[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo intitulée Les caractéristiques du développement durable. À l'issue de cette vidéo, vous serez capable de : un, connaître les grands principes du développement durable. Deux, connaître les différents apports positifs et les stratégies mises en place dans le cadre du développement durable. Trois, discerner la différence entre durabilité forte versus durabilité faible. Et quatre, savoir les raisons du succès d'estime en termes de communication du développement durable. Pouvez-vous nous rappeler rapidement les grands déterminants du développement durable? >> Bien sûr. Alors, on les trouve ces grands déterminants du développement durable dans le rapport Brundtland. On a l'habitude de formuler ça sous la forme de l'harmonie entre trois piliers, un pilier économique, un pilier social, on peut y ajouter parfois le mot culturel, et puis un pilier économique. Mais le cœur du développement durable c'est l'idée de découplage, ce que propose le développement durable c'est en ce sens-là qu'il prétend répondre à l'écologie politique. Il prétend lui dire à l'écologie politique pas de problèmes, on peut résoudre les difficultés que vous pointez, sans pour autant renoncer au moteur de nos sociétés, c'est-à-dire la croissance, en procédant à ce qu'on appelle un découplage. C'est-à-dire que l'idée du développement durable c'était de découpler, donc de disjoindre d'une part la croissance du PIB qui exprime la croissance de la richesse, de la croissance des flux de matière et des flux d'énergie, et on pensait que grâce aux progrès techniques on allait pouvoir continuer à accumuler de la richesse, au moins en termes monétaire, avec un substrat matériel énergétique qui quant à lui devait diminuer. Or, c'est là l'échec du développement durable. En 40 ans, eh bien, même en un demi-siècle, si on veut remonter aussi loin, nous n'avons absolument pas réussi à découpler. Les flux de matière et les flux d'énergie n'ont cessé d'augmenter à telle enseigne que désormais, eh bien, on commence à être confronté à toute une série de tensions sur les ressources, voire dans certains cas ou à échéance plus ou moins brève d'épuisement, et puis de l'autre on a un système Terre qui est soumis à des perturbations très fortes, avec notamment le changement climatique, la biodiversité, mais on a vu tout ça avec les fameuses neuf limites ou frontières dont nous avons parlé au début de ce cours. Donc effectivement sur ce plan-là c'est un échec radical. C'est-à-dire que la situation de l'environnement global est désormais passée au rouge foncé. Si l'on se tourne du côté de l'autre objectif du développement durable, à savoir revenir à une répartition moins inégale de la richesse sur Terre, eh bien, le diagnostic est rigoureusement analogue. C'est-à-dire qu'en fait non seulement on n'a pas réussi à réduire les inégalités, même si reconnaissons-le, les pays, les grands pays émergents ont extrait de l'extrême pauvreté des centaines de millions de personnes, pensons notamment à la Chine, à l'Inde, au Brésil, eh bien, n'empêche que sur un plan plus général, la monté des inégalités, surtout d'ailleurs entre individus, mais même aussi entre régions du monde, est quelque chose d'assez extraordinaire aujourd'hui. Parce que on a un niveau d'inégalité, par exemple si on prend la société américaine, qui nous ramène aux années 20 du siècle dernier. Donc par rapport aux deux objectifs qui étaient ceux du développement durable, c'est vraiment un échec tout à fait cuisant. Alors maintenant, au-delà de cet échec, le développement durable ce n'était pas simplement le, comment dire, la stratégie du découplage. Cette stratégie du découplage elle était censée s'appuyer sur des stratégies de dématérialisation. Alors à la base on a évidemment la production propre qui s'est traduite essentiellement dans les règlements, on a l'écologie industrielle, le fait de mutualiser certaines activités, de faire que les déchets des uns deviennent les ressources des autres, mais sur un même site, avec des entreprises proches les unes des autres. On a l'économie circulaire, c'est l'idée de réduire les flux de matière et d'énergie, mais aussi de réutiliser, de refabriquer et in fine de recycler. Donc ça, on a mis un certain nombre d'instruments en place, on a vu se développer aussi l'économie de fonctionalité, c'est-à-dire le fait de substituer à la vente d'un bien, à la vente de l'usage de ce bien. Toutes ces stratégies de dématérialisation, on va le voir, elles sont intéressantes en elles-mêmes, mais elles sont toutes réabsorbées par l'effet rebond et on va y revenir. Mais en tout cas, c'est une chose intéressante, on a beaucoup développé avec le développement durable, l'approche participative des problèmes d'environnement. Et tout ça s'est en fait exprimé avec la Convention d'Aarhus qui avait été signée en 1988 et ratifiée dans les années suivantes par un grand nombre de pays. Donc stratégies de dématérialisation, mise en avant du débat public, alors de l'information et de la participation du public pour faire face aux grands problèmes environnementaux. On pourrait rajouter à tous ces apports positifs le principe de précaution. Donc on voit bien que le développement durable à charrié des progrès, a charrié des instruments, a charrié un esprit qui est relativement intéressant. Alors très probablement, une des raisons du succès du développement durable c'est son caractère assez élastique sur le plan sémantique et on peut le comprendre. Si on voulait imposer une notion, si on voulait qu'elle permette de faire un consensus, il ne fallait pas trop la préciser. Et c'est bel et bien ce qui s'est produit avec le développement durable. Alors, d'un côté, effectivement, on a bien dans le rapport Bundtland l'idée assainée à de nombreuses reprises selon laquelle le développement durable est une autre manière de promouvoir la croissance, et puis en même temps, très vite, on s'est aperçu que cette chose-là ne tenait pas. Et derrière cette espèce de paravent consensuel, on a procédé à une clarification conceptuelle, nous en avons déjà parlé au début de ce cours avec le concept de, les concepts de durabilité faible d'un côté, durabilité forte de l'autre. Je rappelle très rapidement. Durabilité faible c'est l'idée de l'économie classique, à savoir que l'on peut substituer à la part de la nature qu'on détruit des techniques, grosso modo. Et puis la durabilité forte, ou très forte, qui prend acte de l'impossibilité de cette substitution et qui donc engage à préserver les grands équilibres de la biosphère, à réduire l'exploitation des ressources non renouvelables, etc. Donc en fait, très vite, l'opposition dont on est parti se réinstalle derrière le développement durable. >> Voilà. Nous arrivons au terme de cette vidéo et je vais vous présenter maintenant les points de conclusion. Dans cette vidéo, nous avons montré que le développement durable souhaite harmoniser les trois grands piliers suivants : le pilier social, le pilier économique et le pilier environnemental. Pour ce faire, le développement durable se donne pour objectif le découplage de la croissance du PIB, en d'autres termes, de la richesse par rapport aux flux de matière et d'énergie. Ainsi, le but du développement durable n'a jamais été de stopper la croissance, mais bien au contraire de l'accompagner tout en réduisant les dégâts. Malgré son échec, les apports positifs du développement durable sont nombreux. L'approche participative, le principe de précaution, l'écologie industrielle et les stratégies sur lesquelles devait déboucher le développement durable sont des outils très intéressants. Le développement durable avait plusieurs stratégies, notamment des stratégies de dématérialisation et d'énergies propres, et aussi des stratégies telles que l'économie circulaire qui réduit les flux de matière et d'énergie et tente de boucler le système économique, et l'économie de fonctionalité qui a pour but de substituer à la vente d'un bien la vente d'usage de ce bien. Il est toutefois important de connaître la distinction entre la durabilité faible, pronée par le développement durable, et la durabilité forte. La durabilité faible d'un côté ne remet pas en question la croissance et a pour présupposé la substituabilité de la nature par les techniques. Et de l'autre côté, la durabilité forte rejette ces substitutions et a pour but de de préserver les grands équilibres fondamentaux du système Terre et de réduire l'exploitation des ressources non-renouvelables. Le succès d'estime du développement durable, en termes de communication, tient au fait que sa définition très vague et élastique permet un consensus qui n'aurait pas été atteignable sinon, mais aussi au fait qu'il fut présenté comme une autre manière de promouvoir la croissance. Je vous remercie d'avoir suivi cette vidéo. [MUSIQUE] [MUSIQUE]