[MUSIQUE] [MUSIQUE] Donc vous venez de voir quelles sont les caractéristiques d'une émotion, à savoir une réponse complexe de notre corps, spontanée, non contrôlée, immédiate, de courte durée en réponse à un stimulus externe ou interne. Nous allons voir maintenant comment se développe l'émotion, comment elle naît en moi et comment elle peut être différente d'un individu à un autre ou même chez un individu lui-même. En effet, je ne vais pas réagir émotionnellement de la même façon si je rentre chez moi avec une journée de travail vraiment pourrie, que je me suis engueulé avec tout le monde, que la veille j'ai mal dormi, et puis qu'il y a des bouchons sur la route et que je rentre à la maison et que ma fille qui avait oublié qu'elle avait des devoirs à faire me demande, papa, tu peux venir faire les devoir avec moi? Je vais lui crier dessus, je vais lui dire, mais tu n'aurais pas pu penser cela avant? On aurait pu les faire hier, j'avais du temps hier, ce n'est pas possible. Et je vais avoir de la peine à contrôler mon émotion. À l'inverse, si j'ai passé une journée fantastique au travail, que j'ai bien dormi la veille, j'ai bien mangé, il n'y a pas de bouchons sur la route, il fait beau, quand ma fille va me demander à la maison, papa, tu peux faire les devoirs avec moi, je vais lui dire, mais bien sûr, viens, on s'assoit, c'est super. Et je vais passer un temps agréable avec elle. Il y a donc des réactions individuelles différentes en fonction de l'environnement dans lequel je vais me retrouver, mais il existe également des différences interindividuelles. Alors, quelles sont ces dynamiques des émotions? Comment cela se caractérise? On a des caractéristiques spécifiques de la dynamique des émotions. On va tout d'abord définir un seuil de l'émotion. On peut avoir un seuil de déclenchement de l'émotion plus ou moins bas. Je peux être plus ou moins sensible. Je peux réagir au moindre stimulus ou être quelqu'un pour lequel il faut un niveau de stimulus relativement haut pour que l'émotion se déclenche pour moi. Il y a par la suite une rapidité de déclenchement de cette émotion. Je peux répondre plus ou moins rapidement. Même si mon seuil est bas, cela peut prendre un certain temps pour que l'émotion monte ou à l'inverse, même si mon seuil est bas ou même si mon seuil est haut, l'émotion peut monter très rapidement. Elle peut ensuite avoir une intensité, l'émotion. Elle peut être plus ou moins haute. Même si cela se déclenche rapidement et que le seuil est bas, l'émotion peut monter à niveau acceptable. Mais chez certaines personnes, elle peut monter très haut, ou même chez vous si vous êtes dans une situation environnementale difficile. Et finalement, il y a un seuil de récupération, enfin pas un seuil de récupération, mais un temps de récupération plutôt, c'est-à -dire la durée que va mettre l'émotion à revenir à un état de base satisfaisant. Et donc, vous l'aurez compris sur mon exemple, ce seuil, cette rapidité de déclenchement, cette intensité et cette récupération de l'émotion va varier en fonction de l'environnement dans lequel je vis, mais également en fonction des personnes. Toute personne ne va pas être la même chose. En effet, vous me direz, mais moi, j'ai des personnes ou je connais quelqu'un qui est extrêmement sensible et qui réagit au moindre stimulus alors que moi, ce n'est pas le cas. Vous avez entièrement raison, il y a des variations interindividuelles. Il existe des personnes pour lesquelles le seuil de réactivité des émotions est très bas, ils répondent très rapidement, de manière très intense et l'émotion prend du temps à revenir à la ligne de base. Quand ceci interfère avec le fonctionnement de tous les jours dans les interactions avec autrui, cela s'appelle un trouble et il existe des personnes qui souffrent d'un trouble de personnalité dit borderline. Ce sont des personnes qui vont justement avoir ce seuil de réactivité bas, qui vont exploser au moindre stimulus, qui vont avoir une intensité émotionnelle qui va interférer avec les relations avec l'autre, je ne vais plus être capable de me contrôler, et qui vont avoir un retour aux émotions très lent. Vous me direz donc, quel est le lien entre les émotions et la mentalisation? Alors, pour répondre à cette question, je vais vous faire un petit graphique qui lie les émotions à la mentalisation. Alors, suivez-moi bien. C'est un graphique à deux entrées. Sur la ligne horizontale, on va définir ce que l'on appelle l'arousal. Alors, qu'est-ce que l'arousal? L'arousal est l'intensité émotionnelle. Est-ce que c'est haut ou c'est bas. Retenez bien cela parce que c'est vraiment ce qui va faire le lien avec ma capacité à mentaliser que l'on va voir sur la courbe verticale. On peut illustrer le lien entre l'arousal, donc l'intensité émotionnelle, et la mentalisation par une courbe en u inversé. Et vous l'aurez compris en regardant ce graphique, qu'il faut un niveau, et là , je vais prendre une autre couleur pour bien illustrer mon propos, qu'il faut un niveau optimal d'arousal ou d'intensité émotionnelle pour avoir le meilleur niveau de mentalisation. De par ce graphique vous comprendrez aussi que si mon arousal augmente, si je me déplace donc sur la droite, mon niveau de mentalisation va diminuer, ma capacité à mentaliser va se réduire. Imaginez si je suis très très stressé, je suis envahi d'une émotion de peur, je vais avoir de la peine à percevoir ce qui se passe en moi, je vais avoir une perte d'un contrôle moteur, je vais commencer à bégayer, à ne plus pouvoir vous parler correctement, je vais avoir de la peine à vous porter de l'attention et je ne vais plus réaliser que j'ai des gens qui sont en face de moi en train de m'écouter. Vous pouvez aussi illustrer ceci en imaginant une récente dispute avec votre conjoint ou votre conjointe. Si vous vous engueulez que vous êtes envahi d'une colère intense, vous allez avoir de la peine à réfléchir, vous allez être convaincu d'avoir 100 % raison et que votre conjoint ou votre conjointe a 100 % tort. Vous perdez la complexité du monde ou vous avez perdu une capacité à mentaliser. À l'inverse, si je me déplace sur la gauche de la courbe de l'arousal, donc que mon intensité émotionnelle se réduit, je vais aussi avoir une diminution de mes capacités à mentaliser. Imaginez que je sois très fatigué, je n'ai pas envie de donner ce cours ou cette leçon, je vais vous fournir une prestation qui sera très ennuyeuse, je vais perdre ma capacité à penser à vous, à me dire, il y a d'autres personnes en face de moi qui sont en train de m'écouter, et je vais avoir une faible mentalisation de moi et des autres parce que j'ai un arousal ou une intensité émotionnelle basse. Donc dans cette leçon, nous avons vu la dynamique de l'émotion qui se définit par un seuil de déclenchement de l'émotion, la rapidité de réactivité plus ou moins rapide, l'intensité qui est vraiment le terme que j'aimerais que vous reteniez dans cette leçon qui est grosso modo l'arousal, cela peut être plus ou moins haut, et la récupération qui peut être plus ou moins lente. Nous avons vu qu'il y a des personnes qui ont un seuil bas, une réactivité importante, une intensité élevée et une récupération lente. Ce sont des personnes qui souffrent d'un trouble, si ceci est permanent, et rencontrent des difficultés dans l'interaction avec autrui. C'est un trouble de personnalité borderline. Nous avons vu le lien avec la mentalisation. L'intensité émotionnelle, qu'on définit sous le terme d'arousal permet de faire le lien avec la capacité à mentaliser. Il faut un niveau d'arousal optimal pour bien mentaliser. Dans la suite de cette leçon, nous allons voir comment reconnaître l'émotion chez soi, mais aussi chez autrui. [MUSIQUE] [MUSIQUE]