[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je suis Palobdé Émilie Kyedrebeogo. Je suis la présidente de la SAS Palobdé Afrique et je suis la promotrice des serviettes hygiéniques réutilisables Palobdé. Pour les jeunes filles et les femmes, on fait des serviettes hygiéniques réutilisables à base de coton du Burkina Faso pour permettre d'abord de lutter contre le problème de déscolarisation des jeunes filles à l'école. Parce qu'en Afrique, les études montrent qu'une fille sur dix manque l'école régulièrement parce qu'elle n'a pas tout ce qu'il faut pour prendre soin de ses menstrues. Ensuite, nous voulons aussi aider les femmes à prendre soin de leurs menstrues. Enfin, nous voulons aussi contribuer à la protection de l'environnement, avec moins de déchets liés aux serviettes qui seront jetées dans l'environnement. L'entreprise a été créée en 2017. J'ai commencé avec quatre employés et un chiffre d'affaires de 60 000. Et en 2018, on est passés à 16 millions de chiffre d'affaires avec 19 employés. En 2019, on était à 40 employés, avec 49 millions de chiffre d'affaires. [MUSIQUE] Pour moi, un entrepreneur à impact c'est quelqu'un qui pense aux autres. Ça veut dire que c'est intégré en lui. C'est quelqu'un qui cherche des solutions pour améliorer les conditions de vie d'autres personnes. Cette personne ne pense pas à elle-même. Et ce n'est pas qu'elle le fait et elle en est, C'est une manière inconsciente que cette personne va toujours réfléchir à des solutions pour aider d'autres personnes. C'est comme ça que je définis un entrepreneur à impact. Pour moi aussi, l'entrepreneur à impact c'est quelqu'un qui est très positif et qui apporte des propositions. Chaque fois que vous allez être à côté de cette personne, la personne va réfléchir solution, la personne va chercher à ajouter de la valeur à quelque chose. Ceux qui sont entrepreneurs à impact, au début, ils ne pensent pas à gagner de l'argent, ils pensent surtout à résoudre un problème de société. Pour mon cas, ça a été : qu'est-ce que je peux faire pour aider les jeunes filles? Qu'est-ce que je peux faire pour que les jeunes filles soient épanouies? Tout de suite, je ne réfléchis pas à est-ce que je vais vendre ou à combien je vais vendre des kits, et combien ça peut me rapporter, qu'est-ce que je vais faire avec cet argent. Justement, c'est en voulant aider les autres que souvent, on est dans la passion et on a un produit qu'on propose, mais on ne veut même pas mettre un prix, ou on met un prix qui peut-être ne couvre pas nos charges parce que la priorité c'est d'abord d'aider les autres. Quand on nous accompagne, on apprend que oui, on peut gagner de l'argent. Pas s'enrichir, mais on peut quand même gagner de l'argent parce qu'une entreprise, il faut de l'argent pour que ça fonctionne, et on peut avoir le minimum pour fonctionner tout en aidant un maximum de personnes. [MUSIQUE] Ce qui fait de moi un entrepreneur à impact au quotidien c'est que je me suis engagée, je me suis investie à aider les femmes et les jeunes filles. Et au quotidien, en travaillant pour aider ces femmes et jeunes filles, je suis arrivée à embaucher des personnes, je suis arrivée à avoir des partenaires, ce qui fait qu'aujourd'hui, on a près de 200 personnes qui sont en emploi direct ou indirect, qui bénéficient d'un revenu régulier. Cela n'a pas été planifié, mais c'est en voulant aider les femmes et les jeunes filles, en voulant faire en sorte que leur vie soit plus agréable au quotidien qu'on a vu que d'autres personnes aussi ont été impactées. En travaillant, par exemple, avec les associations de femmes, on a rencontré une mamie qui venait régulièrement travailler. Elle avait un petit travail qu'elle faisait, et elle voulait même venir travailler le dimanche. Elle ne gagnait aucun revenu à la fin du mois, et avec ça, elle pouvait avoir 15 000 à 20 000 francs CFA. Au-delà de gagner de l'argent, pour elle, c'était le fait d'être utile. Quand on entend des témoignages comme ça, on est content parce qu'au-delà d'aider les jeunes filles, beaucoup de personnes autour sont impactées. Et pour moi aussi au quotidien, je rencontre des personnes qui sont inspirées par mon engagement, ma détermination à réussir dans tout ce que je fais. Cela aussi est réconfortant, et on se sent vraiment impactant, on sent qu'on contribue à l'épanouissement d'autres personnes. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Quand j'ai commencé à réfléchir sur mon idée d'aider, de faire des serviettes hygiéniques réutilisables pour aider les femmes, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de personnes dans mon entourage qui y croyaient. Déjà , dans mon entourage, plusieurs personnes trouvaient que le projet n'allait pas être viable. Et même au niveau des partenariats et institutions, quand j'ai commencé et que je parlais du projet, je voyais qu'il y avait une réticence. Vous savez que les règles aujourd'hui toujours dans notre pays, en Afrique, c'est toujours un tabou. On n'en parle pas. Quand on veut entreprendre dans ce sens et qu'on parle de règles, on trouve des réticences. Et le fait même que ce soit ça, ils ne voient pas ce qu'il y a derrière. Je pense que ce qui m'a fait avancer c'est le fait que je m'étais construite un [INCOMPRÉHENSIBLE], que je n'avais pas peur de prendre des risques et que vraiment, je suis convaincue qu'on n'a rien si on ne risque rien. C'est le sens que je donnais. Le fait que chaque jour je rencontrais quelqu'un ou que je revoyais des témoignages de personnes qui ont dit : « Ça va m'aider et j'y crois », et moi, je me suis dit : « C'est possible. Je peux le faire. Si d'autres l'ont fait, si d'autres ont pu changer le monde, c'est parce qu'ils ont cru en leurs rêves J'y crois. Je pense que je vais y arriver. » Je pense que je n'étais pas dans l'erreur. Aujourd'hui, après quatre ans, je peux être fière de ne pas avoir abandonné quand c'était dur. [MUSIQUE]