[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] OK Julia. On se retrouve pour travailler ensemble maintenant sur une autre partie du modèle qui est le processus mentalisant, d'accord? Avec la vidéo ici. >> Oui, c'était la séquence où je raconte l'épisode avec ma collègue et mon patron, c'est ça? >> Et le patron, exactement. OK, donc on va regarder ça, et puis, on va utiliser une technique qui s'appelle l'arrêt sur image où en fait je vais interrompre quelques fois la vidéo et puis je vais te demander un petit peu qu'est-ce qui se passait pour toi à ce moment-là . D'accord? >> OK. >> Alors, allons-y. [AUDIO_VIDE] Et donc du coup, quand il vous a approché pour vous demander cette demande-là , vous étiez dans quel état? >> [AUDIO_VIDE] Eh bien, en fait, je n'ai pas très bien compris. Je me suis sentie un peu surprise. Et puis en fait, après coup, presque fâchée en fait. >> Fâchée avec lui quand il était là ou fâchée après coup, quand il est parti? >> En fait, un peu les deux, mais de manière différente. Parce que devant lui, j'ai un peu essayé de ne pas lui montrer que j'étais fâchée parce que c'est mon patron et voilà . Mais j'ai quand même l'impression que ça s'est un peu vu. >> OK. >> Et ouais. >> Et vous vous êtes sentie fâchée à quel sujet? Si j'étais dans votre tête là , que je voyais un petit peu sur quoi vous étiez fâchée à ce moment-là . >> En fait déjà , je n'ai pas apprécié la forme parce qu'il a un peu déboulé dans mon bureau pour me demander ça. Oui, il m'avait déjà envoyé un mail pour ça, mais il y avait ma collègue à côté donc j'ai eu presque un peu honte qu'il fasse ça devant ma collègue. Je me suis sentie un peu rabaissée. >> Rabaissée? >> Un petit peu, ouais. >> OK, donc vous avez commencé par vous sentir surprise qu'il déboule comme ça, ensuite rabaissée et puis >> Et puis, fâchée. >> après ça fâchée? OK. Racontez-moi un petit peu comment tout ça vous mène à vouloir poser votre démission. Comment est-ce que... Je peux comprendre en fait que ça a été, comment dire... >> C'était lourd. >> Ça vous a pris. >> Ouais, c'est ça. >> OK, Julia. Là ici, ce que j'essayais un petit peu de faire, c'est de focaliser sur les états mentaux, parce que je ne sais pas si tu es d'accord, mais quand on raconte une histoire souvent, on met les faits, ce qui s'est passé les uns après les autres. Comment c'était pour toi, cette séquence-là ? >> Je ne sais pas si c'est ça que tu entends exactement, mais c'est vrai que je raconte l'histoire et en fait, tu me permets vraiment de mettre des mots aussi sur ce que je ressens >> OK. >> à différents moments justement de cette situation. >> Oui, exactement. Donc, les états mentaux, c'est le ressenti qui est en fait à chaque séquence différent au cours d'une même histoire. Et puis à la fin, je fais une espèce de petit résumé parce que je garde en tête en fait que tout ça va te mener à vouloir rompre la relation de travail. Je garde ça en tête. >> Oui, c'est ça, c'est un peu chaque émotion, enfin, quel est l'enchaînement de chaque émotion qui m'amène à vouloir démissionner. >> Oui. Donc, c'est l'autre narrative que celle des choses qui se sont passées. Ce sont les choses qui se sont enchaînées au niveau des états mentaux. OK? Regardons la suite. Oui. >> Oui. Ça m'a prise, je ne me suis vraiment pas sentie bien après, même en rentrant chez moi. Et en fait, là je me suis rendu compte que dans même la totalité de mes collègues, je n'avais personne en fait presque à qui parler de ça. >> C'est à la maison vous vous êtes rendu compte que vous étiez seule avec ça. >> Oui. En fait, il est vraiment venu dans mon bureau en fin de journée, donc par derrière, quasiment par derrière je suis rentrée chez moi. Et là , je me suis dit, mais finalement je ne me sens bien ni avec lui ni avec mes collègues parce que j'ai l'impression, je n'ai pas le feeling avec eux. >> Ni la collègue qui est dans le bureau? >> Non. >> OK et vous avez perçu quelque chose chez elle? Une réaction pendant que votre chef était là ? >> Quand il a ouvert la porte, elle a levé les yeux, mais je dirais comme moi, en fait, parce qu'on se demandait pourquoi. >> Quand elle a levé les yeux, c'est comme vous? >> Au début, oui. >> Elle est avec vous à ce moment-là pour vous? >> C'est-à -dire? >> Quand elle lève les yeux en réaction au chef? >> Oui. Là je pense qu'elle est dans le même état de surprise que moi, de ne pas comprendre qu'est-ce qu'il fait là , mais après en fait, à partir du moment où elle a compris que ça ne la concernait pas elle directement, elle s'est remise à pianoter sur son ordinateur. >> Et à ce moment-là du coup, ça vous fait quoi sur le moment? >> Je voyais bien qu'elle regardait un petit peu du coin quand même. >> OK. >> Et puis je me sentie hyper, c'était hyper intrusif en fait. >> OK, Julia. Là , je fais plusieurs interventions. Comment c'est pour toi ça? Mes multiples interventions. >> J'ai l'impression que je suis dans l'histoire. Ça se passe bien, je suis fluide dans ce que je raconte. Et tes interventions me permettent de continuer ma narration. >> D'accord. >> Mais je n'ai pas de ressenti particulier. Je ne me sens pas surprise par les questions. >> Oui. Donc, mon intention à ce moment-là , c'est vraiment d'aller voir qu'est-ce que tu as vécu, qu'est-ce que tu as perçu. Et ce que j'utilise, ce sont des mouvements contraires notamment. Je vais aller m'intéresser à comment tu as vu ta collègue. Après ça, qu'est-ce que ça t'as fait sentir toi. Mais je reste dans mon processus de mentalisation, là autour du vécu dans l'épisode, à la fois ce que tu pensais, mais aussi ce que tu sentais. OK? Et plus j'avance dans mon processus, plus je vais vouloir te poser des questions sur quelque chose qui est plus proche au niveau de ce qu'on vit ensemble en racontant l'histoire ou qu'est-ce que tu vis maintenant. D'accord? >> Oui. >> OK, on va regarder la suite. Quand elle regardait, du coup? >> En fait, je la voyais sur le côté et je sentais en fait cette présence. Je me sentais très mal à l'aise. Ouais, je ne sais pas comment expliquer ça mieux que ça. >> OK. Donc, le fait qu'elle vous regarde, cela vous a mis mal à l'aise, comme si vous étiez quoi? >> Je me suis sentie un peu dans une position très inférieure en fait. Vraiment, comme si... Enfin, vraiment cette hiérarchie de je suis le patron, toi, tu dois être un peu soumise à mes ordres. >> Et c'est cette personne-là soumise qu'elle regardait elle. >> Oui. >> C'est ça? >> Oui, c'est ça. Donc, du coup, tout ça vous mène après ça à vouloir >> Démissionner. >> démissionner, c'est-à -dire plus elle. >> En fait, ça me met tellement mal à l'intérieur de moi que même ce matin, j'avais la boule au ventre, je n'avais pas envie d'y retourner. >> Vous y êtes allée? >> Non, j'ai appelé pour dire que je ne me sens pas très bien. >> Voilà . Du coup, dans cette partie-là , je ne sais pas si tu as remarqué, mais je creuse un petit plus sur la manière dont comment dire tu pouvais te ressentir toi-même dans l'épisode. Qu'est-ce que ça évoquait du coup au niveau émotionnel? >> Bon alors, ça reste un jeu de rôle bien sûr, mais malgré ça, c'est vrai que du coup, j'ai vraiment l'impression d'être juste avec moi et mes émotions à ce moment-là . Et ça me met vraiment dans... Je l'exprime. Je dis là , je me sens triste, je me sens inférieure. Ouais, ça me remet presque dans l'état dans lequel j'imagine que j'aurais été à ce moment-là . >> OK, on peut donc s'imaginer là que mes interventions vont venir augmenter l'activation émotionnelle, ce qu'on appelle la [INAUDIBLE]. >> Exactement. Oui. >> OK et donc effectivement dans le processus, on essaie justement d'activer quand même un peu pour qu'on puisse avoir un contact avec l'expérience émotionnelle dans le moment. >> Oui. >> Et puis là , je vais vouloir me positionner pour essayer de miroiter qu'est-ce que moi je ressens que c'est d'être dans tes chaussures. OK, donc on va voir la suite, d'accord? >> D'accord. >> Ça vous fait quoi d'en parler ici aujourd'hui? >> Ça me remet un peu en question. >> Bon? >> Un petit peu quand même. >> OK, de quelle manière? >> En fait, la façon dont vous animez les questions, etc., me fait me demander si je n'exagère pas un petit peu. >> Vous croyez que c'est ça que je pense? >> Oui. [RIRE] >> Bon? >> Oui. >> OK. Non, moi je ne croyais que vous exagériez autant que toutes ces émotions-là les unes après les autres, ça vous donne, ça vous met effectivement dans un état où vous n'êtes plus en sécurité. >> Oui, c'est ça. >> Et quand vous n'êtes plus en sécurité, moi je peux comprendre que vous ayez envie de partir. >> Complètement. >> Voilà . Donc dans cette petite validation empathique, c'était comment pour toi de voir quelqu'un qui essaie de mettre des mots sur ce que tu as vécu? >> Ça me fait prendre, j'ai l'impression, une perspective qui est plus d'en haut, où je revois la situation un peu dans son ensemble et ça me fait prendre un peu conscience de la situation et de comment je l'ai perçue et comment je l'ai vécue et ressentie. >> OK et à ce moment-là , est-ce que tu as l'impression d'être avec quelqu'un qui essaie de, comment dire, te convaincre de quelque chose? Ou quelqu'un qui est plus proche de ton expérience vécue? >> Non, je me sens accompagnée en fait dans cette prise de perspective plus haute. >> Alors, je dis ça parce qu'effectivement dans mon modèle de posture de non savoir, je n'essaie pas trop de mettre des mots à la place de la personne. Là , je le fais un peu en fait, en sécurité, etc. Mais pour l'instant dans ton vécu, tu n'as pas trop l'impression que j'empiète ou que je rajoute quelque chose à ton expérience? >> Pas du tout. Je me sens comprise et au contraire, ça m'aide de poser d'autres mots qui rejoignent en fait ce que je pense et ce que je ressens sans pour autant que ce soient les miens et qu'ils sortent de ma bouche. >> D'accord, OK, du coup, on aura bien travaillé ensemble sur le processus mentalisant. Je vais simplement résumer pour les gens à la maison. Donc, l'idée dans le processus mentalisant, c'est effectivement faire le tour de cette narrative. Là ici, l'épisode de Julia avec sa collègue et son employeur. Et puis, essayer d'aller à la fois avoir une bonne compréhension de ce que la personne pense au moment de l'épisode, mais aussi ce qu'elle vit, ce qu'elle sent affectivement. OK? Chemin faisant, je vais aussi de temps en temps faire des petites interventions sur plus l'ici et le maintenant. Qu'est-ce qui est vécu? Vous avez peut-être remarqué à un moment donné que j'ai fait une petite pause et que j'ai adressé la relation. C'est-à -dire j'ai dit mais est-ce que vous pensez que je suis en train de penser ça? D'accord? Ces mouvements-là de synchronie, diachronie vont m'aider à soutenir aussi le processus mentalisant et me positionner pour non pas dire oui, je comprends, mais d'utiliser au plus possible les mots de la patiente pour traduire, essayer de justement mettre en narrative ce qu'elle a pu vivre et ce que ça fait aussi de le vivre ici et maintenant. Et à ce moment-là , ça va me mettre vraiment en piste pour l'élaboration et les autres domaines d'intervention dans mon modèle de mentalisation. Mais le processus mentalisant, c'est vraiment la base. [MUSIQUE] [MUSIQUE]