[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Louis, cofondateur du Refugee Food Festival. Le Refugee Food Festival c'est un projet qui a deux objectifs principaux. Un premier objectif qui est de changer le regard sur les personnes réfugiées grâce à la cuisine, un second qui est d'accompagner leur insertion professionnelle dans le secteur de la restauration en France, mais aussi plus largement en Europe. On a une diversité d'activités pour atteindre notre mission sociale. La première c'est un festival culinaire qui a lieu chaque année au mois de juin, qui crée des collaborations entre des restaurants et des chefs réfugiés, et qui a lieu à Paris mais également dans 15 villes de France, d'Europe, mais aussi aux États-Unis et en Afrique du Sud. Chaque année il y a entre 100 et 150 restaurants qui participent, et ça va du restaurant étoilé jusqu'à la cantine de quartier. La deuxième activité qu'on mène c'est une activité où on a un restaurant d'insertion pour les personnes réfugiées dans le secteur de la restauration, qui a aussi un rôle d'incubateur dans lequel des chefs réfugiés qui veulent lancer leur propre activité peuvent venir se former pendant des périodes de six mois avant d'ouvrir leur propre restaurant ; et il est également adossé à un service traiteur dont les menus sont conçus et préparés par des chefs réfugiés qu'on accompagne sur des prestations pour des entreprises, des institutions ou des particuliers. [MUSIQUE] Le projet est porté par une association qui est adossée à un modèle hybride, mais on a eu la volonté de développer le Refugee Food Festival sous le statut associatif parce que la majorité des actions qu'on mène sont des actions à but non lucratif, donc on a recours énormément, ou dans une proportion importante à du mécénat et à des subventions, pour financer des actions qui sont par définition non rémunératrices ou en tous cas pas directement pour l'association, même si elles créent de la valeur pour la société d'un point de vue plus général. On a eu la volonté au bout de deux ans de développer un modèle économique propre tout en servant les objectifs qu'on s'était fixé, et en atteignant notre mission sociale, à savoir changer le regard sur les personnes réfugiées et accélérer leur insertion professionnelle, en développant une filiale commerciale, qui est une SAS, qui appartient à 100 % à l'association, qui héberge nos activités de restauration, donc à savoir le restaurant d'insertion et les services traiteur, et dont l'intégralité des bénéfices sont reversés à l'association. Donc on est vraiment sur un modèle associatif Non Profit global, mais avec un fonctionnement, une structure un peu hybride. [MUSIQUE] Au niveau de la gouvernance du Refugee Food Festival, on a volontairement voulu choisir dès le début un modèle de gouvernance assez resserré avec une prise de décision qui est opérée directement par les deux cofondateurs qui sont Marine Mandrila et moi-même, pour gagner en agilité et en rapidité et notamment ne pas tomber dans le travers d'avoir une gouvernance qui soit trop lourde et trop complexe à gérer notamment dans la prise de décision. On est accompagnés par un pool d'experts qui est un comité consultatif, qu'on consulte pour nous éclairer sur les décisions importantes qu'on doit prendre. Il est composé d'experts de secteurs clés qu'on a identifiés par rapport aux enjeux auxquels on est confrontés, notamment les enjeux d'insertion professionnelle, d'événementiel, de sensibilisation ou les enjeux propres au secteur la restauration typiquement. Et aujourd'hui on est en train de revoir et d'approfondir cette gouvernance en associant d'autres parties prenantes, et notamment les porteurs de projets citoyens qui sont les organisateurs locaux du Festival dans les 15 villes dans lesquelles le projet est implanté, pour les associer à la prise de décision et les intégrer au Conseil d'administration du projet. [MUSIQUE] La majeure partie des actions qu'on mène dans le cadre du Refugee Food Festival sont des actions à but non lucratif donc qui ne génèrent pas de revenus directement pour l'association, et dans ce cadre-là on a essentiellement recours, pour financer nos actions, à du mécénat ou à des subventions, et également à des dons de particuliers ; ça peut représenter une part importante de notre modèle économique, dans le sens où ça représente jusqu'à 70 %, je pense, de nos sources de revenus, 60 à 70 %. Et à côté de cela, on a une partie de nos activités qui est autofinancée par des activités profit qu'on a internalisées et qui sont isolées dans la filiale commerciale qui est la SAS. Ce sont nos activités de restauration qui génèrent des revenus et dont l'intégralité des bénéfices sont reversés à la structure. En termes de financeurs qu'on sollicite, nous n'avons pas recours à des business angels ou à des fonds d'investissement pour financer le développement de nos activités. On travaille essentiellement avec des fondations d'entreprise ou des organismes internationaux comme le HCR, une agence de l'ONU qui a notamment beaucoup soutenu le projet à l'amorçage, des acteurs publics comme la Mairie de Paris, on est également soutenus par la Région Île-de-France, par le Ministère du Travail, qui nous permettent de déployer notre impact et faire en sorte de mener nos actions au quotidien. On a recours, mais de manière modérée, mais peut-être que ça va être quelque chose qui va prendre de plus en plus d'importance, à du don de la part de particuliers, avec des campagnes de dons qui peuvent avoir lieu au moment des fêtes notamment, pour inviter les particuliers à soutenir le projet et à faire un don à l'association ; et on a également monté une campagne de crowdfunding à un moment donné, quand on a ouvert le restaurant d'insertion qui est la résidence, ça a eu une vertu, ça nous a permis de réunir un premier capital pour investir dans le matériel dont on avait besoin pour le restaurant mais aussi de fédérer une communauté autour du projet, de tester la validité du projet auprès d'un premier pool de personnes qui ont été converties à notre cause, et qu'on a pu réunir et qui ont été aussi nos premiers ambassadeurs, qui ont fait parler de la résidence plus largement. Globalement c'est essentiellement un modèle non profit sur lequel on s'appuie. Donc la majorité de nos revenus viennent de dons, de subventions et de mécénat d'entreprise. [MUSIQUE] [MUSIQUE] En fait, l'enjeu qu'on a c'est de réussir à mobiliser des ressources pour faire en sorte de financer nos activités non lucratives, qui par définition ne génèrent pas de ressources pour l'association ; et en fait il faut qu'on alloue des ressources à cette recherche de financement et l'objectif c'est d'y passer le moins de temps possible pour pouvoir se concentrer sur notre impact. C'est un peu, je pense, la difficulté du modèle associatif, comment est-ce qu'on fait en sorte que les ressources qui sont mobilisées pour financer ou pour soutenir nos actions, et du coup démultiplier notre impact ne soient pas allouées, justement, à aller rechercher des financements derrière. C'est le gros enjeu du modèle associatif. Une autre difficulté à laquelle on est confrontés, c'est qu'il y a un travail de pédagogie à faire vis-à -vis de certains partenaires sur le fait qu'on a un modèle hybride, à savoir des activités totalement non lucratives qui soutiennent notre mission sociale, mais des activités qui soutiennent aussi notre mission sociale tout en ayant un modèle économique. Certains interlocuteurs auxquels on a été confrontés voulaient qu'il y ait une distinction qui soit totalement claire et précise entre ces deux activités et ils ne comprenaient pas qu'on pouvait articuler les deux et avoir un modèle qui réunisse, qui soit un peu plus complexe et qui permette d'autofinancer une partie de nos activités et qu'on ne soit pas totalement inscrits dans un objectif de non profit. On a fait ce travail de pédagogie, c'est parfois quelque chose qui est un peu technique, mais je pense que les mentalités évoluent par rapport à cela. [MUSIQUE]