[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Le deuxième mode de prémentalisation, qui apparaît autour de l'âge de deux ans, est appelé l'équivalence psychique. Vers l'âge de deux ans, l'enfant commence à comprendre que les actions humaines sont précédées par des états mentaux, et que, d'ailleurs, les actions peuvent modifier ces états mentaux. À ce même âge, l'enfant est capable de différencier les évènements accidentels d'évènements intentionnels. Par exemple, le fait qu'un enfant puisse tomber en courant à cause de sa maladresse, par rapport à un enfant qui tombe parce qu'il est poussé par quelqu'un d'autre. L'enfant, à cet âge-là , commence à être capable de prendre une perspective différente sur les évènements de tous les jours. Pour Peter Fonagy et Mary Target, l'enfant, à cet âge, a un mode de fonctionnement qu'ils appellent l'équivalence psychique. C'est-à -dire que ce qu'ils vivent, ce qu'ils ressentent, correspond à la réalité extérieure. D'ailleurs, l'enfant a du mal à penser que ses propres pensées ne sont qu'une interprétation de la réalité. Pour l'enfant, ce qu'il pense correspond à la réalité, c'est le reflet exact de la réalité, et il est possible aussi que la réalité psychique détermine la réalité externe, s'impose, ce qui peut être parfois source de détresse. On pourrait prendre l'exemple d'un enfant de deux, trois ans, qui a la certitude qu'il y a un monstre dans sa chambre, caché derrière les rideaux. Il a du mal à penser que cette pensée est juste une pensée, et que le monstre n'existe pas. D'ailleurs, il a aussi du mal à penser que le parent ne partage pas cette même réalité. Les parents font le constat de la puissance de cette équivalence psychique quand, par exemple, ils essaient de rassurer l'enfant en lui montrant, avec la lumière allumée, qu'il n'y a pas de monstre dans la chambre, pour entendre dire par l'enfant que c'est justement au moment où on éteint la lumière que le monstre arrive. On peut avoir ce type de fonctionnement à l'équivalence psychique à différents moments de la vie chez l'adolescent et chez l'adulte dans des situations banales de la vie de tous les jours. On pourrait, par exemple, prendre l'exemple d'une adolescente qui a le sentiment d'être rejetée par ses copines, parce qu'elles ne l'ont pas invitée à manger avec elles à la cantine à midi. Pour cette adolescente, la réalité est déterminée par sa pensée d'être rejetée. Elle est incapable de penser qu'il existe des alternatives, d'autres perspectives, comme simplement le fait que les copines avaient besoin d'un temps ensemble pour préparer un devoir que l'enseignante leur avait confié pour le lendemain. Il y a d'autres moments où l'équivalence psychique peut apparaître dans le fonctionnement d'une personne au quotidien, dans sa vie. On identifie ce mode par le fait que les pensées sont basées sur une certaine certitude, il n'y a pas beaucoup de doutes, et la personne a du mal à prendre une perspective différente de la sienne. C'est ce qu'on constate, par exemple, dans le cas des troubles de la personnalité, qui, évidement, compliquent l'adaptation du sujet, parce qu'ils déterminent trop la manière de lire la réalité à laquelle ils sont confrontés. En conclusion, pour résumer, on pourrait dire que dans le mode de prémentalisation de l'équivalence psychique, la réalité psychique détermine et s'impose sur la réalité externe. Nous verrons, dans un troisième mode de prémentalisation, qu'on appelle mode semblant, comment la réalité psychique et la réalité externe peuvent être totalement dissociées. [MUSIQUE]