[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous avons vu différents concepts : émotion, intensité émotionnelle, comme on appelle l'arousal, la mentalisation, la régulation des émotions. Mais comment, concrètement et plus spécifiquement, cela s'imbrique? Comment les émotions vont réguler la mentalisation? Comment la mentalisation va réguler les émotions? Nous allons commencer par essayer de se rappeler un peu ce qu'on a vu dans les vidéos précédentes. Rappelez-vous du schéma entre l'arousal, l'intensité émotionnelle, et la mentalisation, la capacité à mentaliser, et cette courbe en U inversé : plus l'arousal est haut moins je vais être apte à mentaliser, je vais perdre un peu de mes capacités à mentaliser, je suis trop stressé, je suis envahi de peur, de colère, etc., je vais avoir de la peine à penser et je vais commencer à agir de façon dysfonctionnelle. À l'inverse également, si mon arousal est trop bas, je vais aussi perdre ma capacité à mentaliser. Il faut donc un niveau d'arousal optimal pour pouvoir mentaliser de façon satisfaisante. Pour illustrer mon propos je vais prendre mon cerveau, qu'on va re-couper en deux, pour vous décrire un petit peu ce qui peut se passer lorsque l'arousal est trop haut ou trop bas. Imaginons que je passe un examen important pour moi et que j'ai des examinateurs en face de moi qui me mettent pas mal la pression. Je vais commencer un peu à stresser, je vais ressentir de la peur, et mon amygdale, ici, va commencer à s'allumer très fortement, de même que le système limbique va s'allumer, aussi, fortement. Je vais commencer à perdre mes moyens, je vais me laisser embarquer par la peur, je vais sentir le cœur battre, je vais peut-être avoir besoin d'aller aux toilettes, et si mon interlocuteur ou mon examinateur commence à bailler, je vais pouvoir penser pour lui en me disant : je l'ennuie, c'est foutu, je suis en train de rater mon examen ; je ne suis plus capable de mentaliser l'autre. C'est comme si les régions antérieures du cerveau, le lobe frontal inférieur, n'étaient plus capables de contrôler l'activité de l'amygdale et du système limbique qui sont trop actives. À l'inverse, si j'ai un arousal très bas, donc que l'amygdale et le système limbique ne s'allument pas, et reprenons la situation de l'examen : je vais être très détendu, trop détendu, et je vais peut-être pas porter mon attention à mes examinateurs, je ne vais pas me rendre compte que je les ennuie, et quand l'examinateur va bailler je vais, quelque part, ne pas y porter attention, et je vais continuer mon discours, et je vais peut-être rater mon examen. C'est comme si non seulement l'amygdale et le système limbique ne fonctionnaient pas, mais comme si, également, les régions antérieures du cerveau qui permettent de réguler les émotions ne s'allumaient pas, on a comme une extinction du cerveau. Donc vous avez ici le lien entre l'arousal, la mentalisation, et comment cela se passe au niveau du cerveau. Nous allons voir maintenant comment mentalisation et émotions vont interagir dans les deux sens, et oui il y a un lien dans les deux sens, car je peux réguler mon émotion par la mentalisation et je peux réguler la mentalisation par les émotions. Imaginons que je me dispute avec ma femme parce qu'elle a pas payé une facture et que, moi, ça me met en colère parce que j'aime bien que les choses soient faites dans les temps, et que je me mette en colère. Je me dis : mais c'est pas possible, mais qu'est-ce que tu as fait, tu n'as pas payé cette facture, on va avoir des poursuites ; je m'énerve et je perds un peu le contrôle de moi. Je peux, pour me réguler, utiliser deux techniques. Soit je mentalise, c'est-à -dire que je fais de la régulation cognitive par la pensée des émotions : c'est pas si grave, c'est qu'une facture, au pire on a un rappel, et ça va aller, détends-toi, et ma pensée va me permettre de réguler mon émotion. Donc j'utilise la mentalisation pour me réguler. À l'inverse, je peux aussi récupérer ma mentalisation en ayant une action directe sur l'intensité émotionnelle simplement en m'éloignant de la source de stimulation : je suis en train d'avoir une dispute avec ma femme, je peux lui dire écoute, là je suis plus capable de réfléchir, il faut que je sorte, il faut que j'aille m'aérer, et puis on rediscute après. Le fait de sortir et de m'éloigner de la source de stimulation va me permettre de réduire l'intensité émotionnelle, de récupérer ma pensée, et de pouvoir communiquer à nouveau avec ma femme. Donc ça va dans les deux sens. Mais je peux aussi utiliser ma femme pour réguler mon émotion. Me direz-vous : mais comment on fait? Oui, on peut utiliser l'autre pour réguler son émotion, et c'est ce qu'on fait souvent en psychothérapie avec nos patients. Reprenons l'exemple de la dispute avec ma femme. Si ma femme a une bonne capacité à réguler son émotion, elle a une bonne mentalisation, elle peut porter de l'attention à ce que je vis, elle peut intervenir de cette façon : écoute, je suis vraiment désolée, je comprends que tu sois en colère, je ne me rendais pas compte que pour toi, c'était si important, calme-toi et détends-toi, je vais payer cette facture tout de suite et je te tiendrai au courant de ce qu'il en est s'il y a des rappels ou des poursuites, mais il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Ce que fait ma femme, parce qu'elle a un système de régulation émotionnelle plus stable que le mien et qu'elle mentalise mieux que moi, c'est qu'elle est capable de valider mon vécu émotionnel. Ceci s'appelle de la validation empathique, elle porte de l'attention à ce qu'il se passe en moi. Si on fait ça dans une dispute ou dans toute autre interaction émotionnelle, on permet à l'autre de réguler son émotion, on a une action sur l'intensité émotionnelle. La validation empathique, et vous pouvez vous entraîner à le faire chez vous dans des interactions, a un effet spectaculaire pour réduire l'intensité émotionnelle. Nous avons donc vu comment on peut lier l'émotion à la mentalisation, le concept de validation empathique. Nous allons voir par la suite comment les émotions vont plus spécifiquement agir sur les modes de prémentalisation et sur les axes de la mentalisation. [MUSIQUE] [MUSIQUE]