Bonjour. Bienvenue au MOOC : Villes africaines, environnement et enjeux de développement. La leçon de ce jour porte sur la caractérisation des déchets solides. La caractérisation des déchets permet d'obtenir des données fiables sur leur composition, qui vont permettre de dire si le tri par apport volontaire est efficace ou pas, et ce, en vue d'y apporter des modifications nécessaires par une meilleure sensibilisation. Les résultats de cette caractérisation peuvent servir aussi de base pour étudier l'opportunité d'implanter un système de tri des ordures. Les teneurs en humidité et en matière organique des ordures sont aussi des informations utiles pour la maîtrise d'un prétraitement biologique. Au cours de cette leçon, nous allons définir les différents types de déchets solides, présenter de manière sommaire la méthode de caractérisation des déchets, analyser la production et la composition de ces déchets solides municipaux. Différentes classifications des déchets existent, soit selon leur origine, soit la nature des dangers qu'ils font courir à l'homme ou à son environnement. Cette leçon est uniquement consacrée aux déchets solides municipaux, qui sont constitués de l'ensemble des déchets des collectivités. Les déchets ménagers sont liés à l'activité domestique ; ils comprennent les ordures ménagères au sens strict, telles que déchets de nourriture ou des préparations de repas, balayures, objets ménagers, journaux et papiers divers, emballages métalliques de petite dimension, bouteilles, emballages papiers ou plastiques, chiffons et autres résidus textiles. On y inclut également les déchets végétaux provenant de l'entretien des jardins et des cours. Bien souvent, on assimile aussi aux déchets ménagers d'autres détritus, dans la mesure où ils sont de nature similaire aux déchets des ménages et produits par des individus dans des proportions relativement proches. On citera par exemple les déchets des bureaux, des commerces, de l'artisanat, des administrations, des marchés, des collectivités, telles que les cantines scolaires, de l'entretien des espaces verts et des voiries, ainsi que tous les objets, cadavres des petits animaux, abandonnés sur la voie publique. Sont exclus de cette classification : les boues de vidange, les déchets agricoles, les déchets de construction, les déchets industriels, et les déchets hospitaliers. La caractérisation des déchets se fait en 4 étapes. La première étape consiste à prélever un échantillon des déchets, la seconde à effectuer la pesée de cet échantillon, ensuite on procédera au tri des déchets de l'échantillon, avant d'effectuer une nouvelle pesée des déchets triés. De manière générale, les statistiques officielles, en matière de production et de composition des déchets ménagers, sont difficiles à obtenir et restent approximatives. Elles sont sujettes à caution car bien souvent basées sur des recensements non exhaustifs de la population et l'évaluation sommaire de la quantité et de la qualité des déchets collectés. Pour être fiable, la quantification des déchets nécessite une organisation rigoureuse basée sur une collecte régulière et la pesée systématique des camions et bennes. Or, dans certaines zones urbaines, notamment celles qui sont défavorisées, la collecte des déchets, lorsqu'elle existe, n'est pas régulière. À cela s'ajoute l'absence fréquente de ponts-bascule à l'entrée des décharges, généralement non contrôlées. De même, la composition des déchets doit être évaluée en respectant des critères d'échantillonnage stricts, afin d'éviter des extrapolations biaisées et donc de mal prévoir la gestion des déchets. Dans tous les cas, ces critères doivent tenir compte du niveau de vie des producteurs des déchets, ainsi que de la saison. Les données par pays sur la production et la gestion des déchets solides municipaux peuvent provenir des statistiques, études et enquêtes sur les déchets produits par les municipalités, ou d'autres administrations compétentes, les entreprises de gestion des déchets, les associations actives dans ce domaine, ainsi que des projets et recherches. La production des déchets urbains dans quelques pays africains varie de 0,2 kilo par habitant et par jour à 1,3 kilo par habitant et par jour, respectivement en Tunisie et en Algérie. Les pays comme la Tanzanie, le Cameroun, ont des taux de l'ordre de 0,9 kilo par habitant et par jour. En revanche, les pays comme la Mauritanie, le Ghana, le Bénin et le Burundi ont les taux les plus faibles, qui varient de 0,2 kilo par habitant et par jour à 0,5 kilo par habitant et par jour. Le Burkina Faso, avec 0,65 kilo par habitant et par jour, et le Rwanda sont dans une situation intermédiaire. Cette variabilité dans la production des déchets urbains est fonction non seulement du pays, mais également de la ville. Comme le montre ce tableau relatif à la production des déchets ménagers dans les villes secondaires du Sénégal, la quantité d'ordures produite varie d'une ville à l'autre. Elle est nettement plus élevée dans les villes de plus de 100 000 habitants, en moyenne de l'ordre de 0,6 kilo par habitant et par jour, et moins élevée dans les villes de moins de 100 000 habitants, avec une moyenne de 0,33 kilo par habitant et par jour. Des études réalisées par le CREPA ont abouti à des niveaux de production similaires, respectivement dans les villes importantes et dans les petites localités, 0,6 et 0,3 kilo par habitant et par jour. Le CREPA lie cet écart avec le niveau de vie des populations. En effet, plus le niveau de vie est élevé, plus la production d'ordures ménagères est importante, comme nous pouvons l'observer sur ce tableau. La quantité des déchets produite est plus élevée chez les ménages vivant dans les zones d'habitat de haut standing : elle est supérieure à 0,9 kilo par habitant et par jour. Les changements dans les habitudes de consommation y sont pour cette augmentation. La variation observée dans la production massive des déchets au cours de l'année est liée à la fluctuation du taux d'humidité. Il faut relever aussi que la saison des pluies correspond à la période de récolte des mangues et du maïs, dont les déchets constituent une part importante de la fraction fermentescible des déchets pendant cette période. Les taux élevés à Douala, en saison des pluies, dans les strates d'habitat spontané et dans les zones périurbaines, s'expliquent par cette situation. Ces écarts, comme le notent certains auteurs, peuvent aussi provenir de la méthode même d'évaluation de la production des déchets, évaluation au sein des ménages, ou évaluation à l'arrivée des déchets sur les sites de regroupement, de transfert ou de traitement. En matière de composition, on distingue habituellement 3 fractions dans les déchets ménagers : la fraction biodégradable, constituée de matières pouvant être dégradées par l'action des micro-organismes en un laps de temps déterminé, telles que les végétaux, les déchets alimentaires, les fruits, les produits cellulosiques et les plastiques biodégradables ; la fraction inerte comprend les matières qui ne peuvent pas être dégradées par l'action des micro-organismes en un laps de temps déterminé, telles que verre, pierre, céramique, plastiques non biodégradables, textiles synthétiques, caoutchouc, etc ; cette fraction apporte plus de nuisance que de pollution chimique. Les contaminants sont des matières qui rejettent les contaminants chimiques, par exemple des métaux lourds dans le milieu qui ne sont pas ou peu biodégradables. Il s'agit des batteries, des métaux non ferreux, des solvants, des peintures, huiles, encres, matériaux contenant des sulfates, etc. Comme le montrent les graphiques, les matières organiques sont la première fraction des ordures en importance pondérale, suivies du sable. Cette présence de sable, essentiellement liée au balaiement des espaces privés, participe de manière essentielle à la charge pondérale des ordures, et en conséquence à la pénibilité de leur transport, lorsque celui-ci est réalisé en précollecte par des femmes ou des enfants, comme c'est plus souvent le cas, ou avec un matériel à traction humaine. Le tri à la source du sable apparaît donc ici comme une véritable priorité technique de la gestion des déchets. C'est sans doute un acte majeur d'une réflexion sur la préservation ou le développement des pratiques préventives d'évitement ou de valorisation in situ des déchets comme alternative, ou complément, à la logique d'évacuation. Des innovations ont fait, dans le cadre du programme de gestion des déchets durable et de l'assainissement urbain, l'objet d'expérimentations permettant d'éviter le transport inutile du sable selon 2 grandes options : les pratiques de balayage ou des outils de ramassage, pelles ajourées, permettant d'éviter de ramasser trop de sable, et l'adaptation des poubelles par la transformation du fonds en tamis, grâce à des orifices, afin que le sable s'écoule. Dans les 2 cas, les résultats obtenus semblent significatifs, sans toutefois résoudre totalement le problème. La simple combinaison, à chaque fois que c'est possible, des 2 types d'action serait peut-être un facteur simple d'amélioration. Comme pour la production des ordures ménagères, on observe des variations importantes entre compositions des déchets des zones urbaines, et même en fonction du niveau de vie des populations des villes des pays africains. Les graphiques présentent une comparaison entre zones de niveaux de vie différents dans la ville d'Abidjan. Les matières putrescibles sont plus importantes dans les déchets solides des zones d'habitat de moyen et de haut standing. Par contre, la quantité de sable est plus élevée dans les déchets d'habitats de bas standing. Il est moins important chez les ménages des zones d'habitat de haut standing, où les cours sont le plus souvent revêtues de pavés, ou de gazon et autres plantes ornementales. Peu d'études statistiques font une distinction entre les restes des cuisines, déchets des fruits et légumes, restes des plats cuisinés, et les déchets verts, feuilles ou branches ramassées dans la concession. Ces 2 fractions importantes constituent pourtant la matière organique, laquelle peut également renfermer des déchets du petit élevage et des restes d'animaux. Nous concluons en disant que la connaissance de la production des déchets urbains est essentielle dans la planification des systèmes de gestion, afin de prévoir au mieux la collecte et les installations de traitement. De nombreuses études ont évalué la quantité de déchets produits, mais les résultats présentent des écarts importants. Ces comparaisons entre quartiers ou villes montrent que la composition et la pollution des déchets sont associées au niveau des vie des populations qui les génèrent. Au revoir, et à la prochaine leçon sur le cadre législatif, réglementaire et institutionnel de la gestion des déchets solides. [AUDIO_VIDE]