Alors, parlons maintenant de l'incertitude de futur, du futur, de nos futurs personnels, historiques, humains, planétaires. Alors, j'ai tout à l'heure que nous pouvons considérer le futur sous l'ordre du probable. Que là-dessus on peut faire des prévisions. Nous pouvons voir, disons, la probabilité d'accroissement du nombre d'automobiles dans les pays émergents, Nous pouvons voir la probabilité Voyez on peut voir de l’accroissement urbain sur la planète. Voyez on peut voir beaucoup de choses probables. Mais, souvent le nouveau c'est l'improbable. On peut parfois essayer de le deviner, de le supposer, mais c'est assez difficile. Prenez le cas de l'accroissement urbain, si ça continue, dans trente ans, il y aura 86 % des humains qui seront dans des villes, dans des mégapoles. Mais à ce moment-là qu'en sera-t-il des campagnes? Est-ce que les villes pourront être nourries par de l'agriculture industrialisée et de l'élevage qui sont nocifs et qui aujourd'hui sont déjà mis en question? Est-ce qu'il n'y aura pas un retour à la campagne? Déjà, dans Paris il y a moins de gens qui vont à Paris, que des gens qui quittent Paris pour la province ou la campagne. On peut dire peut-être que le mouvement peut s'inverser. C'est improbable, mais moi je dirai que de voir que déjà, des urbains, jeunes par exemple, songent à aller à la campagne pour faire de l'agriculture biologique, de l'élevage des chèvres. Ce sont des signaux faibles. Des signaux faibles, si vous voulez qui, dans le fond, ne donnent aucune certitude, mais qui indiquent qu'il y a un mouvement qui commence et qui peut-être aura beaucoup d'avenir. Et ça, donc, ça fait partie un peu de notre problème. Prenez par exemple la question du danger que court la biosphère, à cause des dégradations écologiques, des pollutions et cetera. Ce danger, il a été signalé pour la première fois, vers 1969, 70, et notamment par un rapport qu'on appelait le rapport Meadows, où ce futurologue, ce scientifique, prédisait que dans le fond, un mouvement de dégradation de la planète allait se produire, et que dans le fond il fallait prendre des mesures de précaution. Il y a eu donc dans les années 70 cet appel. Mais, on peut dire que à l'époque, est-ce que c'était un signal fort? Il était fort, par sa menace, mais il était faible parce qu'il allait à l'encontre de toutes les idées reçues. Personne ne pensait à l'époque au problème de pollution des villes, personne ne pensait à ce moment-là au problème de la diminution de la biodiversité, personne ne pensait donc à tous les problèmes qui aujourd'hui nous semblent évidents. Donc voici un signal faible, qui en même temps était assez fort, mais qui est devenu fort aujourd'hui, après des dizaines d'années, où il y a eu Tchernobyl, où il y a eu Three Mile Island, où il y a eu Fukushima, où il y a eu le réchauffement climatique. Et alors là, maintenant nous pouvons dire que effectivement, il faut prendre des mesures de précaution, sinon nous allons vers une dégradation totale pas seulement de notre milieu naturel, mais de notre milieu humain, de nos vies humaines elles-mêmes. Donc, voici un problème de réponse aux incertitudes et aux angoisses du futur. Alors, d'ailleurs sur un plan individuel moi je crois que le retour, pas seulement aux astrologues, aux voyances, mais, disons d'avoir des gri-gri, des amulettes, ces gens qui ont une petite image une petite, un petit St Christophe sur leur voiture, enfin tous ces gens qui ont mille petites choses comme ça de protection, moi je pense que c'est assez utile, parce que ça leur donne une petite aide, pour affronter le futur, à condition qu'ils ne croient pas qu'ils sont protégés à 100 %. Donc si vous voulez, je ne suis pas contre tous ces petits gri-gri, toutes ces choses-là, c'est pas mal du tout. J'en ai un ou deux, d'ailleurs, dans ma poche, mais j'en dis pas plus. Je n'y crois pas, tout en y croyant, vous savez c'est un peu tout ça. Je crois que l'important, c'est de se préparer en esprit à ce fait que nous devons sans arrêt affronter de multiples incertitudes et de différents types, ou de différentes qualités, personnelles, cognitives, historiques et cetera. De crises. Nous devons nous préparer, c'est à dire notre maxime doit être : Attends-toi à l'inattendu, et notre idée c'est d'essayer de nous guérir de cette addiction aux certitudes dans laquelle nous avons trop tendance à aller, à nous plonger. Il faut nous guérir, vous savez, il faut se rappeler, bien entendu, nous avons besoin d'avoir des éléments de certitude, par exemple l'assurance maladie, c'est très bien contre l'assurance incendie, l'assurance cambriolage, tout cela si vous voulez c'est des choses qui peuvent nous aider à affronter les multiples incertitudes qui arrivent, multiplions les sécurités, mais ne croyons jamais que nous allons acquérir la sécurité absolue. Ne croyons pas, nous sommes dans une civilisation je l'ai dit, qui fabrique du risque, en plus des risques continus de l'histoire humaine. Nous sommes dans une aventure humaine qui est une aventure elle-même inconnue, elle est inconnue depuis la préhistoire, enfin pour ceux qui la vivent, jusqu'à maintenant et nous ne savons pas ce qui va en sortir. D'ailleurs on va examiner ça dans une ultime séance. Donc nous sommes dans l'aventure de la vie, dans l'aventure du monde, et je dirais même, le grand progrès de la cosmologie, c'est à dire de la science de l'univers que pratiquent les astrophysiciens, c'est de nous montrer que le monde lui-même va vers l'inconnu. Il tend à se disperser, sous la poussée d'une énergie noire. Mais jusqu'où ira cette dispersion? Est-ce qu'il va se reconcentrer, nous ne savons pas. Le monde est incertain, la vie est incertaine la planète tôt ou tard subira le refroidissement du soleil, donc nous devons assumer pleinement cette vie, affronter les incertitudes, mais en étant capables de vivre pleinement, qui est la seule façon d'affronter, la façon la plus profonde d'affronter l'incertitude.