[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans le module 4, nous avons mis en exergue l'essor de la galaxie Internet. Entre 1991 et 2005, cette galaxie se développe sur une base technologique issue de l'essor des réseaux de télécommunication. Mais à partir de 2006, le terme de galaxie du Web nous paraît pertinent. Le Web devient social. Il est porté par ce que l'on appelle des activistes du Web, des passionnés des technologies, pourtant, mais qui vont faire la transition vers une nouvelle ère, celle du Web. Par exemple, avec Tim O'Reilly. Tim O'Reilly est avec Dougherty un auteur principal, celui qui crée l'idée du Web 2.0. Donc on voit apparaître des générations de Web différents, Web 1.0 qui était celui des années 1990 et, petit à petit, le Web 2.0, 3.0, 4.0... Les Web 1.0 était un Web avec de la diffusion d'information, une diffusion unilatérale, un sens unique : du producteur vers des internautes qui étaient passifs. En 1999, un livre précise finalement la révolution en cours. Il s'intitule La Cathédrale et le bazar. C'est un ouvrage d'Éric Raymond. Qu'entend-il par cathédrale? Eh bien la cathédrale, c'est l'organisation rationnelle, traditionnelle, qui était celle, de la fin du XIXe siècle, des entreprises qui sont organisées sur une base de division du travail, de la rationalité économique. Le bazar, c'est tout à fait quelque chose de différent. C'est ce qui caractérise le numérique, qui caractérise les geeks, c'est-à -dire que ce sont des communautés en interaction qui vont développer de façon collaborative, d'abord, des logiciels open source. C'est ce que décrit Éric Raymond avec son ouvrage. Les logiques peer-to-peer, les logiques de blogs, les logiques de référencement se développent. Le contenu est porté, par exemple, par Wikipedia qui illustre bien cette nouvelle ère. C'est-à -dire que ce n'est plus une production qui est imposée par un éditeur connu, ce sont les internautes qui fabriquent eux-mêmes le contenu. La collaboration est en marche et il y a même un auteur, en 2004, qui propose un ouvrage qui s'appelle La Sagesse des foules. C'est Surowiecki. De quoi parle-t-il? Eh bien, il explique que, finalement, les foules, en l'occurence les internautes, ensemble, vont créer du contenu, vont être intelligents, plus intelligents que dans un système hiérarchisé et organisé. Le Web 2.0 est donc un Web dynamique, interactif, collaboratif. Va succéder l'expression de Web 3.0 dont la paternité est moins évidente. On l'attribue à Tim Berners Lee, l'inventeur du Web. Ce Web 3.0 indique que l'on a de plus en plus de données partagées et réutilisées entre plusieurs applications, des entreprises, des groupes d'utilisateurs, et puis, peu à peu, le Web se développe encore avec la mobilité, les objets connectés. L'idée de sémantique commence à poindre et à se développer. De quoi s'agit-il? Il s'agit d'un Web plus intelligent qui est capable de partager des connaissances contextualisées. C'est un petit peu l'évolution que vous observez quand vous utilisez un moteur de recherche tel que Google, vous commencez à pouvoir lui poser des questions et il commence à comprendre un peu mieux le sens de vos questions et à vous donner des réponses contextualisées. Dans les années 2020, on assiste au développement du Web 4.0. Cette fois-ci, l'intelligence artificielle, le machine learning, l'Internet des objets, se développe. Les traitements de données sont omniprésents. Les logiciels sont autonomes, sans intervention humaine. Par exemple, les chatbots, qui peuvent converser avec vous, donnent une idée des futures applications où ce ne sont plus des hommes qui échangent entre eux mais ce sont des hommes qui peuvent échanger avec des machines. Ces approches, donc, redessinent l'articulation entre le Web et la technologie. Mais, en même temps, à partir de 1999, est annoncée une nouvelle ère. Une nouvelle ère qui va être de plus en plus sociale. Comment est annoncée cette nouvelle ère? Par un ouvrage qui s'appelle le Cluetrain Manifesto, c'est le Manifeste des évidences. Est-ce que vous savez ce dont il sagit? Eh bien, le Cluetrain Manifesto annonce implicitement, presque une décennie à l'avance, l'arrivée des médias sociaux. Sa traduction, donc, le Manifeste des évidences, c'est un manifeste qui est repris par des auteurs issus des grandes entreprises du numérique, telles que IBM, Sun Microsystems, qui a disparu d'ailleurs depuis, et d'autres grandes entreprises. Il y a plusieurs versions d'ailleurs du Cluetrain Manifesto, dont certaines plus récentes, mais là je parle de la version originelle de 1999. Qu'est-ce qu'il est écrit dans ce Cluetrain Manifesto à travers ses 95 thèses? Eh bien, c'est un appel aux hommes et à la société de participer à des conversations mondiales qui sont permises notamment par l'Internet. Il y a un côté à la fois utopique mais en même temps une logique de marché qui est sous-jacente. Vous pouvez lire sur Internet les 95 thèses. Nous n'allons, évidemment, pas les présenter maintenant. Les thèses 1 à 6 annoncent une idée fondamentale du Cluetrain Manifesto à savoir que les marchés sont des conversations. Internet est une place de marché mondiale, une nouvelle organisation sociale. Toutes les activités, toutes les transactions des entreprises et des consommateurs se font sur cette place de marché internationale, sur cette place de marché mondiale qu'est Internet. Les autres thèses du Cluetrain Manifesto montrent que les hypertextes effacent la hiérarchie. Il n'y a plus la hiérarchie traditionnelle des entreprises. La connexion permet de réunir les individus directement. Le rôle des intranets change l'accès aux données. En fait, le Cluetrain Manifesto, c'est l'annonce aussi de la nouvelle communication digitale. Selon les auteurs, une nouvelle conversation mondiale a commencé grâce à Internet, les gens découvrent, inventent de nouvelles façons de partager les connaissances. Les entreprises aussi doivent réinventer leurs pratiques de communication sur le Web. La communication, la conversation est inversée. Il n'y a plus de hiérarchie. Des sites, des Web, des médias sociaux appartiennent tous au même espace de communication. Le social media management et le community management passent par cette communication digitale globale. Ainsi, alors que la galaxie Internet était orientée sur les technologies et les télécoms, le Web qui devient 2.0, 3.0, 4.0 montre qu'il y a des dimensions communicationnelles qui se font en dehors des entreprises. Le bazar remplace la cathédrale, la sagesse des foules remplace la hiérarchie. Nous sommes donc passés, maintenant, de plain-pied à une galaxie du Web avec des médias sociaux et des évolutions sociétales considérables que nous allons décrire et approfondir dans les dernières séquences de ce MOOC. [MUSIQUE]