[MUSIQUE] [MUSIQUE] Les Suisses filent le parfait amour avec leurs smartphones. Une histoire d'amour qui commence de plus en plus tôt et qui ne va pas sans causer quelques soucis dans les familles. Isabelle Fiaux, grâce à une étude présentée hier à Berne, on a désormais une vision globale de l'utilisation des écrans par les plus jeunes dans notre pays. >> Oui. Les auteurs de l'étude MIKE pour Medien, Interaktion, Kinder, Eltern, donc vous l'aurez compris médias, interaction, enfants, parents, ont interrogé l'an dernier plus de 1 000 enfants de 6 à 13 ans et plus de 600 parents dans les trois régions linguistiques du pays. Elle a été menée par l'équipe de recherche en psychologie des médias de la Haute école zurichoise de sciences appliquées et cofinancée par la Fondation Jacobs et la plateforme nationale Jeunes et médias de l'Office fédéral des assurances sociales. Et c'est le deuxième rapport de ce genre après celui de 2015. >> Et que dit-elle cette étude, à part dire que les enfants sont friands d'écrans j'imagine? >> Ça, [TOUX] pardon, on l'imaginait bien. Eh oui! Ils sont friands, très friands même. Les chiffres d'abord, deux tiers des enfants de 10-11 ans possèdent un téléphone portable ; les quatre cinquièmes, donc quasiment tous, parmi les 12-13 ans. Et en général, ce téléphone c'est un smartphone. Ils l'utilisent pour jouer, regarder des vidéos, écouter de la musique ou échanger des messages. Le téléphone c'est le média préféré des enfants en âge d'aller à l'école primaire, devant la tablette. >> Des chiffres impressionnants. Quelles sont leurs applications favorites à ces jeunes? >> C'est YouTube, le célèbre YouTube, qui remporte la palme de l'application favorite. 79 % des enfants à partir de neuf ans visionnent la plateforme de Google au moins une fois par semaine. YouTube plébiscité devant la messagerie WhatsApp, Instagram et Snapchat qui, pour ceux qui ne le savent pas, sont donc des réseaux sociaux. >> Et que disent les parents? >> Les parents bien sûr sont partagés. Ils sont à la fois critiques et ouverts aux nouvelles technologies. Ils voient ces outils comme une importante source d'information, diversifiée et facile d'accès. Et en même temps, ils sont conscients des risques, surtout en lien avec les jeux et les réseaux sociaux. Nous aurons l'occasion d'en parler dans un instant avec notre invité. >> Donc ça y est. Nos enfants sont tous voués à devenir des geeks le nez plongé dans l'écran. >> Non, Philippe, non. Une autre conclusion importante de l'étude c'est que même à l'ère d'Internet, les enfants préfèrent jouer dehors, faire du sport ou voir des amis, et tenez-vous bien, 94 % lisent au moins de temps en temps un livre pendant leurs loisirs. Ouf, a-t-on envie de dire. [RIRE] >> Liliane Galley est avec nous. Bonjour. >> Oui. Bonjour. >> Vous êtes avec nous en duplex de notre studio de Fribourg. Vous gérez la plateforme nationale Jeunes et médias à l'Office fédéral des assurances sociales, à l'OFAS. C'est la deuxième édition de cette étude. Déjà , pourquoi l'OFAS s'intéresse-t-il à cette thématique? >> Nous avons une plateforme Jeunes et médias qui était un programme qui a existé déjà depuis 2011. C'est une thématique effectivement qui appartient aux cantons, mais comme cette thématique évolue très rapidement, les cantons étaient intéressés à ce que la confédération prenne un rôle dans ce domaine-là . >> Mais dans quel but? >> Dans le but de faire de la prévention. Notre public cible principal ce sont les parents mais aussi les professionnels qui s'occupent d'enfants, que ce soient des enseignants, des éducateurs, des moniteurs de sport. Donc l'idée est de faire de la prévention, de sensibiliser les parents, d'informer aussi sur l'évolution de l'utilisation des médias. >> Justement, Liliane Galley, depuis la première étude en 2015, est-ce que vous constatez une évolution dans l'utilisation de tous ces outils numériques chez les plus jeunes? On rappelle, c'est jusqu'à 13 ans, entre 6 et 13 ans. >> Oui. Étonnamment, de manière générale, il y a relativement peu d'évolution entre 2015 et 2017. Les seules évolutions marquantes ou représentatives concernent l'utilisation d'Internet qui est passée de 41 % à 59 %, donc à peu près 60 % des enfants de 6 à 13 ans utilisent Internet aujourd'hui, et l'utilisation des téléphones portables. Et une autre évolution qui a été constatée à la baisse c'est la lecture de journaux gratuits. >> Pour revenir au numérique, on l'a dit, deux tiers des enfants de 10-11 ans possèdent un téléphone portable. C'est vraiment très, très jeune. Il me semble qu'il n'y a pas longtemps, on disait, il ne faudrait pas avoir de smartphones avant, sauf erreur, 13 ans. Qu'est-ce que vous en dites? Est-ce que c'est une évolution inéluctable? Est-ce que c'est une bonne chose? Une mauvaise chose? >> C'est une évolution à mon avis qui est inéluctable. Ces outils sont dans le quotidien aujourd'hui non seulement des enfants mais des adultes aussi. Ces outils sont aussi de plus en plus utilisés à l'école à des fins pédagogiques, et je pense que ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Par contre, ça implique une vigilance accrue des parents mais aussi des enseignants et d'autres personnes qui accompagnent les enfants. >> On l'a vu, les écrans font partie intégrante de la vie des enfants comme les parents. Vous le dites c'est vrai. Avec leur lot de conflits dans les familles et leurs risques, l'étude montre que les jeunes consultent leur téléphone parfois durant les heures où ils devraient dormir. On rappelle, c'est des enfants très jeunes qui ont été couverts par cette étude. On sait que les écrans nuisent à l'endormissement. Évidemment, là , votre message c'est d'être vigilant? >> Oui. Il s'agit de 35 % des enfants qui ont leur propre portable qui l'utilisent parfois durant des heures qui seraient dédiées au sommeil. Donc effectivement, on a une règle qui était déjà en vigueur. On a fait dans le cadre de Jeunes et médias un dépliant pour les parents en 17 langues avec les dix règles d'or, et l'une de ces règles dit qu'il faut bannir tout écran de la chambre des enfants. Là aussi, c'est valable pour les téléphones portables. On recommande aux parents de demander aux enfants de les laisser dans un lieu commun mais de ne pas les prendre durant la nuit dans leurs chambres. >> Justement, Liliane Galley, au chapitre des conseils aux parents, disons que les parents devraient donner à leurs enfants, quels sont les autres conseils auxquels vous aboutissez? >> Le principal message qu'on a envie de donner aux parents ou qu'on donne aux parents c'est intéressez-vous à ce que font vos enfants sur leurs smartphones, sur leurs tablettes, ce qu'ils regardent à la télévision, à quels jeux vidéos ils jouent. Ça, c'est vraiment la base, c'est de s'intéresser, que les parents sachent au minimum ce que leurs enfants font, quelles sont les applications qu'ils ont sur leurs smartphones. >> Mais avec le risque d'être pris pour un flic, d'être pris pour de la surveillance. Comment on entre en interaction avec son enfant pour pas que ce ne soit pris justement comme du flicage? >> S'intéresser ça veut dire poser des questions, ça veut dire demander. Les parents le font naturellement dans d'autres domaines. Ils demandent avec qui tu vas, où est-ce que tu vas, quand ils sortent avec des amis. C'est naturel de le faire aussi par rapport à des appareils dont on sait qu'il peut y avoir des risques. Maintenant s'intéresser c'est discuter, c'est rester en dialogue., être aussi là pour entendre s'il y a un problème, être à disposition pour aussi pouvoir parler de contenus qui ont peut-être choqué les enfants ou qu'ils reçoivent d'autres copains sur leurs téléphones. >> Ça, c'est la première chose. Ensuite, il y a aussi mettre des règles, effectivement. >> Oui. C'est ce que j'allais vous demander. Vous dites c'est un premier conseil évidemment, mieux accompagner les enfants par rapport à ce qu'ils regardent. Et puis on le sait bien, les smartphones, les tablettes sont très addictifs. En général, ils n'ont pas trop envie de les lâcher. On va dire c'est du bon sens mais votre conseil aux parents c'est évidemment établir des règles, j'imagine, en terme de durée, d'horaires. Est-ce que vous pouvez nous dire très concrètement qu'est-ce qui est préconisé? >> On n'a pas de durée à préconiser aux parents. C'est vrai que ça, ça doit être discuté avec les enfants aussi. C'est une négociation. C'est quelque chose qui évolue aussi dans le temps. Les parents, on l'a constaté aussi dans cette étude, la plupart des parents mettent des règles au niveau de la durée d'utilisation des écrans. Maintenant, là où il y aurait un effort complémentaire à faire, c'est de mettre des règles par rapport au lieu d'utilisation. Comme on l'a vu, peut-être que certains écrans peuvent être utilisés dans des lieux communs mais pas forcément dans la chambre ; et aussi au niveau des contenus. Là , il n'y a encore pas suffisamment de vigilance chez les parents quant aux contenus, au respect de l'âge, notamment pour les jeux vidéos et pour les films que les enfants regardent. >> Liliane Galley, cheffe de projet pour la plateforme nationale Jeunes et médias à l'Office fédéral des assurances sociales, à l'OFAS. >> Merci beaucoup. >> Je vous en prie. >> Liliane Galley, d'être venue commenter cette étude MIKE sur l'utilisation des écrans par les enfants de 6 à 13 ans. Et tous les liens utiles vers l'étude sont sur notre page R T S point CH barre oblique On en parle. Une étude qui est uniquement en allemand, sauf erreur, Liliane Galley. >> L'étude est en allemand. Il y a un résumé et une fiche d'information en français. également. Voilà , vous trouvez tout ça sur rts.ch/onenparle. Excellent journée à vous, Liliane Galley. >> Merci. Bonne journée. Au revoir. [MUSIQUE] [MUSIQUE]