[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Vous êtes un professionnel en santé mentale, et vous vous apprêtez à débuter un traitement basé sur la mentalisation. Dans cette séquence, je vais vouloir survoler à vol d'oiseau les différents éléments du début d'un traitement, et en particulier focaliser sur la formulation. Vous avez déjà votre structure du traitement basé sur la mentalisation, qui commence par une évaluation, qui est suivi par de la psycho-éducation, et qui finalement enchaîne sur la modalité groupale et individuelle une fois par semaine pendant 18 mois. Maintenant, on est vraiment sur l'évaluation. L'évaluation elle-même a plusieurs étapes. Il y a l'étape de l'évaluation traditionnelle, c'est-à -dire l'anamnèse, l'historique du patient, la procédure diagnostique qui va s'adapter à la culture de votre service, comment vous parlez des diagnostics avec les patients. La formulation, j'y reviendrai. Ensuite, vous avez un élément qui est très important, qui est le plan de crise. En thérapie basée sur la mentalisation, on a souvent affaire à des individus qui sont en forte crise, crise suicidaire ou hétéro-agressive, donc il va y avoir un plan de crise spécifique. Et enfin, vous avez aussi toute la modalité de l'évaluation des effets du traitement. Vous allez vouloir vous intéresser à quels effets cherche à obtenir le patient, vous-même, et comment vous allez monitorer, comment vous allez mesurer ça. Tous ces élément nécessitent une formation approfondie. C'est pour ça que je les passe en vol d'oiseau. Maintenant, il y a un point important sur lequel j'aimerais revenir, qui est celui de la formulation. La formulation, c'est votre processus collaboratif autour de comment vous allez vous entendre avec le patient au sujet des objectifs de travail. Vous allez aussi vouloir engager la personne à ce qu'elle puisse formuler sa demande. Vous allez donner une priorité à sa demande, parce que c'est ça qui est central. Puis, vous allez aussi tenir compte, bien sûr, des obstacles au traitement, c'est-à -dire vous allez, dans la formulation, être sensible à la gestion du risque, à ce qui pourrait venir interrompre le traitement. Vous allez en parler d'une manière tout à fait transparente. Dans votre formulation, vous voulez formuler des objectifs qui sont centrés sur des états mentaux. Si quelqu'un vous dit : « Moi, j'aimerais retrouver ma famille qui m'a exclu du foyer familial » ou alors « retrouver un emploi », ce sont des objectifs qui sont comportementaux. Vous allez vouloir les re-contextualiser, les reformuler d'une manière où il y a des états mentaux. Qu'est-ce qui vous empêche aujourd'hui d'être stable dans une situation d'emploi? Qu'est-ce qui vous empêche aujourd'hui au niveau émotionnel, au niveau relationnel d'être avec votre famille? Ce processus de formulation-là a tout un certain nombre d'ingrédients : les objectifs, la gestion de crise ; vous allez aussi vous interroger autour de la croyance ou des croyances au sujet des autres, de soi-même, comment la personne se met en relation, typiquement, quels sont ses schémas relationnels, comment ces schémas relationnels connaissent parfois des écueils, des crises. Vous allez aussi vouloir focaliser, pas seulement sur le négatif mais aussi sur le positif. Vous allez aussi vouloir souligner les moments, les situations dans lesquelles la mentalisation fonctionne parfaitement bien, pour pouvoir ensuite nuancer et voir quand la mentalisation fonctionne moins bien. Et enfin, vous allez vouloir avoir une idée de comment la personne se représente le déroulé de la thérapie, qu'est-ce que la personne anticipe, comment elle voit les choses, quels seront les résultats mais aussi quels seront les obstacles. Avec ça, vous allez avoir une formulation qui sera complète. Regardons ensemble une vidéo où je suis avec notre patiente simulée Julia, et on fait ensemble un résumé du processus de la formulation, et essayez d'identifier les ingrédients de la formulation dans la vidéo. >> Je pense que ce qui m'aiderait le plus dans mon quotidien c'est d'apprendre à gérer mes conflits, parce que c'est quand même quelque chose qui est très redondant. >> Quand vous dites gérer vos conflits, c'est l'avant, le pendant, l'après, les trois? >> Les trois, parce que pour pas que ça démarre ou de façon peut-être plus appropriée. Pendant, pas que ça monte dans les tours et que ça prenne des proportions trop grandes. Et l'après, c'est le côté un peu rumination que j'ai, où je me refais la scène sans cesse. >> Vous avez une bonne compréhension de ces différentes étapes-là . Si on commence par l'avant, est-ce qu'il y a un point en particulier qui vous semble important à travailler? >> Je dirais mon impulsivité. >> Oui. Ça se manifeste comment, ça, pour vous? >> J'ai un peu trop tendance, je pense, à tout de suite partir au quart de tour. C'est quelque chose qu'on me reproche souvent, d'être trop impulsive. >> Donc vous et moi, on peut être attentifs à ces démarrages-là , aux quarts de tours, et ce qui vient juste avant pour que ça démarre. Oui? >> Oui. >> Pendant? >> Pendant, c'est plus comment faire pour ne pas qu'à chaque fois je me mette à crier, et me mettre dans des états vraiment émotionnels forts. >> Ça, c'est le faire, comment on peut faire pour ne pas faire? >> Oui. >> Est-ce que ça serait utile aussi de se pencher sur ce qui vous mène à faire, ce qui vous mène à crier, à quoi ça sert? >> Oui. >> Ça serait utile comment pour vous? >> Je pense que ça pourrait désamorcer le conflit. En fait, je me sens fatiguée de tout le temps, franchement, c'est lourd. [DIAPHONIE] >> Aller à ce niveau émotionnel? >> Oui, exactement. >> Et après, il y a de la rumination, vous dites? >> Oui. >> Ça veut dire quoi, ça, pour vous? >> Qu'à chaque fois, je repense à la scène, au conflit, peu importe avec les amis, le copain ou le travail. >> Et quel est le problème que vous avez avec ça, de repenser, de ressasser les choses? Quel problème ça vous pose dans votre vie? >> Ça m'arrive de ne pas réussir à m'endormir parce que j'y repense trop, ou même des fois, je me réveille le matin, je ne suis pas très bien parce que j'avais fait des cauchemars. C'est comme si j'essayais de ne pas y penser mais que ça restait un peu toujours dans un coin de ma tête. Ça m'accompagne tout le temps. >> D'accord. Je vais prendre ça en note dans notre formulation. Est-ce qu'il y a une ou deux relations de conflits en particulier que vous voulez cibler dans un premier temps? >> Oui. Je dirais avec ma mère. Comme je vous ai déjà parlé. >> [DIAPHONIE] On en a parlé, oui. >> Et avec mon copain. >> D'accord. Il y avait aussi le travail. Je me demande si ce n'était pas >> Oui, aussi. C'est vrai. Mais il y a du nouveau. C'est parce que [INCOMPRÉHENSIBLE] à ne pas vouloir y penser parce que ça fait partie de mon quotidien. >> Je me demandais si ça vaudrait la peine aussi de l'inclure dans notre travail, puisque ces moments au travail, vous m'avez dit que ça peut très bien se passer comme ça peut aussi partir avec beaucoup d'émotions, et que des fois, ça crée des ruptures. Dernièrement, en tout cas, ça a fait beaucoup de ruptures pour vous. >> Oui, c'est vrai. Vous avez raison. >> On mettrait ça, peut-être dans notre plan de travail? >> Oui, et même plus que finalement ma mère, maintenant que vous le dites. >> Dans cette petite vidéo d'une durée d'environ quatre minutes, un peu plus, on a juste vu comment j'essaie de poser le cadre collaboratif autour en particulier des objectifs de la formulation, mais également commencer à se représenter les domaines relationnels avec lesquels Julia voudrait de l'aide ou elle voudrait qu'on travaille là -dessus. Je vais devoir aussi couvrir le reste de mes ingrédients de la formulation, mais ça vous donne quand même un regard sur comment j'insiste beaucoup, comment on insiste en mentalisation pour que la personne tente de se représenter dans sa subjectivité quel est le souci, quels sont les effets émotionnels, quelles sont les pensées, tous les éléments de la mentalisation que nous avons vus ensemble. Dès lors, nous sommes prêts pour aborder les prochains domaines d'intervention en thérapie basée sur la mentalisation. [MUSIQUE] [MUSIQUE]