Pour mieux comprendre comment une idée chemine dans le temps, un jeune entrepreneur social, Fabien Courteille, et deux participantes du tour Ticket for change, Monica et Binta, vont nous montrer que leurs idées d'entreprise sociale ne sont pas apparues d'un seul coup. Une bonne idée se développe étape par étape. Il reste souvent des choses à préciser dans le quoi, pour qui, comment. À travers notamment l'atelier sur le business model, ça nous a permis de réfléchir sur comment arriver à avoir une activité assez
pérenne. C'était des questions qu'on ne s'était pas encore posées, et donc on a réfléchi dessus. Et voilà, c'est assez incroyable parce que, en très peu de temps, en 48 heures, on a vraiment réussi à énormément avancer sur le projet, et je pense que ce n'est pas encore fini. Donc on est tous vraiment assez enthousiastes à l'idée de continuer à réfléchir sur ce problème. Du coup je suis arrivée avec déjà une idée de projet, que j'avais commencé dans mon service civique. Je vais le développer… Enfin l'éducation populaire, ça me touche vachement. J'ai rencontré plein d'autres personnes qui sont intéressées par ces sujets. Donc on a commencé à créer une petite communauté dans la communauté. Ensuite il y avait d'autres projets qui sont venus à moi, comme le projet de valoriser les savoir-faire, les anciens savoir-faire. Ça me parlait beaucoup parce que je sais qu'au Sénégal il y a beaucoup de savoir-faire qui sont en péril, qui ne sont pas partagés et qui peuvent vachement servir. Du coup on a eu l'idée de créer une plateforme où, justement, on pouvait avoir tous ces savoir-faire à la vue de tout le monde. C'était l'idée de projet d'un de mes compagnons de Ticket for change. Et on a tous trouvé, enfin on est six maintenant autour du projet, on a tous trouvé une voie, une porte d'entrée, et on s'est tous bien adaptés, le projet fuse. Moi j'avais prévu de faire un tour du monde, donc il y a peut-être moyen de, justement, commencer vraiment le concret, aller sur le terrain, rechercher les savoirs. Il y en a une autre aussi qui part aux Philippines, donc elle va rechercher les savoirs. Il y en a qui sont prêts à créer la plateforme, à préparer le business plan, etc. Donc, oui, je sens bien l'avenir en fait de ce projet. Quand je suis arrivé aux Philippines, je n'avais pas du tout ce projet, déjà d'être entrepreneur social aux Philippines, je n'avais pas prévu de faire des peluches. Je veux dire, ce n'est quand même pas quelque chose qui est sorti comme ça ou que je porte en moi depuis des années. Donc j'ai eu plusieurs idées et c'est vraiment parti du principe : Comment je peux faire en sorte d'améliorer le niveau de vie des résidents du village, et vraiment en me concentrant sur les compétences qu'ils ont. Et j'ai commencé à travailler avec les différents hommes du village qui avaient des compétences en charpenterie, menuiserie. On a commencé à faire des jouets en bois, des jouets en bambou. Et on s'est heurtés à beaucoup de difficultés en termes de déforestation, en termes de niveau de développement de l'industrie du bambou aux Philippines. C'est vraiment sous-développé. Ils considèrent le bambou comme une herbe, et c'est juste utilisé pour faire des cabanes à chèvres ou des maisons. Si tu as une maison en bambou, c'est parce que tu es pauvre. Donc il y a toute une dynamique à changer. Ça prenait beaucoup de temps, on avait beaucoup de mal en termes d'approvisionnement du bambou. Du coup on s'est décidés… je me suis décidé à en planter 3 000 pendant la saison des pluies. Sauf que ça allait prendre de trois à cinq ans avant de pouvoir couper le bambou. Donc c'est là où je me suis posé la question : Dis donc, mon entreprise sociale, elle n'a pas d'impact social. On avait fait quelques jouets en bambou, on avait quelques contrats et tout, mais ce n'était pas aussi massif et important que je le voulais, et je me suis dit : Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire pendant les trois prochaines années, pendant que le bambou pousse ? Et c'est là où je me suis concentré. Pourquoi ne pas faire un autre type de jouet et pourquoi ne pas faire des peluches, sachant qu'il y avait toutes ces femmes dans le village qui avaient des compétences en couture. Donc on a commencé à faire des peluches. Donc c'est vraiment une succession d'événements qui m'ont amené aux peluches, une succession de difficultés. Et je ne laisse pas tomber les jouets en bambou, mais j'attends que mon bambou continue à pousser.