[MUSIQUE] Mur invisible, leaky pipeline, plafond de verre, on a vu qu'il y a de l'espace, et beaucoup, dans les inégalités entre les hommes et les femmes, et on s'est dit qu'il fallait surtout parler des femmes d'ici, de la situation qui est la nôtre. Je voudrais développer un exemple pour revenir un peu sur ces questions, et cet exemple nous est fourni par une campagne qui a été faite par les Nations Unies pour dénoncer les inégalités faites aux femmes dans diverses sociétés. Car, évidemment, si on va parler essentiellement des femmes en Occident, ce n'est pas pour dire que tout est réglé partout, et c'est même l'occasion d'insister pour dire que ce ne sont pas les mêmes problèmes qui se posent partout. Alors, cette campagne que vous avez sous les yeux nous montre des visages de femmes. On devine de quel pays ou de quelle partie du monde elles sont originaires. Et puis, à la place de leur bouche, comme pour les taire, on fait apparaître un moteur de recherche, une saisie d'écran d'un moteur de recherche, Google en l'occurrence, sur lequel on a tapé quelques premiers mots. Ces premiers mots, c'est les femmes devraient, les femmes ne peuvent pas ou les femmes ont besoin de : women should, women cannot, and women need to. Et puis, comme vous le savez, le moteur de recherche est capable d'aller chercher les mots les plus probables, c'est-à -dire les mots les plus utilisés par les internautes pour cette recherche. Et il s'avère que, dans le premier cas que l'on observe, les premiers mots qui arrivent après women should, c'est l'illustration de gauche, c'est women should stay at home : les femmes devraient rester à la maison. De la même façon, deuxième exemple, quel est le mot qui apparaît le plus souvent après la recherche women cannot, eh bien c'est women cannot drive : les femmes ne devraient pas conduire. Et troisième exemple, avec le mot need, women need to, les femmes devraient, eh bien le premier mot qui apparaît dans les moteurs de recherche, c'est women need to be put in their place : les femmes devraient être remises à leur place. Donc, on se rend compte que dans ces trois sociétés, dans ces trois pays ou ces trois civilisations, d'une part il arrive très vite que se formalisent des interdictions à propos des femmes, mais qu'en plus les premières interdictions qui se formalisent sont des interdictions de nature spatiale. Et c'est absolument systématique. Ce n'est pas seulement la première, c'est aussi les suivantes, comme si la première manifestation de l'inégalité entre les hommes et les femmes, comme si la première manifestation de la domination masculine était effectivement une domination spatiale ou une domination géographique. Le fait que ce soit dans toutes les ères civilisationnelles, que ce soit semble-t-il un invariant anthropologique, nous pousse à y accorder beaucoup d'attention. Ça veut dire pour nous qu'on doit réfléchir de la façon suivante sur la frontière entre le masculin et le féminin, et c'est là -dessus qu'on va terminer cette première séquence, c'est que la frontière entre les femmes et les hommes est aussi une frontière entre des lieux, que la frontière entre le masculin et le féminin est une frontière sociale et en même temps une frontière spatiale, parce qu'être un homme et être une femme, c'est être à un endroit précis, et on tient son identité de l'endroit où l'on se trouve. Et ça s'opère par des obligations, des oppressions ou des libertés qui sont bridées essentiellement de deux façons, par l'assignation à résidence en obligeant quelqu'un à rester ou à habiter quelque part, ou en restriction de mobilité, c'est-à -dire en interdisant à quelqu'un de se déplacer, de prendre la voiture ou d'être présent dans la rue. Alors ceci va nous conduire à être attentifs sur le masculin et le féminin et en particulier sur une frontière importante de notre société qui est la frontière entre l'espace public et l'espace privé. On va réfléchir ensemble sur les rapports entre d'un côté le masculin et le féminin et de l'autre côté les rapports entre deux types d'espace, l'espace public et puis l'espace privé. On va prendre au sérieux l'idée de la frontière, on va la prendre au pied de la lettre en se disant que la frontière entre les hommes et les femmes, ce n'est pas une frontière symbolique ou sociale mais c'est bien une frontière réelle, matérielle, inscrite dans l'espace. [SON] Pour finir et vous aider à faire le bilan sur cette partie du cours que vous venez de suivre, ce qui est important d'avoir retenu, c'est bien sûr le concept de genre, ce qu'il signifie, ces différents types d'interactions entre le genre et l'espace, et puis c'est ces notions de plafond de verre et de mur invisible que je vous ai exposées tout à l'heure.