Bienvenue au MOOC Villes africaines : Environnement et enjeux de développement. La leçon d'aujourd'hui porte sur la définition des concepts. Le concept de santé est difficile à définir, il n'est donc pas surprenant, qu'il ait été interprété de diverses manières. La maladie, concept qui lui est lié, est tout aussi difficile à définir. La santé, la morbidité, la transition sanitaire, l'environnement, l'environnement propice sont des concepts complexes, qu'il convient de définir avant d'analyser les interrelations entre la santé et le développement humain, social et économique. D'après les dictionnaires, la santé est un bon état physiologique ou encore, un état où l'organisme fonctionne de manière harmonieuse. Plusieurs auteurs ont défini la santé. Pour Dubos, la santé est la situation dans laquelle l'organisme réagit par une adaptation, tout en préservant son intégrité individuelle. Pour Leriche, la santé, c'est la vie dans le silence. Et pour Lawrence, la santé est une condition ou un état de l'être humain qui résulte de ses interactions avec son environnement biologique, physique et social. L'Organisation mondiale de la Santé en donne une définition plus étendue ; un état de bien-être complet, physique, mental et social, qui ne peut être réduit à l'absence de la maladie ou d'infirmité. Cette définition implique que tous les besoins fondamentaux de la personne soient satisfaits sur les plans affectifs, sanitaires, nutritionnels, sociaux et culturels. Certains auteurs pensent que cette définition confond la santé et le bien-être, car la santé n'est qu'une des composantes du bien-être. La définition de la santé serait plutôt propre à chaque individu, elle varie dans le temps et dans l'espace. Le plus souvent, on ne perçoit la santé que face à la maladie. Ainsi donc, la santé est une notion relative, parfois non présentée comme corollaire de l'absence de maladie, des personnes porteuses d'affections diverses sont parfois jugées en bonne santé, si leur maladie est contrôlée par un traitement. Une personne peut ne souffrir d'aucune affection détectée, mais se sentir en mauvaise santé, à l'inverse, elle peut se sentir bien, mais être atteinte d'une maladie sans signes extérieurs. Dans le premier cas, on parlera de notion de santé subjective, l'individu étant subjectivement malade, mais objectivement bien portant. Dans le second cas, elle est objective selon le diagnostic établi par un personnel de santé. La santé perçue traduit la façon dont les personnes ressentent ou apprécient leur état de santé, elle traduit les sentiments, les idées, les croyances que peuvent avoir les individus sur leur état de santé. Cette perception varie selon les personnes et ne peut traduire la réalité. La plupart des données sur la santé sont des données sur la santé perçue ou subjective. Les spécialistes estiment que l'histoire individuelle des vies influence fortement l'idée que chaque personne se fait de la santé. Les comportements individuels sont fortement liés au contexte social, culturel, économique et sanitaire. En effet, les politiques sociales et sanitaires interagissent sur les comportements. La santé est donc un concept dynamique, qui varie selon les individus et pour un même individu. Les connaissances médicales acquises par les individus diffèrent dans le temps et l'espace, selon l'évolution des savoirs, les systèmes de valeurs en vigueur et de la diffusion de l'information. Comme nous l'avons souligné plus haut, la personne n'apprécie le plus souvent son état de santé que quand elle est confrontée à la maladie. À présent, passons à la définition de la morbidité. La notion de morbidité renvoie à l'ensemble de ce qui concerne la maladie. En épidémiologie, la morbidité est tout écart subjectif ou objectif par rapport à l'état de bien-être physiologique ou psychologique. La morbidité se définit comme la fréquence de maladie au sein d'une population donnée, par rapport entre le nombre de malades et celui de la population. L'analyse de la morbidité se confronte à deux problèmes majeurs : la définition de la maladie et le type de morbidité mesurée. La maladie par rapport à la naissance ou au décès est un événement moins certain. Pendant longtemps, la littérature médicale a présenté la maladie comme un phénomène exclusivement biologique ou physiologique, excluant l'aspect social lié à la maladie. selon Prioux, citée par Maryse Gaimard, la détection de la maladie et le nom qui lui est attribué, peuvent varier dans le temps et selon les cultures, en fonction de l'état des connaissances médicales, et de leur diffusion au sein de la population, mais aussi en tenant compte des normes en vigueur dans la société. La maladie est difficile à cerner, car ce qui peut paraître normal pour une population, par rapport à ses références culturelles, ne l’est peut-être plus de nos jours. Par ailleurs, la détection du début de la maladie dépend de l'évolution des connaissances médicales. La guérison ou la fin de la maladie est tout aussi difficile à déterminer. La maladie est donc difficile à observer. Analyser la morbidité nécessite tout d'abord de reconnaître les maladies qui affectent les personnes. Selon la source de l'information, on distingue 3 composantes de morbidité : la morbidité déclarée, la morbidité diagnostiquée et la morbidité objective ou mesurée. La morbidité déclarée est celle qui est recueillie directement auprès des personnes, on la qualifie aussi de morbidité ressentie ou subjective, car chaque personne a sa propre conception du normal et de la pathologie, et sa propre échelle de valeurs pour ordonner les affections et les nommer. C'est cette morbidité qui permet de faire des estimations de besoins ressentis par la population et donc la demande de soins, elle est en fait une vue partielle de la maladie des individus. Elle est le plus souvent appréhendée par le biais des enquêtes démographiques et de santé. Certains pays africains, avec l'appui de partenaires techniques internationaux, effectuent régulièrement, ces dernières années, ces types d'enquêtes. La morbidité diagnostiquée est celle qui correspond aux maladies diagnostiquées et traitées par le personnel de santé, chez les patients ayant eu recours à un établissement sanitaire ou un personnel de santé. Ce type de morbidité se mesure à partir de données issues des structures sanitaires. De nombreux pays africains ont mis en place un système d'information sanitaire, compilant les données issues des rapports fournis mensuellement par l'ensemble des formations sanitaires et publiés de manière régulière chaque année. Cette morbidité est diagnostiquée et également observable lors des enquêtes épidémiologiques spécifiques, visant à identifier l'importance ou l'ampleur et les causes d'apparition d'une pathologie au sein de la population. Enfin, la morbidité objective ou morbidité mesurée est celle qui est réellement présente, dans l'état actuel des connaissances médicales. Elle est mesurée à partir d'examens de routine, effectués sur l'ensemble d'une population ou d'une sous-population, d’écoliers, par exemple, ou de salariés d'une entreprise. Il existe un certain nombre de grandes enquêtes démographiques sur la santé, enrichies d'un examen médical réalisé sur tout ou une partie de l'échantillon. La transition sanitaire, dont le moteur est l'évolution de la mortalité, repose sur le changement structurel de causes de décès. En effet, la diminution de la mortalité s'accompagne d'un remplacement de pandémies infectieuses par des maladies dégénératives ou liées au stress et au mode de vie. Elle se traduit également par le passage d'une situation où la mortalité domine le profil sanitaire de la population, à un état où l'élément dominant est la morbidité. En Afrique subsaharienne, la transition sanitaire tarde à se réaliser. En effet, les progrès ont été les plus tardifs et l'on observe encore une prédominance de maladies infectieuses et parasitaires, qui frappent particulièrement les enfants, et l'émergence des maladies chroniques et du sida qui se développent faisant peser sur les populations urbaines, notamment, une double charge de morbidité. Le mot environnement, d'origine française, date du début du XIVe siècle. À l'origine, il désignait le contour ou la limite externe d'un objet. ensuite, au XVIe siècle, il a été redéfini pour signifier désormais le groupe des choses naturelles et artificielles qui conditionne la vie des hommes, et non de tous les organismes vivants. Cette définition s'apparente à celle qu'en donne le Contempory Oxford English Dictionnary, mis à part le fait qu'elle inclut aujourd'hui l'ensemble des organismes. C'est-à -dire, les conditions dans lesquelles toute personne ou organisme vit, ou se développe, l'ensemble des influences qui le modifient, et déterminent le développement de la vie, et du caractère. De nos jours, le terme, environnement humain, ne renvoie pas uniquement aux éléments que les individus ont construits, modifiés ou perçus comme étant les composantes des établissements humains ; il renvoie aussi aux relations interpersonnelles et à l'organisation sociale qui affecte, aussi bien la santé physique et mentale, que le bien-être psychologique. Le concept d'environnement propice a été utilisé pour souligner le fait que les politiques et leurs mesures d'application devraient se focaliser sur tous les déterminants de la santé et non pas seulement sur ceux inhérents au seul secteur de la santé. Ainsi, pour Bistrup, on doit considérer le rôle de facteurs environnementaux d'ordre physique qui influent sur la santé, au-delà du style de vie des individus et groupes dans des endroits donnés. Par ailleurs, outre les caractéristiques physiques de l'environnement, les dimensions culturelles, sociales, économiques et politiques, doivent aussi être envisagées. Dès lors que celles-ci sont explicitement prises en compte, il convient d'envisager également les questions d'égalité et d'équité de leur impact sur la santé et le bien-être dans les localités considérées. À présent, passons à l'interaction entre santé et développement. Le développement a pour objectif principal de créer un environnement qui offre des opportunités aux populations de vivre plus longtemps et en bonne santé, d'acquérir les connaissances qui les orienteront dans leurs choix, et d'avoir accès aux ressources pouvant leur assurer un niveau de vie décent. C'est pourquoi la croissance économique est un facteur nécessaire au développement. Les interrelations entre santé et développement sont bien connues et documentées. La santé est à la fois cause, et conséquence, du développement. La santé est d'abord un facteur de développement, car la mauvaise santé est un facteur de stagnation socio-économique. Stéphane Tisot, cité par Maryse Gaillemard, décrit les différentes façons où la maladie influence le développement humain, et partant, la croissance économique. La maladie entraîne tout d'abord une perte du bien-être individuel, en occasionnant des pertes des possibilités de consommation. En l'absence de couverture maladie, les traitements sanitaires coûteux grèvent les revenus des ménages. La maladie entraîne également une perte de revenus pour un natif, du fait des absences au travail, et une perte de revenus futurs, du fait de la mort prématurée. En l'absence de couverture sociale et familiale, les familles nombreuses ne peuvent allouer à chacun de leurs enfants, qu'une part très limitée du revenu pour leur éducation et leur alimentation, compromettant ainsi leur probabilité de survie et leurs chances d'accéder à des revenus meilleurs. Enfin, la maladie engendre des coûts pour la société. En effet, une morbidité élevée, freine les investissements, et affecte les budgets publics de santé, au détriment d'autres services sociaux. La santé est aussi conséquence du développement. La croissance économique, comme le développement, ont une incidence sur la santé de la population, à travers l'extension de la couverture sanitaire, et la satisfaction d'un plus grand nombre de besoins de la population. La croissance économique permet d'accroître l'allocation des ressources dédiées à la santé. L'élévation du niveau de vie amène les individus à se préoccuper beaucoup plus de leur état de santé, pouvant entraîner ainsi la demande de santé, et d'éducation. L'accroissement du revenu des individus est un facteur déterminant de l'amélioration de l'état de santé des populations, indépendamment des progrès médicaux. Enfin, la croissance économique offre des opportunités de financer des systèmes de protection sociale. Nous concluons en disant que, la santé et la maladie sont à la fois des réalités biologiques et socio-culturelles, individuelles et collectives, et varient selon le temps et les populations. La santé est au cœur du développement, en témoins, les multiples rencontres, à l'échelle du Continent africain, ou à l'échelle du Monde. Santé et développement sont liés. Il ne peut y avoir de croissance sans un bon état de santé des populations, tout comme le développement contribue à l'amélioration de la santé des populations. Au revoir, et à la prochaine leçon sur l'eau, l'homme et la maladie. [AUDIO_VIDE]