[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Guy Ontanon, vous entraînez et vous avez entraîné de nombreux sportifs, comme Jimmy Vicaut, Muriel Hurtis, Christine Arron ou plus récemment Heather Arneton. Je suppose qu'une carrière de sportif de haut niveau, ça se gère avec des boucles à court terme. Comment gagner une compétition? Et en même temps s'inscrire dans la durée pour des objectifs toujours plus ambitieux. Guy, comment gérez-vous cette dualité entre les résultats à court terme et le fait de construire une carrière dans le temps? >> La première chose, surtout lorsque l'on est amené à entraîner des jeunes athlètes comme cela était le cas avec Jimmy Vicaut, que j'ai eu à 16 ans ou Heather Arneton au même âge, et de réussir à leur faire comprendre à eux et surtout parfois à l'entourage, qu'une carrière se construit, en effet, sur le long terme et dans le temps. C'est en effet un élément indispensable à appréhender, car on est confronté à une autre dualité. Les blessures et les résultats à court terme contre les objectifs sur le long terme. Ensuite, il faut que la relation de confiance soit la plus grande entre l'athlète et son entraîneur et que la planification mise en place par le coach tienne compte des objectifs de l'athlète à court terme, moyen et long terme. On va donc fonctionner par étape avec des objectifs intermédiaires. Prenons l'exemple de Jimmy VIcaut qui est arrivé en junior avec moi. Je lui ai d'abord fait participer à des compétitions mineures pour contrôler les acquis et fixer les apprentissages. Ensuite, l'objectif suivant était de rentrer dans les compétitions majeures telles les Diamond League en lui fixant des objectifs ambitieux mais réalisables comme entrer en finale, permettant de travailler sur sa confiance. La dernière étape au niveau de la planification était de viser des objectifs de médailles internationales. >> Sarah Ourahmoune, vous êtes une boxeuse, championne du monde en 2008 et vice-médaillée olympique en 2016, comment avez-vous géré votre carrière? >> J'ai débuté la boxe en 96. Ça a été une rencontre hasardeuse puisque je ne m'imaginais pas du tout boxeuse, encore moins championne de boxe. Je suis passée devant une salle de boxe à Aubervilliers et vraiment j'ai été attirée par les fresques, le ring, les sacs de boxe et puis j'y suis entrée, j'ai rencontré l'entraîneur qui gérait cette salle, Saïd Bennajem. Il avait été un grand champion, boxeur olympique, il avait fait les jeux de Barcelone, notamment, et il a su me vendre cette discipline vraiment avec brio, en me parlant de noble art, d'escrime des poings, de stratégie de combat et c'est ce qui m'a donné envie de tester, sauf qu'en 96, les femmes n'avaient pas encore le droit de boxer, donc, j'ai commencé l'entraînement sans me projeter au niveau de la compétition puisque les femmes ont eu le droit d'accéder au ring qu'à partir de 99. C'est là que j'ai voulu moi aussi découvrir un peu l'expérience du ring et j'ai accepté un premier combat. Cette expérience a été assez marquante pour moi puisque 99, c'était l'entrée des femmes dans un univers encore très masculin et il a fallu se faire sa place dans ce milieu et se faire sa place, ça voulait dire, venir à l'entraînement tous les jours. Montrer qu'on était capable aussi bien qu'un homme de boxer, de montrer une belle boxe aussi bien techniquement que tactiquement et puis au fil du temps, j'ai commencé à me faire respecter dans cette salle et dans ce milieu mais il a fallu du temps, il a fallu batailler et puis 99, c'est aussi la création de la première équipe de France. Donc, j'ai intégré cette première équipe. On a commencé à boxer à l'étranger, en sachant que dans d'autres pays comme en Suède ou en Hongrie, les femmes boxaient depuis 1939. Donc, on était vraiment très peu expérimentées et quand on arrivait sur les tournois, on était souvent l'équipe facile à battre. Mais, au fil du temps, on a commencé à faire notre place sur la scène internationale et en 2012, enfin la boxe féminine a intégré le programme olympique. Alors, pour nous, boxeuses, c'était une étape importante dans notre carrière puisqu'aller aux jeux, c'est le rêve de tous les sportifs mais pour nous, ça a été une belle forme de reconnaissance puisqu'à partir de ce moment-là , on a eu un encadrement beaucoup plus professionnel avec des entraîneurs beaucoup plus qualifiés et puis surtout un suivi médical. >> Certains entraîneurs de football affirment souvent gérer les matchs les uns après les autres. Gériez-vous les combats les uns après les autres ou aviez-vous dès votre première montée sur le ring, l'envie d'aller sur les plus hautes marches de votre sport? >> Les premiers combats, je me suis rendu compte, que j'avais en moi cet esprit de compétition, j'avais envie de gagner, j'aimais cette expérience du ring, j'aimais combattre, affronter les autres et puis surtout découvrir tout le potentiel que j'avais, en gagnant des combats, en gagnant aussi des titres. Je me suis rendu compte que j'avais un vrai potentiel et qu'il fallait que je l'exploite. J'ai eu envie d'aller encore plus loin, essayer de gravir doucement les marches du noble art et puis de me faire une place sur la scène internationale. À un moment donné, quand on a commencé à nous parler des Jeux olympiques, c'était en 2008 où l'on nous a dit que probablement les femmes allaient pouvoir intégrer les Jeux de Londres, je crois que ça a été un peu le déclic pour moi. J'ai eu envie de vivre cette expérience des Jeux et je me suis lancée dans quatre ans de préparation assez intense pour pouvoir, moi aussi, faire partie de cette aventure. >> Avez-vous connu des moments plus difficiles? >> Le plus dur pour moi, ça a été en 2012. J'ai échoué aux qualifications olympiques. J'étais numéro deux mondiale et j'ai enchaîné les combats un à un sur le tournoi de qualification en me sentant bien, en pensant vraiment que j'allais pouvoir y arriver, seulement, j'ai péché, enfin, en tout cas sur le dernier combat qui m'aurait permis de me qualifier, je me suis laissé parasiter par plein de pensées négatives, par la peur du résultat, par la peur d'échouer, de décevoir et je perds ce combat. Je décide sur cet échec d'arrêter ma carrière et puis quelques mois après, l'envie de remonter sur un ring pour tenter une ultime qualification aux Jeux naît et puis je me dis que ne peux pas continuer mon chemin en ayant autant de regrets. Il y avait la peur de me réveiller un jour en me disant que j'aurais pu, j'aurais dû et donc je suis repartie sur une préparation deux ans avant les jeux de Rio, en sachant que j'étais maman. Donc, il y avait la difficulté de me réapproprier un peu déjà ce corps entamé physiquement par la grossesse, par deux ans sans activité et puis, il y avait plein d'autres difficultés qui se sont présentées. Il y avait déjà mon âge puisque je me lance ce défi à l'âge de 32 ans, et puis une fédération qui n'a pas forcément cru en mon projet olympique. Donc, il a fallu que je me reconstruise presque seule, mais ça a été une vraie source de motivation parce qu'il y avait déjà l'envie vraiment de participer aux Jeux de Rio et puis j'y croyais. Et, je crois que ça, ça a été vraiment la clé de réussite. >> Un leader doit toujours avoir une communication à deux niveaux de temporalité, long terme et court terme. Voilà la destination envisagée, mais la première étape est la suivante. Le long terme définit la cible et le court terme, la première action pour parvenir à la cible. Ainsi, les collaborateurs perçoivent ce qui doit être fait pour parvenir à la cible dont l'énonciation est de nature parfois abstraite et générale. Cela exige une double réflexion et formulation de la part du leader. Une réflexion générale et prospective sur le quoi et pourquoi, et une réflexion plus opérante sur le comment. Une manière d'incarner le court terme réside dans le prototypage qui peut prendre la forme d'un pilote. Le projet se décline en idée, projet et action de prototypage. C'est la thèse centrale du design thinking. L'idée centrale du design thinking est de construire très rapidement des prototypes esthétiques et pédagogiques pour les mettre en test auprès des utilisateurs. Ces prototypes sont le résultat d'observations très fines des usages des utilisateurs et de la problématisation de ces derniers. Le design thinking est un processus d'innovation basé sur l'observation des usages et le prototypage. Le design thinking s'applique à l'innovation des produits mais aussi des services. Cette pratique est née au milieu des années 2000 à l'université de Stanford et dans des entreprises de design telles que IDEO. La méthode du design thinking prévoit six phases avec la volonté de construire rapidement un prototype afin de le tester et repartir sur un nouveau cycle. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]