[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette séquence, nous allons aborder la théorie de l'attachement développée par John Bowlby après la Seconde Guerre mondiale. C'est une théorie très intéressante car elle va théoriser les liens affectifs que le bébé va créer avec son environnement, et elle répond vraiment à un besoin de l'époque, après la Seconde Guerre mondiale, d'essayer de mieux comprendre les effets des carences affectives observées chez des jeunes nourrissons, par exemple trouvés dans des maternités ou dans des orphelinats qui n'avaient aucun soin affectif et à qui on prodiguait seulement soit des soins alimentaires soit simplement laisser dormir. La théorie de l'attachement se fonde sur quatre apports théoriques, l'éthologie, la psychanalyse, le darwinisme et la cybernétique. Le premier apport théorique se base sur les résultats obtenus par l'éthologie. L'éthologie, on le sait, c'est l'étude scientifique du comportement animal. Et Bowlby va aller utiliser ce qu'on observe maintenant dans la littérature, c'est-à -dire tout un tas de comportements innés, précâblés qu'on observe par exemple chez les oies cendrées ou chez les canards sauvages. Les éthologues montrent qu'il existe dès la naissance des comportements précâblés qui sont là et qui sont indépendants de tout renforcement, de tout conditionnement. Et puis ces comportements innés qu'on observe chez les jeunes canetons ou chez les jeunes oies sauvages sont là et vont être vraiment très importants pour le développement du jeune caneton. Et à cette époque, il y a ce qu'on appelle un concept d'empreinte qui est observé au sein de l'éthologie, qui dit que par exemple le jeune caneton, la première chose qu'il va voir dans son environnement, par exemple sa maman ou un humain, il va s'attacher à cette personne. Et Bowlby va utiliser ce concept d'empreinte critique pour essayer de l'appliquer au développement humain et se dire que justement ce premier lien d'attachement que l'enfant va observer, va développer dans son environnement, va avoir une influence par la suite. Le second apport de l'éthologie est le concept d'isolement social. On va montrer que des animaux, si on les met dans des conditions seuls, totalement isolés, sans interaction sociale, on va observer une altération de leur développement cognitif. Ce qui fait dire à John Bowlby que si on transfère ces résultats obtenus chez les animaux au bébé humain, on va observer à la fois des comportements innés, précâblés, sans besoin de conditionnement ou de récompense, et d'autre part un besoin inné et précâblé d'établir des relations avec son environnement qui sont essentielles à son développement. L'absence d'une relation d'attachement avec son environnement va potentiellement lui poser des problèmes dans son développement cognitif. Le second apport est la psychanalyse. La psychanalyse va montrer toute l'importance qu'il y a aux expériences de la petite enfance, c'est-à -dire que ce qui va se passer pendant les premières années de la vie va avoir un potentiel d'influence très fort sur ce qui va arriver dans les prochaines années. Ce qui fait que Bowlby va utiliser ce concept-là en disant, vous voyez, toutes les relations que le bébé va développer pendant les premières années, la qualité qu'il va développer dans ces relations peut influencer la qualité que plus tard il observera avec ces autres personnes qu'il rencontrera, ses amoureux, ses amis ou ses parents. Le troisième apport est l'apport du darwinisme. Et là , il va développer une approche en disant que le bébé va développer tout un tas de comportements adaptatifs stratégiques pour développer justement ces liens d'attachement. Du coup, il va dire, attention, le bébé est immature, il dépend de son environnement, donc de ses parents parce qu'il ne peut pas vivre tout seul, donc il va développer tout un tas de stratégies, de comportements d'attachement pour essayer de trouver quelqu'un qui va s'attacher à lui. Du coup, il va observer tous ces types de comportements d'attachement essentiels pour développer une qualité d'attachement et provoquer chez l'adulte l'envie de s'occuper de lui. Enfin, le dernier apport est la cybernétique. La cybernétique est une science émergente à l'époque qui montre qu'en fait nous sommes un système global, il y a une sorte d'homéostasie. Chaque élément dépend des autres et on a un système qui s'auto-régule. Il va utiliser la notion de feedback, le fait que quand j'envoie une information dans mon environnement, cet environnement m'envoie en retour une information et je vais utiliser ces boucles de rétroaction, de feedback pour développer mon comportement d'attachement. Typiquement, le bébé dans l'environnement va essayer tout un tas de comportements, sourire, faire des petits cris, pleurer, et voir comment les personnes dans son environnement réagissent, et en fonction de leurs réactions, il va s'apercevoir que si je fais un sourire, si je fais un cri, mon papa ou ma maman arrivent, reviennent. Je crée une boucle, et du coup, je développe un système global qui fait que je vais créer ce besoin d'attachement, et ce besoin d'attachement va être fondamental pour le développement du reste de ma vie. [MUSIQUE]