[MUSIQUE] [MUSIQUE] L'objectif de cette séquence est de définir les expressions émotionnelles et comment elles se développent. Pour définir ce que sont les expressions émotionnelles, on peut dire que c'est l'ensemble des traits comportementaux par lesquels se révèle l'émotion, par exemple, les pleurs, les sourires, les mimiques faciales, les gestes et les postures corporelles. Elles vont permettre au bébé d'exprimer ses besoins élémentaires, d'assurer sa survie, et créer des liens d'attachement qui sont puissants avec son entourage. Ces expressions faciales semblent déjà possibles in utero chez le fœtus, les muscles faciaux sont formés et nervés avant le terme, et on peut identifier, grâce à des nouvelles technologies d'imagerie 4D, que déjà , le fœtus est capable de produire des expressions qui ressemblent à une expression de sourire ou de pleur. Les nouveau-nés sont donc capables de déjà produire des expressions faciales. Mais alors, apparemment, ce n'est pas similaire à l'apparence des expressions faciales adultes. C'est dû à la structure osseuse qui n'est pas encore totalement développée, donc leur évaluation est aussi plus difficile. Comment toutes ces expressions faciales se développent? Pour commencer, on peut voir que le dégoût est déjà présent dès la naissance. On peut identifier des moues qui sont semblables à celles du dégoût quand on présente au bébé un goût amer ou bien des odeurs désagréables. Puis, cette expression va de plus en plus se spécifier pour être une expression qui ressemble à celle de l'adulte déjà dès quatre mois. La joie, elle, peut être exprimée par les sourires et les rires. Les sourires sont les premiers à se développer. Comme on l'a vu tout à l'heure, on voit qu'ils sont déjà possibles in utero, mais dès la naissance, ce qu'on observe c'est ce qu'on appelle le sourire d'ange. C'est un sourire qui est présent lorsque le bébé est endormi ou qui apparaît en dehors d'une interaction. On peut l'identifier sur son visage. On voit qu'à partir de deux mois, ensuite, le bébé semble capable de sourire en réponse lors d'une interaction. Donc, si la personne qui interagit avec lui fait un sourire, il va lui répondre en retour. Et puis, petit à petit, le bébé va sourire à chaque interaction qui lui paraît plaisante. On va définir la période des trois mois comme la période du pic de sourires, où le bébé va vraiment sourire dès qu'il y a quelque chose qui lui plaît dans son environnement. Et ensuite, à partir de quatre mois, le bébé va surtout sourire aux personnes qui sont familières, et moins à celles qu'il connaît moins. Les rires, eux, sont observés pour la plupart la première fois vers trois mois, mais c'est pas encore des rires totalement complets et aboutis. Il faut attendre les alentours des quatre, cinq mois pour observer des rires complets, mais après une stimulation intense. Il faut que le bébé soit vraiment stimulé pour qu'il produise son rire, par exemple avec des chatouilles ou des bruits étranges. Et c'est vers sept mois qu'ils vont commencer à rire, plus par rapport à ce qu'ils voient, à ce qui est visuel dans leur environnement. La surprise, elle, qui est caractérisée par des yeux grands ouverts, écarquillés, et une bouche grande ouverte, est rarement observée chez les jeunes bébés. On l'observe en laboratoire pour les premières fois aux alentours de quatre mois, dans des situations où par exemple on va présenter un objet qui sort d'une boîte de manière soudaine, chez la moitié des bébés on va pouvoir identifier une émotion de surprise. En contexte naturel, il semblerait que l'émotion de surprise apparaît plutôt aux alentours des six mois en réaction à un événement nouveau ou inattendu. Les pleurs, quant à eux, semblent être présents dès la naissance. Ils permettent aux bébés d'exprimer leur détresse et leurs émotions négatives. Mais c'est vraiment difficile de savoir quelle émotion spécifique se cache derrière les pleurs. Est-ce que c'est de la peur, la tristesse ou la colère, c'est compliqué. Est-ce que le bébé a faim, a soif, il a envie de dormir, c'est très difficile à déterminer. Les pleurs sont donc normaux dans le développement car ils permettent au bébé d'exprimer que quelque chose ne va pas, et ainsi amener l'adulte à l'aider à assouvir ce besoin. Il semblerait que dans le premier trimestre, la quantité de pleurs soit en moyenne de 100 minutes par jour, puis diminue au fur et à mesure du second trimestre et du troisième trimestre au cours de la première année de vie. On observe donc un pic des pleurs aux alentours de six semaines, les pleurs seraient aussi plus fréquents le soir, et ils sont, comme je l'ai dit, normaux pour le développement, même s'ils sont excessifs. Pour définir que des pleurs sont excessifs, il existe un critère qui spécifie que les pleurs vont être anormaux si le bébé pleure plus de trois heures par jour, plus de trois jours par semaine, pendant plus de trois semaines. Donc il faut une quantité vraiment importante de pleurs pour qualifier ça d'anormal. Les causes des pleurs sont difficiles à déterminer. On ne sait pas très bien quelle émotion négative est derrière tout ça. Mais on peut voir qu'au cours de la première année, ces émotions négatives vont devenir de plus en plus identifiables et percevables, comme par exemple, la tristesse, qui est due à la perte d'un objet ou au sentiment de perte de quelque chose d'important, qui va être observée pour la première fois aux alentours de huit mois environ lorsque l'enfant est séparé de sa figure d'attachement. En ce qui concerne la peur, on peut distinguer deux types différents. Il y a les peurs primaires et les peurs secondaires. Les peurs primaires sont les premières à se développer. L'enfant va avoir peur de ce qui se passe dans son environnement immédiat, comme par exemple des bruits soudains. La première expression de peur qu'on peut observer dès la naissance est suite au réflexe de Moro. C'est quand l'enfant est basculé en arrière, il va avoir une réaction réflexe d'écarter les bras, les refermer et ensuite crier. On peut considérer ce premier réflexe comme une première peur de l'enfant. Ensuite, les prochaines peurs observables sont aux alentours de sept, huit mois, face à des objets nouveaux ou des personnes que l'enfant ne connaît pas. Quand l'enfant apprend aussi à marcher à quatre pattes, il va développer une nouvelle peur, c'est la peur du vide. Et ainsi de suite, les peurs primaires, qui sont pour la survie de l'enfant vont se développer. Et ensuite, les peurs secondaires, ces peurs se développent à partir de deux ans, et c'est des peurs plus liées à l'imaginaire de l'enfant. C'est ce qu'il va pouvoir imaginer qui lui fait peur, par exemple, un monstre sous son lit. Et donc l'enfant va développer comme ça plusieurs peurs différentes, et ces peurs vont augmenter entre deux et quatre ans, parce que l'enfant aura des difficultés à faire la différence entre ce qu'il imagine et la réalité. Et du coup, avec le développement cognitif, ces peurs typiques de l'enfance, comme la peur des animaux, la peur d'être laissé seul, ou des bruits forts ou de l'obscurité, vont disparaître aux alentours de six ans. Les colères, elles, sont le résultat de l'échec et de l'insatisfaction, qui vont provoquer une grande frustration chez l'enfant. On pourrait distinguer une émotion spécifique de colère aux alentours de quatre mois si par exemple on retient les bras du bébé. Les colères sont très impressionnantes chez les jeunes enfants. On peut observer un pic de colères aux alentours de deux, trois ans, lié aux faibles capacités d'autonomie de l'enfant et au fait qu'il se rend compte qu'il n'est pas capable de réaliser certaines actions qu'il aimerait pouvoir réaliser. Ces colères vont diminuer petit à petit grâce à l'acquisition et la maîtrise du langage oral et de la coordination motrice, qui lui permettront d'effectuer des actions qu'il a envie d'effectuer. Il y a trois choses intéressantes à retenir de cette séquence. Premièrement, c'est que les sourires et les pleurs sont présents dès la naissance. Deuxièmement, au cours de la première année, les expressions faciales deviennent de plus en plus spécifiques pour correspondre à chacune des émotions primaires comme la tristesse, la peur ou la colère. Troisièmement, on peut voir que l'expression faciale est indispensable à la survie du bébé et lui permet de créer des liens d'attachement qui sont très puissants. [MUSIQUE]