[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Quand on a commencé, honnêtement, c'était extrêmement difficile d'avoir des mesures d'impact extrêmement rigoureuses parce que là aussi, c'est un chemin. C'est-à -dire que souvent on commence à agir, on se dit qu'on va essayer de construire une théorie du changement, d'identifier les leviers sur lesquels on veut agir pour contribuer à une transformation, et puis c'est à l'épreuve du terrain qu'on va ajuster, et mieux comprendre finalement, la pertinence ou la non pertinence de ce qu'on apporte en écoutant les bénéficiaires. Donc, pour moi, il y a toute une partie qui est très qualitative, qui est beaucoup dans l'écoute des parties prenantes, et d'ailleurs on a fait une étude en 2015 avec KiMSO, qui était plutôt une étude qualitative. Ils étaient allés interviewer différentes parties prenantes pour leur demander ce qu'ils pensaient de nous et ce qu'ils pensaient de notre utilité sociale. Pour prendre un exemple qui est l'exemple du premier projet qu'on a lancé avec SynLab, qui s'appelle Bâtisseurs de Possibles, c'est un projet qui vise à accompagner les enseignants des écoles primaires à écouter les questions des élèves et à mettre en place des projets collectifs au service de l'intérêt général. Donc c'est une méthodologie en quatre étapes avec du design thinking qui invite à un vrai changement de posture de l'enseignant et qui permet aux élèves de développer des compétences socio-émotionnelles assez fortes, notamment la capacité à coopérer, à prendre des initiatives, à avoir plus confiance en eux. Et donc, là aussi quand on est sur des domaines un peu moins durs, toutes ces soft skills, ces compétences socio-émotionnelles, c'est parfois plus difficile de savoir qu'est-ce qu'on apporte de manière très significative. Ça nous a pris deux ou trois ans avant de nous focaliser sur le sentiment d'efficacité personnelle, après avoir fait pas mal de recherches sur Bandura et d'autres psychologues, pour essayer de déterminer quel était le sujet, enfin la compétence qu'on voulait travailler prioritairement grâce à un projet comme Bâtisseurs de Possibles. Donc c'était une phase hyper importante pour ne pas mesurer la coopération, la créativité, bref toute une batterie de choses, mais essayer de focaliser sur un élément qui est déterminant et qui est peut-être socle ou prioritaire. On a pris un petit peu de temps avant d'aboutir sur cette question du sentiment d'efficacité personnelle, et après on a mis en place une étude d'impact sur le développement du sentiment d'efficacité personnelle chez les élèves qui mettaient en place un projet Bâtisseurs de Possibles. On avait quand même un groupe contrôle qui était un échantillon plus petit que ce qu'on pourrait faire dans une étude randomisée. Et puis on a quand même fait du avant- après. C'est-à -dire que en début d'année, deux groupes d'élèves, l'un mettait en place un projet Bâtisseurs de Possibles, l'autre groupe d'élèves qui ne met pas en place ce projet là , et fin d'année même chose, les deux groupes d'élèves. Donc ça permet quand même d'avoir une vision comparative et qui, avec cette logique de avant- après, neutralise les effets de progression naturelle d'un enfant au cours d'une année scolaire. Donc c'était intéressant de voir que Bâtisseurs de Possibles permet effectivement d'augmenter le sentiment d'efficacité personnelle des enfants, à la fois de manière générale mais aussi dans les disciplines que sont le français et les mathématiques puisqu'on a testé cette transférabilité sur deux disciplines. Ça nous a permis de sortir une première étude qui a un niveau de robustesse intéressant, qui n'est pas encore le niveau de robustesse le plus fort en recherche, mais qui est une étape significative dans ce chemin de l'évaluation de l'impact social. [MUSIQUE] L'impact social, c'est finalement le coeur de ce qu'on cherche à faire quand on entreprend au service du bien commun. C'est avoir le plus d'impact social possible, et en tout cas c'est à la fois un horizon et une exigence du quotidien. Une fois qu'on a dit ça se pose la question de qu'est-ce qu'on mesure, comment on le mesure, pour qui? Est-ce que c'est pour soi dans une logique d'amélioration ou pour l'extérieur dans une logique d'aller chercher des financeurs? C'est une question qui est relativement complexe, qui est reliée en fait à la vision, la mission et la valeur ajoutée qu'on pense avoir vis-à -vis des bénéficiaires et des parties prenantes. L'évaluation de l'impact social, pour moi, c'est peut-être un continuum qui va d'études qualitatives qui permettent de définir un peu plus finement notre périmètre, de qualifier les indicateurs, de mieux comprendre quelle est notre utilité pour progressivement, peut-être, construire des boussoles qui vont permettre de monitorer notre action et en même temps d'aller vers des études quantitatives peut-être plus exigeantes qui prouveront par la recherche l'utilité finale de ce qu'on fait. Le qualitatif est un élément intéressant, important mais pas suffisant. Cest-à -dire que plus la structure grandit et plus il est nécessaire d'objectiver ou de réfléchir de manière plus structurée et peut-être plus quantitative à l'impact qu'on souhaite rechercher. Donc, là , je dirais qu'il y a tout un panel de possibles. Le plus rigoureux, le plus poussé qu'on puisse avoir aujourd'hui, c'est les fameuses études randomisées avec groupe test, groupe contrôle, avant, après. C'est des études qui sont extrêmement coûteuses, qui peuvent coûter plus de 100 000 euros, qui sont extrêmement rigoureuses mais qu'il n'est pas toujours possible de mettre en place dès le démarrage d'une activité. [MUSIQUE]