[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour. Alors, on retrouve le professeur Anthony Bateman qui est psychiatre fondateur avec Peter Fonagy des thérapies basées sur la mentalisation et qui va nous parler maintenant des ingrédients spécifiques des thérapies basées sur la mentalisation. Anthony c'est vraiment la tête pensante clinique des approches basées sur la mentalisation. C'est vraiment la personne qui a conceptualisé le traitement. Il a une expérience clinique extraordinaire et c'est un enseignant aussi vraiment extraordinaire, donc on est très, très heureux de l'avoir avec nous aujourd'hui. Salut Anthony, merci d'être là . >> Salut Martin, merci de m'avoir invité. >> Ecoute, j'aimerais avoir une petite conversation avec toi, en général, qu'est-ce que la thérapie basée sur la mentalisation en tant que traitement ? Et pourquoi se concentrer sur la mentalisation en psychothérapie ? >> Et bien en tant que traitement, le traitement basé sur la mentalisation a été à l’origine créé pour soutenir et aider les personnes souffrant de troubles de la personnalité, principalement le trouble de la personnalité borderline. Il a maintenant été développé pour traiter une gamme de troubles parce que la mentalisation est un processus mental générique en quelque sorte. Mais ce que c'est en fait, c'est vraiment d'abord d’essayer de voir les choses du point de vue de la personne, c'est-à -dire le point de vue de l'autre personne, pour arriver à leur état d'esprit et être avec eux dans cet état d'esprit. Je n'essaie pas vraiment de le changer. Et c'est ce qu'on appelle en quelque sorte mentaliser l'autre personne, en un sens. Et se sentir mentalisé est en fait un processus très apaisant. Cela nous aide en quelque sorte à sentir que nous sommes avec des gens. Donc, une fois que nous sommes engagés dans ce processus en MBT, nous pouvons en fait tous les deux prendre du recul par rapport à sa thérapie individuelle et avoir un regard sur les problèmes tels qu'ils sont présentés. Donc, initiaelement la MBT est en quelque sorte une sorte d’approche thérapeutique compassionnelle et empathique. Et puis nous avons des processus structurés pour soutenir les capacités de quelqu'un à mentaliser. Donc nous cherchons toujours à ce que l'individu soit réflexif si vous voulez, sur la façon dont ils sont en train de penser à eux-mêmes et comment ils comprennent les autres et ainsi de suite. Et comment ils intègrent tout cela afin qu'ils puissent construire une sorte de vie qui vaut la peine d'être vécue et des relations qui en valent la peine et qu'ils apprécient. >> Alors Anthony, les gens pourraient penser que les thérapeutes ou les professionnels de santé mentale pourraient penser, « eh bien, je le fais déjà dans un sens », donc qu’est-ce qui pourrait être commun au MBT avec d'autres types d'approches et qu’est-ce qui pourrait lui être spécifique ? >> Oui, eh bien, en fait, ils ont tout à fait raison, ils le font déjà . La différence entre ce Qu’ils font déjà et la MBT, c’est que la MBT est en quelque sorte concentré sur ce processus. Et nous essayons aussi d'utiliser des processus spécifiques pour augmenter la capacité de l’individu, du patient dans ce cas, à mentaliser afin que leur mentalisation soit robuste. Parce que l'un des problèmes des gens est en fait la rapidité avec laquelle ils peuvent perdre leurs capacités. Et certains d'entre nous sont beaucoup plus vulnérables à à la perdre dans des circonstances stressantes que d'autres. Et c'est caractéristique du trouble de la personnalité borderline, par exemple, où leur caractéristique est de perdre la mentalisation très rapidement dans les relations intimes, les interactions sociales, ce qui crée beaucoup beaucoup plus d'anxiété pour eux que pour les autres personnes. Et une fois qu'ils l'ont perdu, ils trouvent ça vraiment difficile à retrouver. Ils ne se recalibrent pas et ne se Réorganisent pas comme les autres personnes le font. Donc nous allons nous concentrer beaucoup plus explicitement sur ces processus contrairement à d'autres thérapies, qui peuvent se concentrer sur d'autres aspects du fonctionnement mental. >> Ok, donc alors en tant que travailleur de la santé mentale, comment puis-jefaire ça ? Je pense que l'une des choses que tu as développé récemment est autour des domaines d'intervention dans la MBT. Donc, c'est une façon d'encourager, de favoriser un certain processus de mentalisation. Peux-tu nous parler un peu de ces domaines d'intervention ? >> Tout d'abord, bien sûr, c'est une sorte d’attitude dans la fixation du cadre, dans la façon de parler avec eux, c'est le plus important. Et en fait, nous prenons ce que l'on appelle une position de non-savoir où nous ne savons rien des états mentaux. Nous sommes curieux et nous avons une attitude qui est humble d'une certaine manière envers leurs expériences. Et nous essayons de nous joindre à eux pour les découvrir. Donc c'est très exploratoire et on se concentre soigneusement sur les états mentaux et leurs expériences. Mais nous devons aussi nous assurer que l'environnement que nous créons comme tel dans l'intervention thérapeutique n'est pas seulement une question de faits pour exemple, mais qu’il s'agit d'états mentaux. Donc ce n'est pas seulement ce qui s'est passé, c'est ce qui se passe en toi et... en fait comment tu prends ça et comment tu le vis, c'est vraiment important. Donc on va vers les états mentaux, on facilite le processus, on ralentit un peu les choses, on les contient et on demande à la personne de rééquilibrer, s'ils pensent beaucoup à eux-mêmes, nous disons : « et les autres, alors ? Réfléchissons à ce qui se passe avec eux, pour voir si nous pouvons mieux comprendre. » Nous essayons de les faire rééquilibrer leurs cognitions et leurs émotions et leur façon de traiter l’information et ainsi de suite. Et puis dans les autres domaines, nous nous préoccupons également du moment où ils commencent à présenter ce que nous appelons une mentalisation inefficace. C’est des choses comme là « ce que je pense devient réel. Je connais les choses, je sais ce qu'ils pensent, je sais ce qu'ils font, Je sais pourquoi ils ont fait ça » et ils n'ont pas une sorte de sentiment d'incertitude. Donc, nous devons en quelque sorte essayer d'ouvrir ces zones, qu’on les appelle les modes de prémentalisation en fait. Mais nous devonsa aussi regarder vraiment attentivement quand ils peuvent réfléchir à leur traitement émotionnel et à leurs expériences avec les autres et également leurs relations et particulièrement leurs relations sociales et relations intimes, nous nous concentrons donc aussi sur celles-ci aussi. >> Wow, c'est vraiment intéressant et un mot que j'aimerais choisir c'est le mot que tu as utilisé peut-être deux fois, c'est comment ils vivent les choses. Peux-tu nous dire un peu de ce qu'il y a là -dedans ? La façon dont ils se voient dans certaines expériences et comment ils peuvent vivre les autres et comment cela peut créer des émotions difficiles ou même des états de mentalisation inefficace, comme vous dites. >> Eh bien, par exemple, si j'ai une expérience d'être mal-aimé ou injustement traité, je veux dire que c'est mon expérience actuelle pour ainsi dire, et c'est ce que je ressens, et que je peux avoir des pensées sur je suis traité injustement et la vie est mauvaise et ainsi de suite. Mais ensuite je dis, mais ils me traitent injustement, c'est eux qui le font. Ils ne devraient pas faire ça. Je ne vérifie pas nécessairement s'ils le font ou non, d'où je tire cette expérience, ou même demander à l'autre personne. Je pourrais simplement réagir en me disant sur la base que c'est injuste : « Ce n'est pas juste, vous faites ça ». Donc c'est traité à un niveau inefficace. C'est peut-être exact. Il se peut que je sois traité injustement, mais je ne suis pas vraiment en train de vérifier pour m'assurer que je peux comprendre comment ou pourquoi ou où se trouve ma sensibilité ou où se trouve leur horreur. Donc, j'ai besoin de les vérifier avant de répondre. Mais bien sûr, on fait ça en micro millisecondes pour ainsi dire. Mais dans ces moments où nous nous sentons fortement, nous avons tendance laisser de côté notre Réflexion momentanément et à vérifier un peu les choses. Et si nous ne faisons pas cela, nous commençons à utiliser des processus interactifs très inefficaces et notre mentalisation chute de façon spectaculaire. >> C'est vraiment, vraiment clair. Merci Anthony pour nous avoir donné une idée comment la mentalisation, c’est de se concentrer sur ces expériences et en essayant de maintenir l'équilibre le processus mental. Peut-être juste une dernière question, très brièvement. Tu as en fait conceptualisé une approche clinique du MBT. Comment dirais-tu que cela change la façon dont tu pratiques la psychothérapie toi-même ? >> Eh bien, je dirais que ça a changé ma façon de voyager, dans un sens, parce que dans ma formation en psychothérapie, j'ai eu toutes sortes de formations différentes en psychothérapie. et très souvent, je voyais un patient et j'appliquais toujours ma propre sorte de compréhension psychologique de mes patients, tirée de ma formation psychanalytique ou de ma formation en thérapie cognitive. J’appliquais juste. Et en fait, je pense que la différence entre ces directions et la direction opposée, où j'essaie de ne pas appliquer ma propre mentalisation, si vous voulez, et mes connaissances psychologiques sur le patient. En fait, j'essaie surtout d'amener le patient à travailler sur ses propres connaissances psychologiques et c'est une direction différente du voyage. Et donc, je pense que cela m'a changé énormément en termes d'approche avec les patients. >> Ok, bien, encore une fois, merci beaucoup Anthony. Je suis sûr que je parle pour beaucoup de gens. en disant que tu es une source d'inspiration. Ton travail est très inspirant. Alors merci d’avoir participé à ce MOOC et, de faire partie du monde francophone de la mentalisation [RIRE]. >> Bonne chance au monde, francophone de la mentalisation [RIRE]. >> Au revoir. [MUSIQUE] [MUSIQUE]