[MUSIQUE] [MUSIQUE] Après avoir défini l'investissement à impact et ses principaux acteurs, entreprises et financeurs, il est temps de se pencher sur ses différentes modalités : Instruments de financement, durée d'investissement et implication dans la gouvernance des organisations financées. Je vais structurer ici le propos par instrument de financement et j'en préciserai les principales modalités, en commençant par les deux instruments de financement majeurs, la dette et le capital, avant d'évoquer des instruments de financement spécifiques de l'économie sociale et solidaire. D'abord, l'investissement à impact repose sur les instruments de financement classiques que sont la dette et le capital. Quelles sont les caractéristiques d'un investissement en dette? Eh bien la dette est un titre financier donnant droit au paiement d'intérêts et au remboursement du principal selon un échéancier déterminé et connu à l'avance. Les créanciers ne sont pas propriétaires de l'entreprise et ne participent donc pas, ou très peu, aux instances de gouvernance. Les créanciers se protègent la plupart du temps en demandant des garanties qui seront actionnées en cas de défaut de paiement de la part de la société. L'échéancier de remboursement implique une contrainte financière pour la société qui doit être en mesure de générer suffisamment de revenus, de trésorerie pour y faire face. On parle d'obligations pour désigner des titres de dette cédés à des investisseurs non bancaires. Les autres caractéristiques d'un financement par la dette sont la durée de remboursement, le profil de remboursement, en particulier si le remboursement du principal est différé, étalé en échéances égales ou encore remboursé en toute fin de prêt, les taux d'intérêt et, enfin, la garantie ou le collatéral. En outre, dans l'investissement à impact, les prêts peuvent être complétés par du conseil et de l'accompagnement, comme c'est le cas dans le réseau France Active ou le réseau Adie pour les microentrepreneurs. Quelles sont maintenant les caractéristiques de l'investissement en capital? Un investissement en capital correspond le plus souvent à une émission d'actions, c'est-à -dire une fraction de la propriété de la société. Les actions ainsi émises donnent généralement des droits de vote à leurs détenteurs au sein des instances de gouvernance. En outre, les détenteurs de ces actions perçoivent une partie des bénéfices de la société qui leur sont distribués sous forme de dividendes. Toutefois, les actions peuvent être de différents types. Certaines actions peuvent être dénuées de droit de vote et/ou donner un accès plus ou moins prioritaire à la distribution de dividendes. La valeur financière d'une action est déterminée par les flux financiers qui peuvent en découler, que ce soit régulièrement via les dividendes ou alors, in fine, au moment de la cession de l'action. Les détenteurs d'actions supportent une incertitude fondamentale en termes de versement de flux financiers ; rien ne garantit que la société sera capable de verser des dividendes ou que ses actions pourront être cédées pour un prix supérieur au prix d'entrée. Il y a donc un risque de perte en capital important, d'autant plus que les actionnaires sont les derniers à être remboursés en cas de cessation d'activité ou de faillite de l'entreprise. Les actionnaires acceptent de supporter ce risque car en cas de réussite ils pourront capter une part importante de la création de valeur, là où les créanciers en dette ne percevront jamais que les intérêts et le principal du prêt consenti. On peut distinguer plusieurs types d'apport en capital selon la nature de l'investisseur. On les distingue principalement par le niveau de risque toléré, le montant du ticket d'investissement et la durée de détention des fonds propres. Ces différents apporteurs de fonds propres correspondent, en fin de compte, à différents stades de développement de l'entreprise. Les fondateurs sont, par nature, les premiers à investir des fonds propres dans l'entreprise. Les proches peuvent également en apporter ; on parle de love money ou des FFF, Family, Friends and Fools. Les business angels sont des investisseurs particuliers, souvent fortunés, capables d'investir des tickets allant de 50 000 euros à quelques millions d'euros dans des sociétés. Il s'agit souvent d'entrepreneurs ayant revendu leur entreprise ; ils se sont ainsi constitués un capital financier significatif et ils sont souvent investisseurs dans plusieurs sociétés. Ces investisseurs se regroupent parfois en réseau, comme Femmes Business Angels ou Business Angels des Grandes Écoles. On trouve aussi les acteurs du Capital Risque, Venture Capitalist, ou VC en anglais, et du Capital Développement qui investissent généralement à partir de quelques centaines de milliers d'euros. On trouve également les investisseurs en capital-transmission qui, eux, effectuent des transactions sur ce qu'on appelle le secondaire, c'est-à -dire que les fonds propres apportés ne seront pas de nouvelles ressources pour l'entreprise, mais permettront de racheter la mise d'investisseurs précédents. Alors, la grande question est : dette ou fonds propres? Une organisation fait appel à l'une ou l'autre de ces modalités selon ses besoins et souvent de manière complémentaire. La dette répond soit à un besoin d'investissement lié à un actif tangible et rassurant pour les prêteurs, comme l'achat d'un terrain ou de machines, soit une stratégie d'effet de levier sur un niveau de capital élevé qui constitue également une garantie pour les investisseurs en dette. L'apport en capital, quant à lui, répond aux autres besoins de financement que sont, par exemple, la nécessité d'assumer des pertes ou un fort besoin en fonds de roulement, le temps que l'organisation atteigne un niveau d'activité suffisant pour être autofinancée.