[MUSIQUE] [MUSIQUE] On va maintenant voir comment faire face aux modes de prémentalisation quand on les a identifiés. Il faut avertir que on n'aura pas le temps d'aller en détail et c'est souvent assez compliqué de sortir des modes de prémentalisation pour aller vers la mentalisation. C'est un peu caricatural, c'est un peu un raccourci, mais c'est quand même des outils qui vous permettront de vous mettre sur la piste d'une meilleure mentalisation. Et puis, il faut distinguer des modalités d'intervention pour chacun des modes de prémentalisation parce qu'en fait, ce n'est pas la même chose que de sortir du mode d'équivalence psychique que de sortir du mode semblant. Et puis une autre chose qu'il faut dire en préambule, c'est que les techniques doivent être utilisées finalement avec beaucoup de tact et beaucoup de doigté, beaucoup de finesse parce que le risque, il est grand, de basculer d'un mode de prémentalisation à un autre. Comment fait-on pour sortir du mode d'équivalence psychique? Donc là , vous avez identifié une forte teneur émotionnelle, la personne est par exemple très énervée à cause d'une situation x ou y. Quand il y a des émotions, cela va souvent assez vite. On peut s'emballer. On va être happé par la teneur émotionnelle de la situation. Donc l'idée, c'est, comme première chose de gagner du temps. On a besoin d'avoir accès à nos pensées et nos pensées prennent du temps à s'élaborer. Du coup, on doit ralentir, stopper. Cela, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que quand il y a beaucoup d'émotions, il y a cette tendance à la généralisation. Et quand on généralise par exemple, c'est toujours comme cela ou bien ma vie est comme ci, c'est difficile de valider quelque chose. On n'y comprend plus rien en fait dans la généralisation. Donc il faut essayer de revenir au moment présent, à une situation précise. C'est le point numéro 2. Et puis, le troisième point, et c'est cela le cœur de l'intervention finalement, c'est qu'une fois qu'on a ralenti, une fois qu'on a identifié une situation précise, on va essayer de faire décrire le vécu émotionnel à la personne de façon à pouvoir le valider. Ce qu'on aimerait, c'est pouvoir lui dire quelque chose comme, maintenant je comprends vraiment ce que tu veux dire par cette colère-là , par cette tristesse-là . On aimerait pouvoir valider son émotion et pour cela, on a besoin d'une somme d'informations qui prennent du temps à récolter. Ralentir et puis trouver une situation précise et enfin valider. Cela, c'est pour l'équivalence psychique. Pour le mode téléologique, il y a toujours cette problématique du temps. Notre difficulté, elle va être la suivante. En fait, sous la pression du devoir agir, si on répond par l'action, on n'a pas eu le temps de penser qu'on a déjà agi. Là aussi, il va falloir interrompre le cours des événements, ralentir ou stopper, avant de réagir pour se laisser le temps de penser de manière aussi explicite que possible. Si quelqu'un vous met sous pression d'agir, vous, vous sentez peut-être une espèce de dilemme à l'intérieure de vous, c'est-à -dire, vous avez envie de répondre à son besoin et puis en même temps, cela peut aller à l'encontre de votre propre besoin. Si vous exposez votre refus immédiatement, peut-être que cela va créer du conflit. Et vous le sentez bien, donc peut-être que vous n'osez pas vraiment exister dans le refus. Alors, ce que vous pouvez faire, c'est stopper, explorer le besoin de votre interlocuteur tout en vous rappelant bien qu'il y a un besoin d'action et derrière ce besoin d'action, il y a un affect qui cherche à être régulé par cette demande d'agir. Donc il vous faut d'abord explorer c'est quoi le besoin d'action et d'essayer de le relier à c'est quoi le vécu de la personne derrière. Une fois que vous avez fait cela, une fois que vous avez validé le besoin, c'est-à -dire, maintenant je peux comprendre pourquoi tu as besoin que je réponde si rapidement à ta demande, vous pouvez alors exposer à votre ami que vous êtes en difficulté pour répondre à sa demande pour x ou y raisons. Terminons avec le mode semblant. Comment sortir de ce mode-là ? Le mode semblant, son problème, c'est la déconnexion avec les émotions. Donc c'est précisément ce qu'on va essayer de ramener dans l'interaction. Imaginez un ami pour lequel vous vous faites du souci et puis qui vous dit comme cela, un peu comme en balayant votre inquiétude, ne t'inquiète pas, je suis grand, cela va aller. On a souvent répondu cela à quelqu'un. Pour sortir de ce mode-là , il faut ramener de l'émotion, donc il faut insister sur l'inquiétude qui serait la nôtre. Oui, j'entends bien que tu essaies de me rassurer, mais au fond de moi, j'ai cette préoccupation pour toi et si on en reste là , elle ne sera pas réglée. On est obligé d'insister sur l'aspect émotionnel. On peut en d'autres termes essayer de faire monter la température de la pièce sur le plan émotionnel. C'est cela qu'on va essayer de faire pour le mode semblant, avec le danger que si on fait monter la température trop haut, on peut basculer dans l'équivalence psychique. Donc si on reprend et qu'on synthétise les trois modalités d'intervention pour les trois modes de prémentalisation pour l'équivalence psychique, il nous faut valider les affects de notre interlocuteur. Et pour valider les affects, on a besoin de comprendre qu'est-ce qu'il est vraiment en train de vivre dans le moment, dans la situation et on a besoin d'aller pas trop vite pour qu'on ait le temps de le faire précisément. Pour le mode téléologique, on a besoin de valider cette nécessité d'action qui est ressentie par notre interlocuteur. On doit explorer ce besoin-là , on doit le faire décrire et cela aussi, ça nécessite un peu de temps pour penser avant d'agir. Pour sortir du mode semblant, il s'agit de ramener les émotions au centre de l'interaction. Pour ce faire, soit on questionne notre interlocuteur sur les émotions qu'il pourrait éprouver. On peut aussi lui exposer les émotions qu'on imagine qu'il pourrait éprouver dans cette situation-là ou alors parler des nôtres. On réchauffe la température émotionnelle, mais on fait attention à ne pas la réchauffer de trop parce qu'autrement, on peut basculer dans l'équivalence psychique. Voilà , on a vu comment repérer la faible mentalisation au fil de vos interactions du quotidien en utilisant soit la lecture des polarisations des axes de la mentalisation, soit l'émergence de modes de prémentalisation. Je vous invite maintenant à essayer dans votre vie de tous les jours d'aller lire ces interactions sous ces angles-là pour les repérer et puis vous essayer aussi à utiliser les techniques abordées ici et de voir quel bénéfice vous en tirez, comment finalement cela viendra enrichir toutes les interactions et puis de vous permettre aussi de vous intéresser à ces états mentaux avec finalement curiosité et puis un certain intérêt pour la découverte de l'autre, mais aussi de vous-même. [MUSIQUE]