[MUSIQUE] Bonjour et bienvenue dans cette vidéo! Vous l'avez compris, la biodiversité est d'une très grande variété. Mais qu'elle soit remarquable, ordinaire ou extraordinaire, elle est pour nous la nature sans laquelle notre existence sur Terre serait impossible. Dans cette vidéo, nous allons voir pourquoi la nature est utile, par les services qu'elle nous rend, quels sont les enjeux économiques liés à ces services et comment la nature peut rendre aujourd'hui de nouveaux services innovants pour l'économie. La nature a-t-elle un prix? Tout d'abord, à quoi sert la nature? On a l'habitude de dire que la nature n'a pas de prix. En effet, si l'on excepte certaines ressources naturelles spécifiques, la nature, dans son ensemble, n'a pas de prix, puisqu'elle est à disposition gratuitement. La théorie économique classique a tout simplement écarté les services rendus par la nature du calcul des coûts, en en faisant des externalités. Mais la nature n'a pas de prix dans un autre sens. Elle est, en effet, d'une valeur quasi infinie. Elle fournit des services qui a priori n'ont pas ou peu d'utilité économique. Espace de loisirs, de détente, d'épanouissement personnel et spirituel, la nature est aussi notre patrimoine commun, source de beauté et d'inspiration. En terme de valeur économique, la valeur de la nature est donc parfois directe, mais aussi aménitaire, c'est-à -dire qu'elle répond à des besoins présents et futurs non quantifiables, voire inestimables. Comme on le voit, la question du prix de la nature est un enjeu très complexe. On a longtemps cru que la nature serait un réservoir inépuisable et que les services qu'elle nous rend le seraient à l'infini. Or, comme vous l'avez compris, la biodiversité est aujourd'hui menacée d'une sixième extinction, due à l'activité humaine. Les écosystèmes naturels sont fragilisés partout sur la planète. Les ressources s'amenuisent et nous commençons à voir concrètement les effets désastreux de notre mode de vie et de nos modèles économiques sur cette nature qui nous rend tant de services. A quoi sert la nature? La nature, en effet, nous rend des services indispensables, mais qui ont pendant longtemps semblé tellement aller de soi, qu'on n'y pensait même pas. Ces services sont aujourd'hui classés en quatre grandes catégories. Première catégorie, les services d'approvisionnement ou de prélèvement, comme l'air, l'eau douce, les fibres, les matériaux, mais aussi les molécules pour l'industrie pharmaceutique. Ou encore la pollinisation des plantes par les animaux ou les insectes. Ainsi, les études réalisées estiment la valeur de la pollinisation à environ 10 % de la valeur alimentaire totale dans le monde. Deuxième catégorie, les services de régulation, comme par exemple, le rôle que jouent les mangroves, les zones humides, contre les crues ou les inondations. Troisième catégorie, les services culturels, qui répondent à des besoins récréatifs, esthétiques ou encore spirituels. Dernière catégorie, les services indirects d'appui ou d'auto-entretien, comme le recyclage des nutriments effectué, par exemple, par les organismes décomposeurs. Ils nettoient les déchets organiques pour régénérer les sols. Comment alors mesurer les enjeux économiques liés à ces services naturels? Depuis le début de ce siècle, plusieurs initiatives ont permis de mieux comprendre et de tenter d'évaluer tous ces services dits écosystémiques que nous rend la nature. A la suite du rapport Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, de l'ONU en 2005, la France et l'Union Européenne ont avancé dans la compréhension et la mesure de l'utilité de la nature. Des rapports ont été dirigés en France par Bernard Chevassus-au-Louis en 2009 et par l'économiste indien Pavan Sukhdev pour l'Union Européenne en 2010. Ils contiennent des avancées importantes. Ces études cherchent, en effet, à mesurer la valeur des services rendus par la nature, trouver les méthodes de calcul les plus appropriées afin d'aider les décideurs publics notamment à prendre les bonnes décisions. Comme vous l'aurez compris, il est sans aucun doute nécessaire aujourd'hui, face à la perte accélérée de la biodiversité, de quantifier notre capital naturel afin de lui donner sa juste valeur. Mais l'exercice s'avère difficile, étant donné tous les usages et services que procure la nature. D'ailleurs, comme nous le verrons dans une prochaine vidéo, donner un prix à la nature est un jeu dangereux. Au-delà des services que nous avons cités, la nature nous accompagne chaque jour dans l'innovation économique et industrielle. L'utilité de la nature apparaît également de plus en plus clairement aujourd'hui dans le cadre de la recherche scientifique, de l'agriculture ou de l'industrie. L'essor des biotechnologies, d'une part, et l'émergence du biomimétisme fournissent, en effet, de nouveaux services issus de la nature, qui soulèvent, dans le même temps, des enjeux inédits. La nature fournit depuis toujours de nouveaux procédés qui, à leur tour, donnent lieu à de nouveaux produits ou services, comme par exemple, la fermentation pour fabriquer le pain ou le vin. Mais depuis quelques décennies, la recherche scientifique en biologie moléculaire, par exemple, a donné un essor incroyable aux biotechnologies. Celles-ci sont définies par l'Union Européenne comme toutes les applications technologiques qui utilisent des systèmes biologiques, des organismes vivants ou leurs parties dérivées pour créer ou modifier des produits ou des procédés à des usages spécifiques. Les biotechnologies couvrent de multiples domaines aujourd'hui : de l'alimentation à la médecine, en passant par l'agriculture, la chimie ou encore les technologies marines. Elle rend de plus en plus de services en matière d'environnement, notamment pour la dépollution des eaux et des sols, l'élimination des déchets. Certains produits issus des biotechnologies sont censés contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, la désertification ou encore l'érosion des sols. C'est le cas, par exemple, des biogaz ou de façon plus controversée, les OGM, organismes génétiquement modifiés. Alors que les bienfaits des biotechnologies sont avérés dans le domaine de la restauration écologique, par exemple, ou de la chimie verte, le débat s'intensifie sur les risques d'abus et de dérives liés aux biotechnologies. Ces risquent se situent à plusieurs niveaux. D'un point de vue géopolitique, les biotechnologies donnent un pouvoir parfois démesuré à certaines grandes firmes internationales face au pays du sud et à leur population, qui voient leur diversité biologique brevetée et donc mise sous contrôle. C'est notamment le cas dans l'agriculture. Du point de vue éthique ensuite, le brevetage du vivant pose la question des limites à la manipulation par l'homme de la nature. Où s'arrête cette mise sous contrôle de la nature? La programmation à grande échelle de nano ou de micro-composés, de biomollécules, pose de nouveaux risques sanitaires et environnementaux. Enfin, concernant les OGM, alors que certains y voient une solution pour lutter contre la désertification ou les maladies, beaucoup sont ceux qui pensent que les risques à long terme sur les sols, sur les équilibres écologiques, voire sur la santé sont potentiellement si importants qu'il faut encadrer strictement la culture de ces OGM. C'est la position actuellement de l'Union Européenne. Les bienfaits des biotechnologies ne risquent-ils pas à terme de se retourner contre l'humanité? Le débat est loin d'être clos. C'est même un des enjeux majeurs pour nos sociétés. Se pose, en tout cas, la question de notre relation à la nature. Ce qu'il nécessiterait sans doute la mise en place d'une démarche éthique par rapport à la biodiversité, au niveau mondial. La nature est d'une richesse infinie. Saviez-vous que le velcro ou que certains types d'éco-habitats s'inspirent directement de procédés naturels? Dans ce cas, le fruit de la bardane et les termitières. Le biomimétisme est un terme apparu assez récemment, qui regroupe toutes les innovations humaines qui s'inspirent directement de la nature, depuis l'imitation pure, comme les recherches par rapport aux fils tissés par l'araignée, jusqu'aux écosystèmes, avec ce qu'on appelle aujourd'hui l'écologie industrielle. En effet, pourquoi notre système de production ne pourrait-il pas ressembler à un écosystème naturel qui fonctionne en boucle fermée, sans rejets et sans autant de pertes d'énergie? Le potentiel du biomimétisme est immense. Il pourrait permettre de résoudre de nombreux deséquilibres écologiques que nous avons nous-mêmes créés. La question aujourd'hui est stratégique et financière. Changer radicalement de système de production nécessite une volonté très forte, que ce soit au niveau des entreprises ou des pouvoirs publics. Nous avons donc vu, dans cette vidéo, combien la nature était utile par les services indispensables qu'elle rend. Nous avons vu, cependant, que se posait la question du coût économique de ces services. Nous avons ensuite vu que la nature pouvait être une source d'innovation incroyable, que ce soit avec les biotechnologies ou avec le biomimétisme. Mais le risque est grand d'une manipulation de la nature, qui pourrait à terme se retourner contre nous. Plus que jamais s'impose le besoin d'une vision éthique internationale qui respecte les grands équilibres indispensables entre la nature et l'humanité. Merci de votre attention. [AUDIO_VIDE]