[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je ne vais pas répéter ce qu'a expliqué Alexandre Florentin sur les trois grandes étapes de la gestion de la transition énergétique et que nos trois entreprises fils rouges ont très bien illustrées. Mesurer ses émissions de CO2 pour poser un diagnostic, élaborer des plans d'action et fixer ses objectifs, les mettre en œuvre et vérifier leurs impacts. Il faut d'abord noter que ces plans d'action ont souvent pour but de réduire les émissions de CO2 liées au processus de fabrication, mais également de réduire les émissions de CO2 réalisées lors de l'utilisation du produit ou service vendu. Par exemple, un constructeur automobile peut s'attacher à réduire les émissions de CO2 directement causées par la fabrication du véhicule qu'il commercialise, mais il peut aussi agir sur la quantité de CO2 que la voiture va émettre lors de son utilisation. Pour remettre en contexte les trois entreprises fils rouges, voici leurs émissions des Scopes 1, 2 et 3 en 2018. La région Champagne, le CIVC, 659 000 tonnes de CO2 équivalent. Essilor, 3 millions de tonnes, CO2 équivalent, et Saint-Gobain, 35 millions de tonnes, CO2 équivalent. Rappelons pour donner quelques ordres de grandeur en guise de point de repère, que le monde émet 34 milliards de tonnes par an de CO2, une major pétrolière est responsable de 450 millions de tonnes et un aciériste de 180 millions de tonnes environ. Je vais maintenant revenir sur quelques points qui me paraissent essentiels. Premièrement, nous allons nous intéresser à la notion d'intensité carbone. Elle mesure la quantité de CO2 émis par une unité produite. Chez Essilor, l'unité retenue est le verre ophtalmique. Chez Drappier, l'unité serait la bouteille de champagne. Et pour Saint-Gobain, il faudrait spécifier le ou les produits en question, choisis, puis réaliser un calcul spécifique. Améliorer ce ratio permet de décorer l'émission de carbone de la production. Cela aide donc à faire converger les impératifs climatiques et économiques, en étant toujours plus efficaces. Ce type d'indicateur relatif est utilisé en complémentarité avec d'autres indicateurs données eux en valeur absolue, tels que par exemple le nombre de tonnes de CO2 émis. Un autre enjeu majeur qui émerge dans ces différentes vidéos que nous venons de voir, c'est l'importance de la collaboration entre les acteurs, les parties prenantes, que ce soit en interne au sein de l'entreprise ou en externe sur la chaîne de valeur. Le programme Reboost d'Essilor montre bien l'intérêt d'adopter une démarche transverse en collaboration avec tous les territoires d'implantation des sites de production et toutes les fonctions de production. L'ingénierie pour une meilleure conception et des méthodes de production plus performantes, la maintenance pour optimiser l'usage des utilities, c'est-à-dire la climatisation, le chauffage, la ventilation, mais aussi l'entretien des chaînes de production et enfin, la production elle-même pour optimiser l'usage des machines par exemple. Ce travail collaboratif est indispensable pour que les 300 sites industriels d'Essilor s'améliorent à un rythme similaire. Ainsi, Emmanuel Cibla nous mentionne plusieurs facteurs clés de succès. D'abord, la nécessité d'agir en séquentiel pour gérer la rareté de la ressource, ensuite avoir des sponsors influents, le top management doit être impliqué. Ensuite, avoir des objectifs et des résultats à communiquer en interne, mais aussi en externe pour entraîner les équipes. Et enfin, avoir un cadre commun de reporting. Ce cadre commun est essentiel, car il permet à tous de parler le même langage et donc de pouvoir se comparer et apprendre les uns des autres. En deux mots, progresser ensemble. Emmanuel Normant de Saint-Gobain nous a présenté tout l'intérêt de la coopération sur la chaîne de valeur, illustrant ainsi la plupart des arguments présentés par Felix Papier, comme par exemple le choix du mode de transport des marchandises. Focalisons-nous sur son concept d'outils partagés qu'il divise en deux sous-notions. Avoir un même langage, l'analyse de cycle de vie, ACV, avoir une infrastructure qui facilite la diffusion de l'information entre les différents acteurs de la chaîne de valeur, le digital. Avec l'ACV, on retrouve notre concept d'intensité carbone, car cette analyse s'attache à mesurer combien de CO2 est émis par un produit ou un service, depuis sa conception jusqu'à son démantèlement. On retrouve aussi l'idée d'un cadre de reporting commun. Il s'agit pour les acteurs de la chaîne de valeur du bâtiment, de pouvoir identifier les différents facteurs d'émission carbone présents dans leur industrie pour les diminuer ensemble. Ce travail sur la chaîne de valeur se retrouve aussi dans le dialogue qu'a entrepris Michel Drappier avec son fournisseur de verre. À force de persévérance et de négociation, il a pu obtenir que sa bouteille soit produite en majeure partie avec du verre recyclé selon son propre design qui prévoit un poids allégé et dans une usine proche de ses vignes. Le Comité Champagne, CIVC, dans l'élaboration du plan carbone, illustre aussi cette importance de la collaboration sur la chaîne de valeur, car son plan a été coconstruit avec le plus de parties prenantes possible, et ce afin de couvrir toute la filière du champagne, de la fourche à la fourchette selon l'expression consacrée. La fourniture de biens et de services vertueux, pour les consommateurs ou à tout le moins exemplaires est l'autre versant de ce que nous venons d'évoquer. Il s'agit là soit de répondre à une demande du consommateur, d'une plus grande prise en compte du climat, comme l'ont bien souligné Essilor et Drappier, soit de permettre à ses clients de réduire leur propre empreinte carbone. Emmanuelle Le Nagard et les experts de Carbone 4 nous rappellent que cette demande de réduction de sa propre empreinte carbone par le consommateur est une tendance de fond à ne surtout pas ignorer ni négliger. Une entreprise comme Saint-Gobain a ainsi identifié le marché des solutions d'efficacité énergétique comme l'un de ses marchés à venir. Enfin, pour conclure cette vidéo, il me paraît indispensable de mentionner le rôle des réglementations et des certifications. volontaires comme un catalyseur d'action. Une réglementation intelligemment pensée est mise en œuvre de façon progressive et compatible avec la réalité technique des entreprises et la réalité économique du marché, va faciliter l'innovation et soutenir l'action des industriels. Les certifications volontaires, elles, permettent de signaler aux autres acteurs les actions entreprises et donc de créer ces effets d'entraînement recherchés par les leaders sur leurs marchés. Ainsi, par exemple, les véhicules européens sont bien moins émetteurs de CO2 que les véhicules américains. De même, cela permet aux entreprises ayant les mêmes certifications de s'identifier, de se reconnaître entre elles, pour collaborer plus étroitement ensemble, afin de verdir réellement leur chaîne de valeur en amont et en aval. [MUSIQUE]