[MUSIQUE] [MUSIQUE] L'autre jour, une patiente me racontait une histoire très triste. Elle me racontait quelque chose qui s'était passé dans son enfance et j'ai perçu cette tristesse, et je l'ai ressenti en moi également. J'ai fait partager ça à ma patiente en disant, mais écoutez, votre histoire est tellement triste, j'ai dû retenir mes larmes un peu maladroitement, je pense que vous l'avez observé. Elle a souri un peu, mais on a partagé cette tristesse ensemble sur la base de son histoire. Alors, comment est-ce que j'ai fait pour reconnaître la tristesse chez cette patiente et comment j'ai pu la reconnaître chez moi? Vous avez vu dans les deux leçons qui précédaient quelle était la caractéristique d'une émotion et quelle était sa dynamique. Nous allons voir maintenant comment on fait pour reconnaître une émotion chez soi mais aussi chez autrui. Tout d'abord, comment est-ce que je fais pour reconnaître une émotion chez l'autre, chez autrui? Je me base sur différents signaux. Tout d'abord, je peux me baser sur les réactions spontanées externes que va me laisser voir la personne, si j'observe des pleurs ou des larmes dans les yeux, si je vois comme je voulais précédemment dire un abaissement des commissures labiales, les sourcils qui se lèvent, un visage de ce type-là c'est plutôt possiblement de la tristesse. Et à l'inverse, si quelqu'un fronce les sourcils, et a une attitude comme celle-ci, je vais plutôt penser à de la colère. Je dis plutôt parce que je peux aussi froncer les sourcils simplement pour remettre mes lunettes. Cela ne signifie pas forcément que je suis en colère. Je peux aussi être comme ça, un peu triste, etc., simplement parce que je suis fatigué. Je vais donc utiliser d'autres signaux pour me faire une idée de ce que l'autre vit en termes émotionnels. Je vais pouvoir utiliser les réactions corporelles. Quelqu'un qui marche comme ceci, lentement, la tête dans les épaules, qui parle lentement, me fera penser à quelqu'un qui est triste. À l'inverse, quelqu'un qui saute dans tous les sens, avec un sourire sur le visage, me fera penser à quelqu'un qui est joyeux. Je dis bien à nouveau penser, parce que je peux aussi marcher comme ça simplement parce que je sors de la salle de fitness et que je suis fatigué. Cela ne signifie pas forcément que je suis triste. Je vais donc aussi utiliser d'autres signaux. Je vais bien sûr utiliser ce que me dit la personne, si la personne me raconte quelque chose qui est triste, je vais plutôt l'associer à une émotion de tristesse. Comme l'exemple de la patiente que je vous ai présenté ou que j'ai décrit au début de cette leçon. À l'inverse, si la personne me raconte une dispute avec un collègue ou un conjoint, et dans laquelle il manifeste une certaine colère, je vais imaginer que ceci est de la colère. Je dis bien imaginer ou possiblement, parce que je peux tout à fait raconter une histoire triste sans moi-même ressentir de la tristesse ou sans moi-même ressentir de la colère si je raconte une dispute qui s'est passée précédemment. J'ai donc besoin pour déterminer l'émotion chez l'autre de divers signaux. Si ça peut paraître vraiment évident comme ça pour tout un chacun, ce n'est pas si facile de le faire, et il y a des gens qui ont de la peine à lire les émotions chez autrui, qui ne vont pas prendre tous les signaux et toute la complexité des signaux que me donne l'autre pour déterminer l'émotion que l'autre vit. Pour illustrer mon propos, je vais vous donner un exemple avec une autre patiente. C'était un jour où je revenais justement de la salle de fitness et j'avais fait trop de musculation, j'avais trop poussé sur les poids. Et j'avais mal au bras, mal, mal. Je n'arrivais plus à laisser mon bras pendre comme ceci, et donc j'ai passé la séance comme ça. Alors que je lui portais de l'attention et que j'étais très attentif à ce qu'elle me racontait, ma patiente s'est uniquement basée sur mon attitude corporelle. Je vous donne 30 secondes pour imaginer ce qu'elle a pensé. Elle s'est dit que je m'ennuyais. Elle n'a pas sondé, elle n'a pas utilisé les autres signaux que je vous ai donnés, à savoir ce que je racontais, à savoir l'attitude spontanée de mon visage et autres. Elle ne s'est fixée que sur un seul élément de mon comportement pour en déduire mon état émotionnel, ce qui fait qu'à la fin de la séance, même si moi j'ai eu l'impression que la séance s'est très bien passée, mais je ne lui avais pas raconté que j'avais mal au bras et que je me tenais ainsi parce que je ne pouvais pas laisser pendre mon bras. Elle est partie extrêmement en détresse et a été hospitalisée. C'est pour vous donner un exemple à quel point pour certaines personnes, la lecture des émotions chez l'autre est complexe, et que d'associer ces divers éléments n'est pas si facile. En l'occurrence, cette personne souffre d'un trouble de personnalité borderline. Donc, chez les patients borderline, il est difficile de lire les émotions chez l'autre, et donc ce n'est pas une technique ou une compétence facile pour tout le monde. Nous allons voir maintenant et vous me direz, mais comment je fais alors pour détecter l'émotion chez moi? Eh bien, chez moi, je vais utiliser à peu près les mêmes signaux, il en existe d'autres. Je vais d'abord me baser sur les signaux spontanés internes de mon corps. Si j'ai la fréquence cardiaque qui augmente par exemple, je ne la contrôle pas, cela peut être un signe de peur. Si j'ai par exemple de la transpiration et que je commence à suer, cela peut être de la peur ou de la colère. Si je sens une contraction musculaire sans forcément avoir une contraction visible de l'extérieur, mais que je sens que mes muscles sont tendus, cela peut signifier peut-être de la tristesse, de la colère, de la peur, ou à l'inverse s'ils sont détendus, plutôt de la joie ou de la détente qui peut être associée à un sentiment de plaisir. Je dis bien peut-être parce que je peux aussi suer et avoir le battement de cœur qui augmente simplement parce que je viens de courir. J'ai besoin d'autres signaux pour pouvoir déterminer quelle est l'émotion que je vis en moi. Je vais avoir recours à ma pensée, à qu'est-ce que je pense? Si je pense à quelque chose de triste, j'aurais plutôt ou je vais plutôt imaginer avoir une émotion de tristesse. Si je pense à quelque chose de joyeux, je vais plutôt penser que je vis une émotion de joie. Finalement, je vais également me baser sur les signaux corporels externes, ce que je donne à voir à l'autre. Si je crie et si je me mets en colère en faisant comme ça, c'est probablement de la colère. Si au contraire je suis très lent dans mon attitude, que je serre peut-être un peu les poings, que je frissonne comme ça, cela peut être de la peur ou de la tristesse. Mais je vais utiliser ces différents signaux aussi pour pouvoir évaluer quelle est l'émotion que je vis en moi. Ainsi, pour détecter les émotions chez moi, j'ai besoin de divers signaux. Et si cela peut paraître simple pour tout le monde, ce n'est pas si simple en fait pour certaines personnes. Il y a certaines personnes qui souffrent par exemple d'un trouble de personnalité borderline ou d'autres troubles, qui ont beaucoup de peine à capter ces divers éléments pour déterminer quelle émotion ils vivent en eux. Vous allez me demander maintenant, mais comment je fais pour augmenter l'émotion ou la perception des émotions chez moi ou la perception des émotions chez autrui. Pour augmenter la perception des émotions chez soi ou chez moi en l'occurrence, il y a plusieurs techniques. Il en existe une qui marche très bien, il s'agit de la pleine conscience que l'on appelle plus communément le mindfullness. Et je vais vous proposer à la suite de cette leçon de faire un petit exercice de pleine conscience ou de mindfullness. L'objectif ici est de se focaliser sur l'ici et maintenant, sur les perceptions que je ressens, sur ce que je pense, et surtout de se concentrer pour essayer de déterminer quelle est l'émotion que je vis actuellement. Si vous le pratiquez, la pleine conscience de manière répétée, fréquente, quasi quotidiennement, vous allez augmenter votre capacité à percevoir l'émotion chez vous. Pour augmenter la perception de l'émotion chez autrui, il s'agira d'autres compétences que vous verrez entre autres au cours de ce module et au cours de ce MOOC en augmentant la mentalisation qu'on appelle d'autrui. La pleine conscience permet donc d'augmenter la perception des émotions chez soi, il s'agit donc d'un exercice de mentalisation de soi. Nous avons donc vu dans cette leçon comment percevoir et détecter les émotions chez soi et chez autrui. Il s'agit donc d'associer divers éléments internes et externes, ce que l'on donne à voir à l'autre, ce que l'on vit à l'intérieur de soi, ce que l'autre me donne à voir de l'extérieur, et comment je mélange tous ces éléments pour arriver au plus près de l'émotion que l'autre vit ou que je vis, moi. Avant de vous laisser avec l'exercice de pleine conscience, je vous demanderais de bien garder en tête ce que nous avons vu jusqu'ici, à savoir les caractéristiques d'une émotion, comment naît une émotion chez une personne et comment on reconnaît l'émotion chez soi et chez autrui. Dans la suite de ce module et dans la leçon qui va suivre, nous allons voir comment naît l'émotion au cours du développement de l'enfant. [MUSIQUE] [MUSIQUE]