[MUSIQUE] Dans cette deuxième vidéo du quatrième module, nous allons nous intéresser aux dispositifs développés en région et à l'échelle locale. Notons, pour commencer, que les régions et les collectivités territoriales mobilisent de plus en plus de ressources pour soutenir le développement économique, l'innovation et la formation professionnelle sur leur territoire. Elles sont aujourd'hui, de par la loi, pleinement compétentes pour accompagner les innovations sociales, et on observe, dans de nombreuses régions, la création de services de suivi et d'accompagnement à destination des associations locales. C'est ainsi que se sont développés, par exemple, les mouvements associatifs régionaux, issus du mouvement associatif national, les maisons des associations, ou encore les pôles territoriaux de coopération économique, PTCE, définis par la loi de 2014. Ces PTCE rassemblent des acteurs locaux de l'économie sociale et solidaire, mais aussi hors économie sociale et solidaire pour redynamiser des territoires fragiles. On retrouve également des chambres régionales de l'économie sociale et solidaire qui accompagnent les structures d'intérêt général dans le cadre de leurs missions de création, de développement et de consolidation des entreprises de l'ESS. L'Avise a ainsi réalisé une cartographie des acteurs de l'accompagnement, de l'émergence au changement d'échelle, que vous trouverez en ressource complémentaire. Cette cartographie permet de voir qu'à l'émergence de son projet, qui est la première étape, une association peut se faire accompagner par des acteurs comme la Fabrique à initiatives, le labo des Écossolies, Autonom'lab, Marseille Solutions. Au moment de la consolidation, deuxième étape, du développement d'une association, on retrouve des acteurs comme les chambres régionales de l'ESS, les agences et centres de ressources dédiés à l'économie sociale et solidaire, les maisons des associations, les PAVA, les DLA régionaux et bien d'autres organismes encore. Enfin, pour le changement d'échelle, troisième stade de développement de l'association, des acteurs comme La France s'engage, ou des programmes comme le P'INS, lancé en 2014, par la Fondation MACIF et l'Avise, qui accompagnent les dirigeants de projets socialement innovants dans leur stratégie de duplication. Il existe donc un grand nombre d'acteurs et de dispositifs à toutes les échelles et les propositions continuent de fleurir. Ainsi, le rapport Ensemble accélérons, présenté en 2015 par le groupe de travail Futurs Publics, suggère la mise en place de parrains d'essaimage, c'est-à -dire des interlocuteurs publics facilement identifiables en local pour renforcer l'appui public nécessaire au changement d'échelle des projets socialement innovants. L'approche territoriale que nous venons de présenter n'est cependant pas la seule grille de lecture qu'il convient d'adopter pour cerner l'ensemble du paysage de l'accompagnement au service des associations. Ainsi, les réseaux associatifs jouent-ils un rôle majeur au travers des têtes de réseaux dans la structuration de l'accompagnement aux associations. En effet, ces regroupements associatifs permettent de faire émerger une intelligence collective, une vision transversale d'un secteur d'activités de ses enjeux et de ses spécificités, notamment au plan réglementaire. Au-delà de l'analyse d'un projet d'un modèle propre à une structure, il s'agit de proposer des lieux, des temps et des instances de dialogue et d'échange entre les acteurs pour sortir les porteurs de projets de leur isolement et leur permettre de développer leur action et d'en maximiser l'impact. Les réseaux associatifs sont donc là pour appuyer, conseiller, valoriser et représenter les associations membres ainsi que leurs actions. Et à ce titre, les têtes de réseaux jouent un rôle central dans l'accompagnement et le soutien aux associations qu'il convient de pleinement valoriser. On pourra parler alternativement d'unions ou de coordinations, et pas simplement de têtes de réseaux, selon une organisation qui ressemble à celle en place dans le secteur de la mutualité française. Alors, d'abord, qu'est-ce qu'une tête de réseau? Une note de synthèse publiée sur la question en 2017 par le mouvement associatif et l'ADASI propose une approche à double détente. D'abord, les têtes de réseaux de premier niveau, qui opèrent généralement dans une logique sectorielle et qui accompagnent les structures locales, tout en leur donnant une visibilité à l'échelle nationale ; par exemple, l'UNCPIE, qui a témoigné dans le cadre de ce module, peut être définie comme une tête de réseau de premier niveau car elle agit pour l'ensemble du secteur de l'éducation pour la protection de l'environnement. Ensuite, les têtes de réseaux de second niveau, qui opèrent davantage dans une logique intersectorielle et dont les membres ne sont alors plus les associations elles-mêmes, mais les têtes de réseaux associatives de premier niveau. Elles cherchent à développer des partenariats entre réseaux ou entre acteurs associatifs. Ces deux types de têtes de réseaux présentent un niveau différent de structuration et de professionnalisation et elles ne se financent pas à la même échelle. Parmi les têtes de réseaux de second niveau, on peut citer, par exemple, le mouvement associatif qui agit dans une grande diversité de secteurs et qui a constitué un réseau de mouvements associatifs en région. Le rôle central de ces têtes de réseaux, quels que soient leur degré d'intervention et leur appellation, se décline en six fonctions principales : le plaidoyer, la mise en réseau et l'animation, l'ingénierie, le pilotage de projets, l'accompagnement personnalisé, mais aussi la fonction d'opérateur. Et sur cette dernière dimension d'opérateur, la tête de réseau doit donc être attentive à ne pas concurrencer, voire cannibaliser l'action déployée par ses membres. Son action de tête de réseau doit être avant tout de coordonner celle de ses membres et de les valoriser le plus largement possible. Aujourd'hui, du fait des contraintes économiques et des logiques de regroupement qui déstabilisent bon nombre d'acteurs associatifs, les têtes de réseaux ne peuvent plus simplement limiter leur action à leurs missions traditionnelles de représentation, de mise en réseau et de partage d'informations ; il est crucial que ces têtes de réseaux développent de nouvelles compétences dans l'accompagnement opérationnel de leurs membres. Alors, souvent, les têtes de réseaux s'appuient sur les dispositifs existants, vis-à -vis desquels elles vont agir en complémentarité, comme les MAIA, les DLA, France Active, que nous avons déjà évoqués précédemment, et ces têtes de réseaux vont apporter ainsi un accompagnement complet sans avoir à développer toutes les compétences en interne. Après ce tour d'horizon du paysage de l'accompagnement associatif, il faut répondre à la question clé pour un responsable d'association : comment peut-on s'y retrouver? Comment s'orienter vers le dispositif le plus adapté à ses besoins d'accompagnement? Il convient avant toute chose de bien identifier les questions précises sur lesquelles on veut se faire accompagner : est-ce que ce sont des enjeux purement financiers, ou bien des enjeux qui relèvent de la gouvernance, ou bien des questions de ressources humaines et d'organisation, ou bien encore, est-ce qu'on cherche à construire des partenariats plus durables, sans savoir vraiment comment s'y prendre? Cette étape de formalisation et de définition du périmètre de la question est cruciale, c'est la condition sine qua non d'un accompagnement réussi. Ensuite, il convient de sortir de sa logique intrinsèque de fonctionnement pour regarder autour de soi. Si l'association fait partie d'un réseau, contacter la tête de réseau ou des associations paires est une étape qui peut déjà apporter de nombreuses réponses. L'association en besoin d'accompagnement n'est sûrement pas la seule, ni la première, à être passée par les questionnements qui sont les siens. Des dispositifs ont sûrement déjà été identifiés à cet égard en amont, et si l'association ne se rattache à aucun réseau, le contact d'associations paires peut porter des fruits à ne pas négliger pour identifier les bons interlocuteurs, ceux qui proposeront un accompagnement pertinent. Et là encore, on n'est jamais vraiment seul à se poser ces questions. Enfin, il ne faut pas hésiter à s'adresser à des centres locaux, comme les maisons des associations, ou les centres régionaux des DLA, déjà cités. Ces structures font le lien entre de nombreux dispositifs et acteurs de l'accompagnement et sauront sûrement aiguiller vers les structures et offres les plus pertinentes. La documentation sur la question est très riche, et il ne faut pas hésiter à s'en servir et à en profiter. [AUDIO_VIDE]