[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous avons donc vu comment les émotions interagissent avec la mentalisation et plus particulièrement comment l'arousal ou l'intensité émotionnelle va agir sur la capacité à mentaliser et plus spécifiquement dans la vidéo qui précédait sur les modes de prémentalisation. Nous allons voir maintenant comment est-ce que les émotions et de nouveau l'arousal ou l'intensité émotionnelle va agir sur les axes de la mentalisation. Alors, je vais faire appel à votre mémoire. Les axes de mentalisation, vous les avez en partie vus dans le module 1, vous avez vu deux axes qui sont présents sur cette boussole. Je vais la prendre ici. Il y a l'axe autrui et soi et l'axe affectif cognitif. Alors, je vais déjà me consacrer sur ces deux axes avant d'aborder deux autres axes que vous n'avez pas vus et qui définissent aussi certaines caractéristiques de la mentalisation. Sur l'axe autrui et soi, je vais plutôt y revenir tout à l'heure, on va d'abord partir sur l'axe affectif cognitif. L'axe affectif cognitif par définition fait référence à , on pourrait retraduire l'axe affectif cognitif comme l'axe émotion pensée. Évidemment et cela va de soit, quand j'ai une émotion haute, je vais plutôt me déplacer vers l'affectif ou vers l'émotionnel. C'est-à -dire que je vais voir le monde, je vais me comporter au travers de mes émotions. Si à nouveau je me mets en colère et que je vis une émotion forte de colère, je vais agir de manière colérique, je ne vais plus écouter l'autre, je vais commencer à penser pour l'autre. Je me déplace sur cet axe-là , vers le pôle affectif ou émotionnel. À l'inverse, je peux, si mon arousal est plutôt bas, si l'intensité émotionnelle est basse, me déplacer vers un pôle cognitif. Je vais percevoir le monde à travers la pensée et à l'extrême, je vais me détacher complètement de mon vécu émotionnel et ne comprendre le monde qu'à travers le rationnel, ce qui peut être passablement dysfonctionnel également. Pas toujours, par exemple si je suis en train d'étudier et que j'apprends un théorème de maths, c'est ce que je vais faire. Je vais être peu émotionnel et je vais me déplacer sur le pôle pensée. Au niveau de l'axe autrui soi, c'est la capacité que j'ai soit de comprendre dans une interaction cette interaction essentiellemet sur les éléments que l'autre me donne. Je vais imaginer que l'autre est responsable de tout. Imaginons à nouveau que je sois en colère, je vais mettre toute la faute sur l'autre. L'autre est entièrement responsable de ce qui s'est passé. C'est sa faute, il n'a rien compris, moi je n'y suis pour rien. Je me déplace vers autrui. À l'inverse, je peux aussi me culpabiliser et me dire, c'est entièrement ma faute, je suis entièrement responsable, je suis nul, je ne vaux rien. Je me déplace sur soi. Vous l'aurez donc compris, l'intensité émotionnelle peut déplacer le curseur soit vers autrui, soit vers soi. Dans ce contexte, cela va dans les deux sens. Il existe deux autres axes. Là , je vais prendre une autre boussole. Donc nous avons vu l'axe autrui et soi, l'axe affectif cognitif, il existe l'axe automatique contrôlé et l'axe interne externe. Focalisons-nous sur l'axe automatique contrôlé. L'automatique fait référence au fait que je vais avoir des pensées automatiques non réfléchies, non contrôlées. Si je suis activé émotionnellement, de nouveau reprenons l'exemple si je me mets en colère avec un collègue de travail par exemple, je vais automatiquement penser des choses. Il a fait exprès, il veut m'embêter, il m'énerve et il le sait très bien. Je ne réfléchis pas, je ne pense pas. Ce sont des réactions automatiques qui se passent. À l'inverse, je peux contrôler ma réponse, je peux essayer de dire, non, non, je ne suis pas en colère, tout va bien, je ne ressens rien, c'est en ordre, alors que je suis peut-être en train de bouillonner émotionnellement à l'intérieur de moi. Vous l'aurez aussi compris ici, comme pour l'axe autrui soi, une intensité émotionnelle haute peut soit me déplacer sur des pensées automatiques, je fais des choses automatiquement sans y penser, soit vers un contrôle comportemental trop intense qui est parfois aussi dysfonctionnel. Si je vous dis, non, non, je ne suis pas en colère, tout va bien, rassure-toi, tu ne m'énerves pas, vous percevez quand même de la colère en moi. Et cela ne marche pas généralement très bien. L'autre axe et le dernier de la mentalisation est l'axe interne externe. C'est-à -dire, est-ce que je me base sur les signaux internes, uniquement de l'autre ou de soi, ou sur les signaux externes que l'autre me donne ou que je donne. Imaginons de nouveau une dispute avec quelqu'un. Je peux imaginer que l'autre est en colère, je peux lui prêter des intentions, des désirs qui ne sont peut-être pas les siens à ce moment-là , mais je ne me concentre que sur ce qu'il vit à l'intérieur. Je peux aussi ne me focaliser que sur ce que je vis à l'intérieur de moi : je suis en colère, je n'en peux plus, c'est foutu, je suis nul, je ne vaux rien, peut-être dans le contexte d'une émotion de tristesse. Je peux aussi me concentrer uniquement sur les signaux extérieurs et à ce moment, je déplace le curseur sur l'externe. Il fronce les sourcils, il est en colère. Il me montre du poing, il veut me taper. Ce n'est peut-être pas du tout ce que l'autre a l'intention de faire, mais j'ai cette pensée-là parce que je suis polarisé sur l'externe. Là aussi, vous l'aurez compris, une intensité émotionnelle haute va me faire bouger sur les deux pôles. Soit me concentrer uniquement sur l'interne, soit me concentrer uniquement sur l'externe. Vous me direz, ce n'est alors qu'une émotion haute qui polarise sur les axes? Eh bien non. Un arousal ou une intensité émotionnelle basse peut également polariser sur les axes. Prenons l'exemple de parents qui veulent faire à tout prix sortir un adolescent de sa chambre et qu'il aille se promener ou faire du vélo un samedi après-midi alors qu'il fait très très beau, et l'adolescent n'a pas du tout envie de sortir. Cet adolescent va être plutôt dans un niveau émotionnel bas, un arousal bas, et il va être polarisé sur les axes. Quand ses parents vont essayer d'interagir avec lui, il va partir au niveau de l'axe affectif cognitif plutôt sur la pensée. Laissez-moi tranquille, je n'ai pas envie aujourd'hui de sortir, j'ai la flemme. Cette pensée est aussi automatique, il répond automatiquement, donc cela le polarise au niveau automatique. Il ne réfléchit pas à ce qu'il dit, il est centré sur lui, sur ce qu'il vit. Donc cela le polarise sur soi et sur l'interne. Il ressent qu'il n'a pas envie de faire quelque chose et il répond automatiquement, non, moi, cela ne m'intéresse pas. Il ne porte plus d'attention à l'autre, en l'occurrence à ses parents. Si vous avez ou si vous êtes un parent avec des adolescents, vous avez très certainement vécu cette situation. Vous comprendrez que à la fois un arousal bas ou un arousal haut peut polariser sur les axes. Et donc la mentalisation est très liée à un arousal optimal. La mentalisation sur cet axe, et vous avez ce grand M au milieu, est idéalement située au centre de ces pôles, au centre de ces axes. Je mentalise de façon la plus efficace lorsque je suis le moins polarisé sur ces axes et donc lorsque mon intensité émotionnelle n'est ni trop haute, ni trop basse. Vous avez donc vu dans cette vidéo comment la mentalisation vient polariser, comment la mentalisation se définit sur des axes et comment les émotions et l'intensité émotionnelle peut polariser sur ces divers axes. Nous allons voir dans la vidéo qui suit un entretien avec le professeur Anthony Bateman qui est un spécialiste de la mentalisation, qui a participé au développement de la thérapie basée sur la mentalisation et qui va vous parler du lien entre les émotions et la mentalisation. Et dans la leçon suivante, nous allons tester vos connaissances. [MUSIQUE] [MUSIQUE]