[MUSIQUE] [MUSIQUE] Venons-en à présent dans ce troisième module à la mesure, à l'évaluation de cet impact social et aux questions préalables qu'il vous est indispensable de vous poser avant de vous lancer dans une telle démarche. On a pu constater dans le module précédent que l'impact social couvre un vaste champ. En s'inspirant de l'AVISE, on peut cartographier plus précisément les domaines que l'action d'une organisation pourra concerner. Nous en avons retenu cinq, l'individu, la société, la politique, l'économie, l'environnement par rapport à un territoire donné. Précisons que l'impact social pourra se situer à des horizons de temps divers, court, moyen ou long terme et que les effets d'une action pourront être positifs comme négatifs. Il vous faudra donc pour commencer répondre à quatre grandes séries de questions. La première, pourquoi? Pour qui? Vous pouvez entreprendre cette aventure pour prendre une décision stratégique, lancer une nouvelle activité, ou en arrêter ou en cesser certaines, améliorer vos pratiques internes, mobiliser votre équipe dans une démarche managériale, convaincre l'un de vos financeurs ou lui rendre compte, communiquer vis à vis du grand public ou de vos bénéficiaires. La deuxième série de questions tourne autour du quoi. Quel est l'objet de votre démarche? Que cherchez-vous à évaluer? Autrement dit, quelles sont vos questions évaluatives? Le quoi c'est également le choix du périmètre de votre travail. La troisième grande série de questions c'est le quand. Vous pouvez choisir de mener une analyse SROI projective posant des hypothèses et fixant des objectifs en termes d'impact social futur ou rétrospective c'est-à -dire étudier l'impact social que vous avez effectivement créer. Idéalement il faudrait commencer par une analyse projective pour ensuite réaliser des analyses rétrospectives et comparer les résultats obtenus dans les deux cas. Je suis dans un processus itératif, les analyses rétrospectives pouvant donc amener à revoir les hypothèses envisagées initialement. Par ailleurs, il faut que le changement ait eu le temps de se produire et il ne faut pas sous-estimer le temps qu'il faut parfois pour prouver certains changements. Enfin la quatrième grande série de questions tourne autour des moyens et des ressources. Là il vous faudra vous concentrer sur ce qui est intéressant pour votre organisation et quoi qu'il en soit être réaliste sur ce qui est faisable avec les moyens dont vous disposez en termes de temps, en termes de temps homme, en termes de compétences, en terme de budget mais aussi en termes de disponibilité des données. Ces quatre grandes questions sont les clés du choix d'une méthode de mesure de l'impact social ou de l'évolution de l'impact social pertinente dans votre contexte spécifique. Pour résumer ce dernier point, pertinence, faisabilité, mais aussi traçabilité, cela veut dire que tout choix, toute hypothèse, tout calcul que vous retiendrez ou que vous réaliserez devra pouvoir être aisément traçable. Voici donc trois impératifs que vous devrez garder à l'esprit tout au long du processus. Nous avons donc fait le choix au sein de la chaire Innovation et entrepreunariat social de l'ESSEC d'expérimenter de façon approfondie l'approche SROI car c'est une approche pragmatique qui présente l'avantage de pouvoir englober d'autres approches, ceci pour renforcer l'analyser. C'est cette méthode que je vais vous présenter maintenant dans la suite de ce module. Le SROI, nous l'avons vu dans le module précédent, c'est un ratio. Une analyse qui repose sur les sept principes que je vous ai énoncés précédemment et qu'il est temps maintenant d'expliciter. D'abord le premier, impliquer les parties prenantes. Les parties prenantes ce sont les personnes ou les organisations qui vivent le changement résultant de votre activité. Elles seront donc les mieux placées pour décrire ce changement. Ce principe signifie que les parties prenantes doivent être identifiées puis impliquées tout au long de l'analyse de façon à ce que le processus d'évaluation soit nourri par ceux et celles qui sont touchés par votre activité ou qui ont une influence sur celle-ci. Le deuxième principe c'est comprendre ce qui change. Vous devez expliquer comment le changement est créé et l'évaluer en réunissant les données qui témoignent des effets positifs ou négatifs, attendus ou inattendus. Troisième principe, valoriser ce qui compte. Certains effets de votre activité sont qualitatifs ou du moins difficiles à quantifier de façon immédiate. Vous devrez malgré tout chercher à les valoriser monétairement ou non pour que la valeur sociale de tous les résultats puisse être reconnue et pas seulement celle des résultats économiques. Le quatrième principe c'est n'inclure que ce qui est matériel. Là vous devrez vous poser la question des données qui doivent être incluses dans les calculs afin de fournir une image réaliste et honnête de votre impact permettant à vos parties prenantes de tirer des conclusions pertinentes. Le cinquième principe c'est de ne pas surévaluer. Ce principe vous invite à ne revendiquer que la création de valeur dont vous êtes à l'origine, ce qui signifie à la fois prendre en compte ce qui ce serait passé quoi qu'il arrive et considérer d'autre part l'apport d'autres personnes ou organisations au résultat que vous avez relevé. Le sixième principe c'est être transparent. Votre rapport devra expliciter les décisions relatives aux choix des parties prenantes, des résultats, des indicateurs et préciser vos sources d'information et méthodes de collecte. Votre analyse pourra ainsi être considérée comme précise et sincère. Elle n'en aura donc que plus de crédibilité. Enfin le septième principe c'est de vérifier les résultats. Bien qu'une analyse SROI donne l'opportunité de comprendre plus en détail la valeur que vous créez elle implique inévitablement une part de subjectivité. Donc une garantie indépendance appropriée pourra être nécessaire pour aider vos parties prenantes à évaluer la pertinence des décisions prises par les responsables de l'analyse. Revenons maintenant sur les étapes du SROI et la notion de carte des impacts. Vous trouverez en téléchargement sur les ressources complémentaires la carte des impacts. Je vous recommande de l'imprimer en format A3 et en couleur. Cette carte sera votre point de repère tout au long de votre démarche. La démarche peut se décomposer en trois grandes étapes. D'abord, il faut prioritairement identifier vos parties prenantes, les hiérarchiser et sélectionner les plus pertinentes puis déterminer les contributions qu'elles apportent à votre organisation et les résultats ou effets que votre action à sur elles. Il s'agit de bien qualifier le changement que vous voulez obtenir. Deuxième étape, vous devez transformer ces effets en indicateurs, réfléchir à leurs durées et aux éventuelles interventions extérieures qui ont contribué à l'atteinte de ces résultats. C'est ce que l'on nomme le poids mort ou encore le taux d'attribution. Troisième étape, vous pourrez alors aborder la problématique de la monétarisation qui est la dimension la plus polémique de l'approche SROI. Mais nous en reparlerons plus loin et je détaillerai ces trois étapes dans la vidéo suivante. [AUDIO_VIDE]