[MUSIQUE] Anita de Voisins, je suis directrice d'investissement chez Investir&+. Investir&+, c'est une structure d'accompagnement financier et non financier de projets à fort impact social ou environnemental. C'est une structure qui a été créée il y a environ cinq, six ans par une trentaine d'entrepreneurs qui ont souhaité mettre à la fois leur expertise, mais aussi leur expérience au profit de projets à fort impact. Donc, dès le démarrage d'Investir&+, nous avons commencé à réfléchir à la mesure de cet impact, mais c'est évidemment au fur et à mesure des années qui se sont écoulées que nous l'avons précisée, détaillée, améliorée et pour ça, en fait, nous nous sommes inspirés de toute une série de méthodologies d'impact pour essayer d'en retirer les points les plus importants par rapport à notre vision d'impact et la manière dont on pouvait conduire cette mesure d'impact dans nos entreprises. La communication de la démarche de mesure d'impact social pour les parties prenantes autour d'Investir&+, elle est double. Elle est d'abord directement à destination des entrepreneurs eux-mêmes. L'idée, c'est de mesurer l'impact. Pourquoi? Idéalement, en premier lieu pour eux. C'est-à -dire de pouvoir concrètement évaluer en quoi la réponse qu'ils apportent vis-à -vis d'un marché apporte une vraie réponse sociale et environnementale et le deuxième objectif aussi, c'est de pouvoir optimiser cette réponse, améliorer son impact tout au long du développement du projet. On peut très bien améliorer un impact soit en volume, essayer d'adresser plus de personnes par exemple par une solution donnée, ou on peut aussi améliorer un impact en profondeur, c'est-à -dire sur la même population, essayer de travailler davantage l'impact. Donc, ce sont ces deux axes-là qu'on va essayer de travailler petit à petit avec des entrepreneurs. Donc, cette mesure d'impact en premier lieu, elle est destinée à l'entrepreneur pour que justement les personnes auxquelles il destine sa solution puissent en profiter au maximum. Deuxième objectif de notre mesure d'impact, elle est évidemment à destination de nos investisseurs. Nous sommes allés chercher des investisseurs de l'économie classique ou des entrepreneurs sociaux aussi, mais avec la volonté de leur prouver qu'on pouvait investir dans des projets à fort impact, qu'il y aurait un rendement certes modéré, mais un rendement économique, mais surtout que leur argent servirait à développer un impact en particulier et que cet argent aurait un deuxième sens. On a une multitude de participations qui ont des impacts très différents les unes des autres. Donc, on a des parties prenantes très diverses. On a notamment des participations dans notre portefeuille qui font ce qu'on appelle, nous, de l'impact indirect. C'est-à -dire qu'elles sont essentiellement ça, soit pour permettre à d'autres acteurs d'impact d'être financés, typiquement c'était le cas d'HelloAsso, ou typiquement de sensibiliser des porteurs de projets, la population, des parties prenantes, à développer davantage de projets à impact. C'est le cas par exemple de Sparknews ou de Make.org aussi qui est une civic tech où là l'impact est indirect, avec un axe de sensibilisation. Donc, sur ces participations-là , on va surtout mesurer leur capacité à sensibiliser, à toucher leur public et à avoir un effet de levier sur les projets à impact et sur la dynamique d'impact. On a également dans notre portefeuille des participations qui ont un impact direct avec un vrai bénéfice auprès de leurs parties prenantes et là , on a vraiment en fonction de chaque participation. L'impact peut être très différent, les parties prenantes très différentes. Et donc, pour chacune, on va essayer de déterminer quelles sont les parties prenantes les plus pertinentes et quelle est la mesure et les critères quantitatifs ou qualitatifs qui sont les plus pertinents par rapport à ces populations données. Donc, pour vous donner un peu une idée de la manière dont on essaie de consolider cet impact de projets qui agissent à des degrés très différents, en fait, on essaie de rassembler l'impact de nos participations sous trois axes. Le premier axe, c'est justement par rapport au projet d'impact d'indirect, l'axe sensibilisé. Donc, on va essayer de mesurer combien de personnes sont sensibilisées, combien de personnes sont touchées par ces participations. Le deuxième axe, c'est changer la vie. Là , c'est plus orienté pour les participations qui ont un impact direct sur des bénéficiaires et donc, on va essayer de déterminer dans un degré de profondeur dans quelle mesure les produits ou services qui sont développés viennent changer la vie de ces bénéficiaires et on va essayer de mesurer la profondeur d'impact sur ces populations données. Et le troisième axe évidemment, c'est l'axe environnemental, c'est-à -dire améliorer ou préserver l'environnement. C'est cet axe-là aussi qu'on va mesurer pour chacune de nos participations. On a essayé de s'inspirer et de construire une méthodologie chez Investir&+ qui prenne en considération un petit peu ces contraintes de temps, de ressources et de capacités à récupérer les données. Donc, la collecte des données, en fait nous, on conduit une mesure d'impact annuelle. On a estimé que c'était le bon rythme vis-à -vis de nos participations, parce qu'on est quand même dans des participations, dans des entreprises qui sont encore assez jeunes, qui ont des ressources humaines limitées et qui pour elles aussi, c'est pas mal de temps dédié cette mesure d'impact, donc qui n'ont pas forcément des staffs très importants à nous dédier sur la mesure d'impact. Donc, de manière annuelle, ça nous semblait être un bon timing. En gros, on essaie de démarrer la collecte de données au mois de mars environ. Pourquoi? Parce que le mois de mars, on commence à avoir quand même deux ou trois mois de recul par rapport à l'année qui vient de se terminer, donc c'est un peu parallèle aux données financières. Souvent, on clôture ses comptes aux alentours du mois de mars. C'est un peu la même chose côté impact. On commence à envoyer un questionnaire aux alentours du mois de mars. Ensuite, on collecte les données jusqu'à avril, mai. Avril, mai nous demande d'être extrêmement réactifs parce qu'il faut pas mal relancer quand même et pas mal aller chercher parfois par nous-mêmes des données. Ensuite, il y a toute la mise en forme de ces données et aussi des aller-retours avec les entrepreneurs, parce qu'il y a des données sur lesquelles on a besoin de creuser les choses pour véritablement mesurer l'impact et arriver à des conclusions qui sont pertinentes. On a pu rencontrer par contre des difficultés en amont de certains investissements avec certains co-investisseurs qui n'étaient pas investisseurs d'impact, qui étaient investisseurs plus classiques et pour qui la notion de mesure d'impact et le fait de déjà aborder ces sujets en amont même de l'investissement pouvait effrayer. Donc ça, on l'a vécu, on l'a vécu une ou deux fois, avec pédagogie et si on se rend compte que l'ADN est quand même assez proche avec ces co-investisseurs, ça fonctionne très bien et ensuite, en fait, ils voient vraiment l'intérêt de ce qu'on peut apporter là -dessus pour l'entrepreneur, pour l'entreprise, parce que cela vient normalement aussi renforcer le modèle économique de l'entreprise. Donc, en fait, in fine, cela leur convient très bien si on a le temps de leur expliquer, qu'ils comprennent la démarche et qu'ils sont réceptifs à cela. On a juste eu une fois un cas où manifestement il y avait une problématique d'ADN pas compatible sur cet aspect-là et la conclusion est qu'on a financé ces entreprises sans ce co-investisseur. C'est évidemment l'entrepreneur qui a choisi ses investisseurs, mais on lui a fait choisir parce qu'on savait que là -dessus, ce serait des problématiques dans le développement de l'entreprise, dans la recherche d'impact et donc dans la mesure. [MUSIQUE]