[MUSIQUE] Laura Dale-Harris. Je travaille pour Social Finance, basé à Londres. Notre organisation a pour but de développer des partenariats avec le gouvernement, le secteur associatif et le secteur financier, pour trouver de meilleurs moyens de résoudre les problèmes sociaux. Nous avons été créés en 2007. Nous sommes maintenant 80 employés. Nous avons levé plus de 100 millions de pounds depuis, et notre point de départ c'était le premier contrat à impact social, donc Social Impact Bond, à Peterborough. Et depuis, nous avons à peu près 100 contrats à impact social à travers 24 pays. L'utilité de la mesure d'impact social, pour moi, elle est avant tout là pendant la durée du programme et elle est également importante après. La raison pour laquelle je pense que c'est très important pendant la période du programme, c'est qu'elle peut être utilisée pour améliorer l'impact, ce qui a une conséquence pour le développement après et le scale up après la fin de l'évaluation. Il y a plusieurs façons d'exploiter l'utilité après que la mesure a été réalisée. Une ça peut être d'essayer de développer le même programme dans une autre géographie. Une autre peut être de lever des fonds. En termes de type d'exploitation, j'en vois plusieurs. Le premier c'est de comprendre ce qui marche pour adapter le service. Un exemple c'est un contrat à impact social, où l'investisseur va vouloir comprendre au jour le jour l'impact du programme. Une exploitation très pratique ça peut être après six mois, un programme qui vise à aider de jeunes hommes ou de jeunes femmes à trouver des emplois ne réalise pas l'impact espéré. Et il y a une réflexion qui peut alors commencer pour essayer de comprendre les raisons pour lesquelles moins de jeunes hommes et jeunes femmes trouvent un emploi. Et donc, ça peut aider à adapter le service en continu pour l'améliorer. Donc, pour moi c'est quelque chose de très important. Le deuxième ça peut être d'utiliser cette mesure d'impact social pour obtenir des financements. Par exemple, une entreprise qui travaille avec des maisons de retraite que je connais, qui est basée à Londres, qui s'appelle Umpf a été très intelligente à démontrer son impact social autant que l'impact financier et a réussi à doubler, tripler son nombre de clients en étant très claire sur son impact social. Un autre type d'exploitation peut être la communication et l'image de marque. Beaucoup d'entreprises souvent grandes ou même plus petites vont bénéficier en termes de communication et de branding quand elles annoncent les objectifs impact très clairement. Si je réfléchis à des exemples précis où la mesure d'impact social a eu des effets pratiques sur une structure, je pense à deux exemples. Le premier c'est encore une fois un contrat à impact social. C'est un programme qui s'appelle MHAP et qui essaie d'aider des hommes et des femmes qui ont des problèmes de santé mentale à trouver des jobs et d'une façon personnalisée pour les aider dans cette démarche. Ce programme a eu beaucoup de succès pour les gens avec des problèmes de santé mentale, et maintenant a obtenu des millions de pounds du gouvernement anglais pour travailler avec d'autres types de bénéficiaires, notamment des jeunes hommes qui ont des problèmes très aiguës d'addiction à l'alcool et aux drogues. Un autre exemple est un programme qui essaie de lutter contre la violence conjugale. Et en comprenant la mesure d'impact social, en réfléchissant à des indicateurs qui sont appropriés, le programme s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup plus d'impact pour certains types de bénéficiaires que d'autres et a changé sa démarche avec le gouvernement. Donc, ça ça peut être quelque chose qui pose des questions éthiques mais ça a changé la structure et la politique d'organisation. Pour faire vivre une mesure d'impact social, j'ai plusieurs conseils. Le premier c'est vraiment de comprendre le pourquoi et quelle est la finalité de l'évaluation, mais également quelle est la finalité de chaque indicateur qu'on choisit. Donc, pourquoi est-ce qu'on essaie de mesurer tel indicateur, qu'est-ce que ça va nous apporter, comment on peut comparer ça à un référentiel? Donc, ça c'est le premier conseil. Le deuxième conseil c'est vraiment de co-construire les indicateurs avec beaucoup d'acteurs. Ma préférence c'est vraiment de construire ces indicateurs avec toutes les équipes opérationnelles sur le terrain, et souvent il n'y a pas besoin de commencer de zéro. Et c'est très important pour deux raisons. La première, c'est que les indicateurs soient les bons indicateurs, et la deuxième c'est qu'il y ait un buy-in sur chacun de ces indicateurs. Et ça, ça revient à la question très fondamentale pour moi de la mesure d'impact, qui est, c'est autour du changement de comportement. Donc, si on décide d'avoir une mesure d'impact, c'est qu'on veut mesurer l'impact et qu'on veut l'améliorer. Et c'est pour ça qu'avoir des indicateurs qui tiennent et qui sont robustes est très important, parce qu'ils feront ensuite le sujet de discussions très animées entre différents acteurs autour de la table pour essayer de comprendre pourquoi l'impact est là et pourquoi il n'est pas là . Et c'est pour ça que c'est très important d'avoir cette réflexion avec plusieurs acteurs. Donc, ça c'était le deuxième conseil. Le troisième conseil c'est de ne pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis, donc ça ça revient un peu à ce point-là , et de bien comprendre opérationnellement comment ça marche. Le dernier point c'est de s'assurer que cette mesure d'impact social s'inscrit dans une volonté de changement au sein de l'entreprise. Et c'est pour ça qu'on en revient au premier conseil, qui est vraiment de bien réfléchir au pourquoi et à la finalité de la mesure d'impact social. [MUSIQUE]