[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour à tous, et bienvenue dans cette vidéo intitulée Le courant apocalyptique. Cette vidéo a deux objectifs : le premier est d'être capable d'identifier le courant apocalyptique, et le second, de savoir les spécificités du courant apocalyptique, ainsi que de savoir reconnaître quelques-unes de ses figures principales. >> Alors, courant apocalyptique, c'est une des désignations possibles. On pourrait aussi parler de courant survivaliste, on pourrait aussi parler de courant de l'effondrement, du collapse. Il y a pas mal de noms, et c'est pas un hasard qu'il y ait pas mal de noms parce que, d'une certaine manière, l'apocalypse hante un peu toute la pensée écologique. Elle est toujours quelque part tapie l'ombre et toujours prête à ressortir. Dans le courant qu'on vient juste d'envisager avant, le courant autoritaire, avec Hans Jonas, il est clair que l'apocalypse était là, suspendue, et que le moteur de ce courant, c'était précisément de l'empêcher. Maintenant, certains disent, évidemment il faut aussi empêcher, cela dit, il faut revenir un peu plus tôt et remonter un petit peu dans le temps et revenir à la grande figure de Günther Anders. Là, le problème est celui de la bombe nucléaire. On est après Hiroshima, Nagasaki, et effectivement, la grande position de Anders c'est de dire que, désormais, la fin de l'aventure humaine est présente, elle est devenue substantielle, elle va structurer toute notre pensée, mais avec Anders, on est sur la bombe nucléaire. Et précisément, ce dont on va se rendre compte, et un des premiers c'est Hans Jonas qu'on a vu avant, c'est que non, en fait, c'est l'accumulation de nos consommations qui, de façon beaucoup plus insidieuse, et cette fois-ci ce ne serait pas la décision de quelques individus, de quelques pouvoirs, mais cette fois-ci c'est l'ensemble des foules, des démocraties occidentales, qui, elles, par leurs consommations, par ailleurs tout à fait anodines, engendrent cette menace d'apocalypse. Et c'est là qu'on passe vraiment au courant apocalyptique si l'on veut. Et on ne cesse, en quelque sorte, de le relancer, cet apocalyptisme. On a, très tôt, dans les années 70, avec la publication du Club de Rome, on a vraiment l'impression, si on regarde les courbes, que l'apocalypse est, en quelque sorte, sur les rails, si on regarde le scénario standard run du rapport au Club de Rome, eh bien effectivement, l'ensemble des cinq courbes retenues alors s'inversent entre 2020 et 2040. Ça, ça va faire naître ce qu'on a appelé le survivalisme, et ce courant-là sera notamment assez puissant aux États-Unis dès les années 70. J'ai parlé tout à l'heure de William Ophuls, ben William Ophuls, d'une certaine manière, est aussi très influencé par ça. Et je dirais que, vraiment, de façon beaucoup plus récente, qui a vraiment relancé le courant apocalyptique, c'est l'incapacité où nous nous trouvons à faire face au changement climatique, c'est le fait que nos émissions ne cessent d'augmenter et que les gaz à effet de serre ne cessent de s'accumuler dans l'atmosphère, et là c'est ce qui a renourri, en quelque sorte, cette espèce d'épée de Damoclès apocalyptique. On l'a nourrie avec d'autres considérations aujourd'hui. On peut la nourrir avec ce qu'on appelle le basculement des écosystèmes, c'est-à-dire effectivement, dans l'histoire passée de la Terre, chaque fois, pour des raisons naturelles d'ailleurs, alors, la moitié, grosso modo, des écosystèmes a changé, l'autre moitié ne reste pas intacte et c'est l'ensemble des écosystèmes qui bascule, et on craint aujourd'hui, du fait de l'artificialisation des écosystèmes terrestres, qu'un tel basculement se produise. On peut craindre aussi la fin de l'exploitation possible des minéraux, etc., les difficultés à se nourrir. Les raisons d'imaginer un devenir apocalyptique, malheureusement sont relativement nombreuses. Alors, on a un penseur dans la suite de Hans Jonas, revendiquant sa filiation avec Hans Jonas, qui est Jean-Pierre Dupuy, qui a, justement, pensé ce qu'il appelle le catastrophisme éclairé. Et l'idée du catastrophisme éclairé, est l'idée dans laquelle on se trouve de ne pas arriver précisément à penser l'apocalypse, à ne pas arriver à penser le futur, et à se contraindre à penser comme quasi certaine, quasi, une issue fatale pour se donner l'énergie, pour se mettre en posture métaphysique, eh bien précisément de faire comme si la catastrophe était quasi inévitable pour se donner tous les moyens de l'éviter. Et puis, plus récemment, on a tout un courant en France, du côté de gens comme [INCOMPRÉHENSIBLE], comme [INCOMPRÉHENSIBLE], où l'on va, la aussi, je dirais, pratiquement, même si ça peut sembler paradoxal, penser de façon positive une issue apocalyptique possible. Et quelqu'un comme [INCOMPRÉHENSIBLE] se fonde sur l'expérience des villes en transition où, effectivement, on commence à mettre sur table les épées de Damoclès qui sont suspendues au-dessus de nos têtes et en montrant comment, en dépit de cet avenir tout sauf radieux, une démarche démocratique peut se mettre en mouvement, et ça c'est assez intéressant. Alors, si l'on regarde aussi côté étasunien, côté anglo-saxon, on a vraiment une littérature immense là-dessus, on peut penser à un des fondateurs de la permaculture, Holmgren, qui, évidemment, n'hésite pas à envisager un devenir à des degrés divers apocalyptiques. Et puis aujourd'hui, d'une certaine manière, est devenue à la mode ce qu'on appelle la collapsologie, c'est-à-dire effectivement, les études du collapse, comment s'y confronter, comment le comprendre, comment imaginer, parce que le collapse c'est pas évidemment la disparition de l'humanité, c'est comment imaginer des reconstructions possibles, sur quelles bases etc., donc là on a vraiment affaire à un courant de l'écologie politique qui est, je dirais, en pleine ébullition, efflorescence, et qui n'a pas fini de donner tous ses fruits. >> Nous arrivons maintenant au terme de cette vidéo. Dans cette vidéo, nous avons montré que le courant apocalyptique hante le discours écologique. Ce courant, en pleine effervescence, se nourrit de l'incapacité de nos sociétés à faire face au changement climatique. Il est à la fois une réaction à l'ère atomique et à la croissance effrénée de la consommation mondiale. Merci d'avoir regardé cette vidéo. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]