuancer. Si on prend le XXe siècle, et on va grosso modo bloquer, même si les chiffres commencent à peine avant et puis se termine un peu avant le XXe siècle. Mais grosso modo, durant le XXe siècle, la population mondiale va tripler. Alors que par exemple les émissions de carbone, quant à elles, vont être multipliées par un facteur 17. Et ce facteur 17 n'est dû qu'à une toute petite partie de la population, à savoir, les pays les plus riches, les anciens pays industriels à l'époque parce que là on est dans le cadre du XXe siècle. Donc c'est faux. Cette obsession a été fausse, c'est une façon de voir la réalité qu'il convenait de corriger. Alors de grands noms comme Commoner ce sont opposé de façon très virulente à ce courant. La préface à l'édition française de la bombe P de Paul Erlich a été faite notamment par Grothendieck, et puis par Samuel. Leur discours est très clair, il rappelle que les dégradations de l'environnement sont avant tout, dans leur préface, qui est assez intéressant, le fait des gens les plus riches, donc finalement, de nous-mêmes et que cette accusation vis-à-vis des pauvres est quand même un discours relativement simpliste. Alors effectivement, la donne en ce début de XIXe siècle est un petit peu différente. Bien sûr, ce sont toujours les plus riches qui dégradent le plus mais il faut faire la différence entre deux aspects en terme de dégradation. Il y a un aspect qui va concerner les flux de matières et les flux d'énergie. Et là effectivement, eh bien, ces flux sont très directement corrélés au niveau de vie des individus. Plus on est riche, plus on pollue en quelque sorte, enfin, plus on détruit, parce que comme on l'a déjà vu, la pollution n'est qu'un aspect des choses. Plus on détruit. Maintenant, si l'on regarde les conséquences en terme de biodiversité. Alors n'oublions pas que souvent, si les malthusiens sont plutôt des biologistes, si on regarde les choses en terme de biodiversité, en terme d'empreinte et de surface, et cetera, et bien, effectivement, je dis pas qu'il y a ratio de un à un mais le ratio est beaucoup plus proche d'un individu à un point d'impact, si l'on veut dire. Et effectivement, aujourd'hui on imagine difficilement une population à neuf six, dix milliards, voire peut-être 12 à la fin du siècle. Ce n'est qu'un des scénarios possibles. Mais en tout cas, on l'imagine assez mal et on ne voit pas comment on va pouvoir nourrir cette population. Alors il y a une grande différence entre le diagnostic qu'on peut poser aujourd'hui et celui que posait Erlich. Par exemple, depuis 1985, on peut constater qu'on a une augmentation de la production de céréales qui est minime alors qu'on est toujours confrontés à l'élévation importante de la démographie et il y aurait d'autres raisons de s'inquiéter sur l'affaiblissement à venir de nos capacités de production alimentaire. Et pour finir sur un dernier livre, celui de Stephen Emmott, c'est son argument essentiel, c'est de montrer que l'accroissement à venir de la population, corrélé quand même à une certaine forme d'accroissement du niveau de vie, d'une part plus large désormais avec la montée en puissante des émergents de la population mondiale, font que les efforts qu'on peut faire par ailleurs sont totalement rattrapés, voire engloutis par l'augmentation de la démographie mondiale. Ce sujet reste un sujet important. On a réussi désormais à s'extraire, en quelque sorte, de la caricature et de l'obsession. C'est un des facteurs, mais on parvient aujourd'hui à mieux le nuancer. Cela dit, on ne peut pas dire, comme ça a été le cas avec un certain type de discours, il n'y a pas de problème démographique. Ça, ce serait faux. Mais il n'y a pas qu'un problème démographique et ce problème démographique peut-être lu avec une lecture relativement plus fine. >> Nous avons vu dans cette vidéo un certain nombre d'auteurs >> et vous trouverez les références dans la bibliographie, si vous voulez en savoir un peu plus sur ces auteurs. Voilà, nous arrivons au terme de cette vidéo et je vais vous présenter les points qu'il est important de se rappeler. Premièrement, le fait que le courant malthusien est focalisé sur l'explosion de la démographie humaine et parallèlement sur la production alimentaire. Le deuxième point, concernant la critique, est de dire qu'il existe une responsabilité différenciée entre les pays riches et pauvres concernant les grandes dégradations en termes de flux de matières et d'énergie. En revanche, s'agissant de l'empreinte sur la biodiversité, le déséquilibre entre riche et pauvre est quasi nul. Merci d'avoir regardé cette vidéo. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]