Donc j'arrive à un point qui est très important qui est le point de la décision et de l'action. Ce que nous devons savoir, d'ailleurs je l'ai dit lors de mon dernier exposé, c'est que toute décision doit être considérée comme un pari. Parfois c'est un pari où on ne risque pas grand chose, parfois c'est un pari extrêmement risqué. D'ailleurs vous savez que Von Neumann a très bien formalisé ce que chacun de nous sait d'instinct dans ce qu'il a appelé le minimax. Si vous voulez avoir le maximum de chances vous prenez le maximum de risques. Mais si vous voulez avoir le minimum de de risques vous prenez le minimum de chances. C'est à vous de savoir ce que vous risquez. C'est à chacun de savoir comment il veut jouer dans le jeu de la vie. Donc j'ai dit que la décision, on doit savoir qu'elle est un pari, et elle doit être suivie d'une stratégie, c'est-à-dire la capacité de revoir un peu l'action en cours de route, de modifier son chemin, d'utiliser les informations et cetera. Alors ça, je l'ai déjà un peu dit dans ma, sur l'incertitude, je vais arriver à quelque chose aussi de très général qui est la relation avec autrui. Alors je partirai de cette théorie de la communication qu'a élaborée Shannon, dans les années 1940, vous voyez, c'est une théorie très ancienne, pourtant on n'y réfléchit jamais assez. Pourquoi? Parce que Shannon nous dit la communication d'une information se fait entre un émetteur et un récepteur. Mais il nous dit pour qu'il y ait une réception correcte, il faut que l'émetteur et le récepteur aient le même code, à commencer par le code linguistique, si quelqu'un me parle en chinois, il est évident que je ne comprends rien, bien qu'il me donne une information très intéressante. Donc il faut qu'on ait le même langage et à ce moment-là. Mais, dit-il, entre l'émetteur et le récepteur il y a un espace. Ça peut être un espace téléphonique, un espace d'air qui sépare deux téléphones portables, ça peut être l'espace qui sépare deux personnes qui se parlent, face à face, et justement dans cet espace il y a le risque de ce qu'il appelle le noise, le bruit, c'est-à-dire le facteur qui va perturber l'audition. Alors ce facteur peut être très différent : ça peut être le grésillement d'un téléphone, d'ailleurs nous savons tous ça, parce que nous répétons le numéro de téléphone qu'on nous donne pour être bien sûrs qu'on ne se trompe pas de chiffres. Il y a toujours une difficulté pour recevoir correctement le message. Il y a le risque de malentendu qui est permanent. On voit sans arrêt, on dit mais non tu m'as dit ça, mais non c'est toi qui m'as dit ça et cetera. Donc, vous avez la relation avec autrui qui est quelque chose de très, très, très aléatoire, et il faut se rendre compte qu'il y a aussi le risque du malentendu, et le malentendu peut venir aussi du sous-entendu. Donc voici des choses qu'il faudra travailler. Moi si j'avais à développer un travail, disons, sur la lutte contre l'erreur, je développerai cette chose avec des exemples et cetera. Alors maintenant il y a quelque chose d'important qu'on appelle l'intuition. Alors il y a deux sortes d'intuition : il y a les gens qui disent j'ai eu l'intuition que ma grand-mère était malade bien qu'elle se trouve à 10 000 kilomètres de là, mais j'ai rêvé d'elle et cetera. Et il se trouve qu'effectivement la grand-mère était malade. Alors on peut dire, il y a une communication qui a existé, on ne peut rien en dire. Dans l'état actuel des connaissances. Mais il y a une autre intuition, qui est l'intuition de la personne à qui l'on parle, ou qui vous parle. Alors, pour comprendre ce type d'intuition, je vais donner l'exemple de Clever Hans. Clever Hans était un cheval savant et calculateur qu'on produisait dans des spectacles. Alors, on lui posait par exemple une multiplication. Vous multipliez 24 par 342, et alors Clever Hans répondait avec le sabot de son cheval. Quand il y avait par exemple, il commençait par les unités, il donnait le, et puis à un moment donné il s'arrêtait, il passait aux dizaines, il continuait, il s'arrêtait, il passait aux centaines et il donnait le chiffre exact de la multiplication. Alors des scientifiques ont dit nous on va poser la question à Clever Hans. Ils ont posé la question à Clever Hans qui a répondu parfaitement. Alors ils se sont dit mais, qu'est-ce qu'il se passe? Alors il y a eu un scientifique qui a eu une idée. Il a dit écoutez, je vais mettre un paravent entre moi et Clever Hans, il a posé la question, et Clever Hans n'a pas pu répondre. Alors on a compris que ce cheval n'était peut-être pas mathématicien, mais qu'il était très psychologue. C'est à dire, il s'est rendu compte à des signes imperceptibles du visage du questionneur que celui-ci était content quand on arrivait au bon chiffre des unités, des dizaines, et alors à ce moment-là, il répondait. Et qu'est-ce que c'est de l'intuition? C'est que sans le savoir vous manifestez par des mouvements imperceptibles des muscles de votre visage, par des façons dans votre regard, pour des personnes qui sont intuitives elles saisissent ça, même sans être conscientes, vous savez, ces phénomènes qu'on appelle subliminaires, et une personne intuitive, a le sens d'autrui. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que chacun peut essayer de cultiver ses capacités d'intuition, et là encore il y a toute une série d'appentissages extrêmement intéressants. Alors bien entendu, vous avez le problème de l'erreur cette fois dans la relation sociale. Vous avez d'innombrables publicités qui vous vantent l'excellence des produits. Et là-dessus il faut avouer que c'est normal qu'on demande aux gens aux consommateurs de s'informer, de lire les notices, de lire que choisir. Vous avez aussi toutes les propagandes politiques qui contredisent leurs solutions. Là aussi vous avez un travail très, très difficile. Vous avez ce grand problème, sauf si vous avez déjà une idée bien enracinée, bien décidée, alors vous ne croyez que celui du parti qui vous plaît. Et les autres vous les balayez. Mais sinon, vous pouvez hésiter et cetera. Mais, vous savez, quand même, prenez le cas de la consommation. Vous êtes habitués à aller au supermarché, d'acheter en fonction de l'attraction de tel produit. Il est évident que vous avez besoin de faire un effort cognitif, c'est-à-dire, et même de lutter contre votre compulsion à consommer. Donc, voilà, là encore, vous êtes dans un domaine extrêmement quotidien de l'erreur et de l'illusion. Et nous allons arriver encore à ce problème, routinier.