[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bienvenue à ce cinquième module de notre MOOC. On a déjà fait quatre modules, où on s'est intéressé d'abord à définir la mentalisation, ensuite, à examiner le développement de la mentalisation au cours d'une vie, ensuite, on s'est intéressé à l'interaction entre émotions, vécu affectif et capacité à mentaliser, et enfin, au module n°4, on a examiné comment la mentalisation contribue à notre vie de tous les jours. On est donc fin prêt pour ce cinquième module, où on va examiner plus précisement l'application de ce concept à la thérapie basée sur la mentalisation. C'est une méthode psychothérapeutique qui se focalise sur la capacité à mentaliser. Donc, pour faire l'introduction de ces thérapies, je vais, dans ce module, avoir quelques objectifs. Mon premier objectif va être de vous transmettre les jalons historiques du développement de cette méthode, en particulier les jalons liés à l'utilisation du concept, et ensuite à la création de la méthode et aux premières recherches empiriques. Je vais aussi m'intéresser à souligner avec vous tous les éléments communs à n'importe quel traitement focalisé sur la mentalisation. Ensuite, on aura une série d'interviews avec les experts qui sont tous cliniciens chercheurs, et qui vont, avec nous, nous présenter comment ils appliquent la mentalisation à différents types de souffrance psychologique. Et enfin, on pourra distinguer, à travers ces interviews, les éléments qui sont plus dirigés vers l'application individuelle ou groupale des thérapies basées sur la mentalisation. Commençons alors par l'approche historique, l'utilisation du concept dans les 200 ou 300 dernières années menant à la création des thérapies basées sur la mentalisation. La méthodologie qu'on va utiliser est une méthodologie que vous pouvez utiliser à la maison. Ça s'appelle Google Ngram, c'est un moteur recherche bibliographique, et au sein de ce moteur de recherche, on peut prendre un mot, vous connaissez mon mot favori, mentalisation, et on peut examiner à quelle fréquence il est utilisé dans tous les livres qui sont numérisés, et ensuite, voir d'une période historique à l'autre, si cette fréquence monte, diminue, à quel point on est entrain de parler de ce mot. Ici, on va se pencher sur le mot mentalisation, d'abord en français. Donc, si on prend la première diapositive ici, vous voyez que le mot mentalisation, en français, a commencé à être beaucoup plus utilisé autour des années 60 et, graduellement, jusqu'à 2019, 2020, aujourd'hui, vous voyez qu'il y a vraiment une courbe qui monte de manière exponentielle, où le mot mentalisation est beaucoup utilisé. Si on passe maintenant à la deuxième diapositive, vous voyez qu'en français, on croit que c'est Édouard Claparède qui a d'abord popularisé ce mot. Édouard Claparède, c'est un neurologue et psychologue suisse, particulièrement dédié à l'éducation des enfants, et qui a utilisé ce mot dans ce contexte. Mais, dans l'approche thérapeutique, c'est vraiment les psychanalystes, dont Pierre Marty et toute l'école psychosomatique de Paris qui, dans les années 60, ont récupéré ce mot et l'ont intégré pour parler de la manière dont notre psyché est capable de transformer cette énergie pulsionnelle du corps en quelque chose qui est utilisable, représentable au niveau de l'esprit. Et donc, le mot mentalisation, notamment en France, a énormément été utilisé dans le contexte du traitement psychanalytique intéressé à la psychosomatique, c'est-à -dire aux types de souffrance psychique, où il y a beaucoup de symptômes du corps qui ne sont pas expliqués, qui n'ont pas de cause médicale. Maintenant, si on avance un petit peu autour des années 80-90 et le tournant des années 2000, on voit que la mentalisation, ici, son utilisation augmente sensiblement, et vous voyez aussi, en 2016, la création du Réseau Francophone des Thérapies Basées sur la Mentalisation. Vous pouvez aussi aller sur le site pour avoir plus d'informations sur ce réseau, et donc, globalement, vous avez en langue française, autour des années 90, début des années 2000, cette pente exponentielle qui commence véritablement à prendre son essor. Et ceci est probablement dû à tous les travaux des années 90, notamment en langue anglaise, donc penchons-nous là -dessus, examinons ensemble maintenant l'utilisation en langue anglaise du mot mentalisation, mentalization avec un "z". Si on regarde notre graphique, on voit déjà qu'autour des années 1850-1880, les médecins neurologues utilisent ce mot dans leurs études autour de la corrélation entre l'activité du corps et l'activité psychologique. Donc, il y a déjà dans les premières utilisations anglaises du mot mentalisation, cet intérêt pour le psychosomatique. Néanmoins, vous voyez que la courbe continue de manière plutôt basse jusqu'à la fin du 20ème siècle, où, là , on a une recrudescence exponentielle de l'utilisation du mot mentalisation. Donc, si on attribue à Granville Stanley Hall, un psychanalyste américain, la propriété de l'utilisation du mot mentalisation dans le champ de la psychanalyse, c'est beaucoup plus avec les travaux notamment de Peter Fonagy à la fin des années 1900, au tournant des années 2000, qu'on commence vraiment à utiliser le mot mentalization, en anglais, d'une manière beaucoup plus fréquente, et vous voyez, effectivement, que son utilisation est simplement en croissance depuis les années 2000. Si on continue, vous voyez aussi que, au tournant des années 2000, on a la première étude des thérapies basées sur la mentalisation qui a été effectuée par Peter Fonagy et Anthony Bateman. Plusieurs études s'en sont suivies, et on verra dans la prochaine vidéo en particulier qu'est-ce qu'il se passe dans les années 90 pour que cette courbe, à la fois en anglais, mais aussi en français, prend cette pente très à pic, et le mot mentalisation devient de plus en plus utilisé. Donc, pour résumer, on a l'utilisation du mot mentalisation et mentalization, en français et en anglais, au cours du XXe siècle, en anglais un peu avant, popularisé à la fois en langue anglaise par des psychanalystes, en langue française par des psychanalystes psychosomaticiens, et autour des années 1990-2000, une courbe exponentielle de l'utilisation de ce concept, en particulier dans les travaux scientifiques appliqués à la souffrance psychologique notamment, mais aussi à la psychothérapie, comme on le verra dans la prochaine vidéo. [MUSIQUE] [MUSIQUE]