[MUSIQUE] Après avoir vu, dans les trois modules précédents, comment une association peut analyser et repenser son modèle économique, penchons-nous maintenant sur la façon dont elle se peut se faire accompagner dans cette démarche. Comment se structure l'offre et comment arbitrer entre les différents dispositifs en présence? Ce sera l'objet de deux vidéos, avec une première capsule consacrée aux dispositifs européens nationaux et une deuxième à l'offre existante dans les territoires. Avant de répondre à ces questions, prenons le temps de définir, de façon un peu plus précise, ce que recouvre la notion d'accompagnement et ce que sont les besoins d'accompagnement des associations. Nous nous appuierons essentiellement sur les différents travaux et études réalisés sur le territoire par le G10, qui est un groupe informel d'échange et de réflexion de dirigeants de structures d'accompagnement du secteur associatif, qui comprend notamment l'Avise, Le Rameau, La Fonda, le Mouvement associatif et Pro Bono Lab. Si on regarde les travaux de La Fonda et de la CPCA, on peut définir l'accompagnement comme un processus qui s'articule autour de trois axes : un axe relationnel, qui implique l'accompagnateur et l'accompagné, un axe temporel, la démarche se fait dans un laps de temps donné, et un axe individualisation, l'accompagnement nécessite l'adaptation à des besoins particuliers. L'accompagnement peut se faire sous des formes multiples et diverses. Ce pourra donc être une formation, du conseil, un accompagnement au financement, de la mise en réseau, de la mutualisation de moyens, une médiation avec des partenaires, l'organisation d'un débat collectif, bref, un ensemble des activités. Ainsi donc, l'accompagnement se révèle bien souvent nécessaire dans le cycle de vie de toute organisation, dès lors que des transitions complexes sont à gérer, qui nécessitent un regard externe pour prendre le recul. Pour les associations en particulier, les besoins d'accompagnement se font sentir à l'heure où les contraintes économiques pèsent de plus en plus sur les structures d'intérêt général, mais aussi où la prise en compte de la contribution des associations à la création de valeur grandit, même si elle est encore fragile. Ainsi, les associations manifestent de plus en plus un besoin de se faire accompagner sur des problématiques d'ingénierie financière, mais aussi de gouvernance, de mobilisation de leurs membres face à l'émergence de nouvelles formes d'engagement, d'organisation de leurs opérations, ou bien encore, pour les deux questions clés, de la mesure de l'impact de leur activité et de la meilleure manière d'embarquer l'ensemble de leurs parties prenantes, tout ceci avec l'objectif de la pérennisation de leur modèle. Comme on peut aisément le deviner, face à ces multiples besoins d'accompagnement une offre diversifiée s'est développée pour y répondre à de nombreuses échelles. Regardons d'abord quelles grandes impulsions politiques sont données à l'échelle européenne et à l'échelle nationale, avant d'analyser ce qui se fait dans les territoires et au sein des réseaux associatifs. Pour ce qui est de l'échelle européenne, les potentialités de l'économie sociale et solidaire sont de plus en plus reconnues. Suite aux conclusions du Conseil sur l'ESS en 2015, les pays de l'Union européenne ont successivement pris des mesures législatives pour promouvoir ce secteur, et la France ne fait pas exception à cette démarche. Notre pays est particulièrement reconnu pour son action et s'est engagé pleinement dans la préparation du cadre financier pluriannuel 2020-2027 pour l'économie sociale et solidaire en Europe. En plus de ces orientations déclinées au plan national, dans chaque pays, la priorité est donnée, depuis plus de dix ans, à l'innovation en région. Ainsi, dès 2007, la Commission européenne a proposé aux régions françaises d'élaborer des stratégies régionales d'innovation, SRI, appliquées notamment à l'ESS. Ainsi, la loi sur l'économie sociale et solidaire en 2014 puis les orientations énoncées par le Conseil de l'économie sociale et solidaire en 2017 ont permis de dégager des critères pour caractériser un projet socialement innovant, afin d'en améliorer l'accompagnement et la valorisation. Les associations sont directement concernée par ces orientations nationales et, chaque année, le gouvernement présente un plan de soutien à la vie associative qui vient compléter ces dispositions. Mais alors, concrètement, qu'est-ce que ces grandes impulsions politiques recouvrent en termes d'accompagnement? Regardons au plan européen. Pour les aspects financiers, les fonds structurels, dont le Fonds Social Européen, constituent une source de financement importante pour les associations. Si on analyse la programmation 2014-2020, le FSE a versé 6 milliards d'euros à la France pour financer les programmes luttant contre la pauvreté et l'exclusion et favorisant l'emploi, la formation et la transformation des modèles économiques. La gestion du FSE se fait par l'intermédiaire de l'État, 65 % des fonds, et pour le reste par les conseils régionaux. Ainsi, une association qui souhaite bénéficier des programmes de subvention du FSE, peut passer par les autorités de gestion déléguées en région ou en département, ou par d'autres organismes intermédiaires, ou bien faire la démarche en ligne sur le site dédié, fse.gouv.fr. Le versement de subventions en provenance du FSE se fait toujours en cofinancement. On peut noter que d'autres organismes, à l'échelle locale ou nationale, interviennent, en plus des services publics, pour l'affectation des fonds. C'est par exemple le cas de l'Avise. En plus de cet accompagnement financier, on peut noter, pour ce qui est de l'Europe, la naissance du Réseau européen des villes et régions de l'économie solidaire, la seule organisation européenne fondée sur le partenariat entre les collectivités locales et régionales et les organisations de l'économie sociale et solidaire qui portent en régions, parfois transfrontalières, des projets socialement innovants. Après ce rapide survol de l'échelon européen, venons-en à l'échelon national. Du côté des dispositifs mis en place par l'État, les associations peuvent, par exemple, bénéficier du fonds pour le développement de la vie associative pour le financement de leur plan de formation. De nombreux autres dispositifs maillent le territoire : les CRIB, centres de ressources et d'information des bénévoles, les PAVA, points d'appui à la vie associative, les MAIA, missions d'accueil et d'information des associations, ou encore les DLA, dispositifs locaux d'accompagnement. Ainsi, les DLA sont pilotés par l'Avise, à l'échelon national, à travers le centre de ressources DLA, et coordonnés, à l'échelon régional, par les DLA régionaux qui s'entourent d'experts sectoriels. Cette liste de dispositifs et de parcours nationaux d'accompagnement n'est bien sûr pas exhaustive, d'autant que de nombreux organismes agissent également dans ces formes d'accompagnement. Ainsi, le monde privé lucratif s'est emparé de ces grands enjeux avec, en première ligne, les grands cabinets de conseil généralistes ou spécialisés dans l'économie sociale et solidaire, qui ont récemment commencé à développer une offre d'accompagnement en direction des associations avec, évidemment, des coûts adaptés au secteur. Le monde académique s'est également mobilisé, et notamment la Chaire Innovation et Entrepreneuriat Social de l'ESSEC, qui a élaboré, il y a 12 ans maintenant, un parcours de formation, Bonnes pratiques et transparence associatives, sous forme d'une démarche d'évaluation de la gouvernance associative, à l'attention de ses étudiants, et plus largement de tous les étudiants de l'ESSEC engagés dans la vie associative de l'ESSEC. Mais du fait de leur fort ancrage territorial, les associations ont également besoin d'outils et de dispositifs en local. Et, à ce titre, les programmes d'accompagnement locaux se multiplient et apportent une expertise grandissante au service des associations. Ce sera donc l'objet de la deuxième vidéo.