[MUSIQUE] [MUSIQUE] Vous l'avez compris, le choix du statut juridique repose très fortement sur la gouvernance. La réflexion sur la gouvernance est souvent un des aspects les plus complexes de la création d'entreprise, que les entrepreneurs ont trop tendance à mettre au second plan. Si ils réfléchissent spontanément à leur modèle économique et aux modalités de financement, ils négligent trop souvent l'importance à accorder à l'organisation d'une gouvernance. Alors que recouvre exactement le terme de gouvernance? Il va bien au-delà du choix des statuts juridiques. La gouvernance, c'est l'ensemble des règles qui régissent le partage, le contrôle et l'organisation du pouvoir au sein d'une structure, et les relations entre ses instances. En d'autres termes, il s'agit, pour vous, de déterminer, dès la phase de construction de votre business plan, comment s'organisera le pouvoir dans votre entreprise. Qui va diriger, prendre les décisions au niveau stratégique et au niveau opérationnel? Mais aussi, qui va conseiller votre entreprise? Et enfin, qui la contrôlera? Il s'agit aussi de bien définir quelles parties prenantes, c'est-à -dire quelles sont les personnes, physiques ou morales, qui constitueront les organes dirigeants et consultatifs de votre entreprise, pour être le plus efficace possible et maximiser son impact. Quelles sont les parties prenantes qu'il faudra associer à la bonne marge de l'entreprise? Ces personnes seront d'autant plus faciles à mobiliser qu'elles auront été identifiées puis associées dès le début du projet. Organiser les conditions d'une gouvernance participative, c'est-à -dire d'un processus de décision partagé entre des parties prenantes multiples, permet de renforcer la démarche responsable d'une entreprise, voire de garantir sa finalité sociale. Pour autant, l'impératif d'efficacité et de réactivité doit également être bien pris en compte. Les statuts juridiques de l'économie sociale et solidaire impliquent, on l'a vu, cette prise de décision collective. C'est évidemment le cas des associations, qui sont la réunion d'au moins deux personnes et qui sont généralement administrées de façon démocratique par des bénévoles garants de sa finalité sociale. C'est également, on l'a vu, le cas des coopératives, où la répartition du pouvoir est aussi basée sur le principe de un homme une voix, et implique tous les associés à la vie de l'entreprise et aux décisions de gestion. Au-delà du statut juridique, le mouvement des entrepreneurs sociaux a inspiré une récente loi qui crée un label Entreprises sociales et solidaires. Ce label inclut, dans ses critères, une gouvernance participative de l'entreprise, mesurée par un faisceau d'indicateurs : un processus de décision non proportionnel à la propriété du capital, un ancrage territorial, des partenariats forts avec des acteurs locaux, une participation au conseil d'administration de parties prenantes différentes des apporteurs de capitaux, s'inspirant du fonctionnement génétique des statuts de l'économie sociale et solidaire. Les entreprises sociales peuvent également avoir des parties prenantes très spécifiques, par rapport aux entreprises dites classiques : des ressources humaines bénévoles en plus des salariés, des donateurs, des financeurs publics, des bénéficiaires ou des usagers, dont il convient également de se demander si elles participeront ou non à la gouvernance de votre entreprise. Il est également nécessaire de se demander : à qui seront affectés les bénéfices, et comment seront-ils réaffectés à la mission sociale de l'entreprise? Enfin, une gouvernance collective est source de grande richesse pour l'entrepreneur, et clé du succès et de la pérénnité de son projet. Comme dans un projet à but strictement lucratif, il est primordial pour l'entrepreneur de bien s'entourer, afin de se doter des compétences qui lui manquent pour ne pas tomber dans l'isolement et la solitude, et pour convaincre ses partenaires et ses financeurs, une équipe donne toujours plus confiance qu'un individu isolé. Si le statut associatif, au moment du démarrage de votre projet, peut sembler idéal par sa facilité de mise en œuvre et sa souplesse, il vous permet d'exercer une activité marchande tout en solicitant des subventions, il implique, comme tous les statuts de l'économie sociale, une gouvernance collective. Ainsi, si vous souhaitez vivre de votre projet, vous devrez confier la gouvernance à un conseil d'administration auquel vous rendrez des comptes et qui sera détenteur d'une partie du pouvoir. À l'inverse, un statut strictement commercial vous assure que resterez seul maître à bord, mais attention alors à garantir correctement votre mission sociale, vis-à -vis notamment d'investisseurs solidaires. En bref, les questions liées à la gouvernance ont des impacts directs sur le modèle économique de votre entreprise et les conditions de son développement. Ne les sous-estimez pas, et prenez-les en compte dès cette phase de conception.