[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous accueillons donc aujourd'hui Charles-Benoît Heidsieck, qui est le président fondateur de l'association, Le Rameau, qui est notre partenaire pour la réalisation de ce MOOC. Alors Charles-Benoît, je vais vous demander, dans un premier temps, de vous présenter très brièvement, puisque c'est le premier module. >> Le Rameau est un laboratoire de recherche appliquée sur la co-construction du bien commun. Concrètement nous travaillons sur les alliances entre les structures d'intérêt général et les acteurs économiques. >> Alors, on va tout de suite démarrer avec la première question, par rapport à ce module de >> définition de ces partenariats entre entreprises privées et puis organismes œuvrant pour l'intérêt général, est-ce que vous pouvez nous présenter, dans un premier temps, une forme de panorama, ou de typologie de ces partenariats? >> Alors, nos travaux de recherche nous ont montré qu'il y avait, en fait, quatre catégories de partenariats. La première, historique, c'est le mécénat. Où il s'agit, pour l'entreprise, d'apporter, finalement, des moyens à un projet d'intérêt général, que ces moyens soient financiers, logistiques, ou en termes de compétences humaines par exemple. La deuxième catégorie de partenariats concerne les pratiques responsables. Là c'est un peu l'inverse, c'est l'association qui va aider l'entreprise sur un sujet sur lequel elle n'est pas, directement, la plus légitime pour pouvoir agir. Par exemple, sur le handicap, l'insertion, ou l'environnement, où les compétences associatives viennent aider l'entreprise dans sa conduite de transformation. Troisième catégorie, la coopération économique, qui s'est développée plus récemment, qui permet vraiment d'avoir une offre commune. Où l'association, et l'entreprise, vont pouvoir répondre à un besoin, soit d'un territoire, soit d'une population ciblée, ensemble, notamment dans le cadre des politiques publiques. Et puis, dernière catégorie, il s'agit de l'innovation sociétale, où là, nous sommes dans une vraie forme de recherche et développement, en commun, sur la question d'un besoin non satisfait aujourd'hui. Et, partant de l'association, comment l'entreprise peut aider à déployer à grande échelle, finalement, une innovation associative? >> Si on prolonge un peu votre propos, sur l'innovation sociétale, vous pouvez peut-être nous donner un exemple? >> Oui. Alors, on a vu dans les cas pratiques, finalement, WeeMove et Renault, et a vu vu aussi AG2R La Mondiale et la fondation Abbé Pierre, à travers Solifap. On peut citer par exemple, J'accède.com, et La Poste. Lorsque La Poste commence à développer une accessibilité dans tous ses bureaux de poste, elle se dit qu'elle a besoin d'un partenaire associatif, et qu'elle va soutenir le développement de son partenaire associatif, j'accède, pour pouvoir rendre compte, finalement, de l'accessibilité des lieux publics. Et la dynamique citoyenne de, j'accède, correspond totalement à la politique de La Poste, qui du coup, va pouvoir soutenir le déploiement d'une association qui en 2006 démarrait tout juste, et qui, aujourd'hui, a pris une stature nationale, grâce, notamment, à son partenariat avec La Poste. >> Et si on prend un exemple sur ce dernier >> Sur ce dernier exemple, on peut prendre par exemple, je crois qu'est développé le cas entre, WeeMove, et Renault, où, de part les plateformes de mobilité de, inventées par, WeeMove, Renault réfléchit, avec WeeMove, sur la façon de développer, à grande échelle, >> 350 plateformes en France, puisque il le faudrait. Alors ce ne sera pas, sans doute, 350 plateformes WeeMove, mais comment est-ce que, ensemble, finalement, on réfléchit sur le déploiement à grande échelle de l'innovation. >> Alors, parmi ces quatre types de partenariats, le mécénat, la pratique responsable, la coopération économique et la recherche et développement, quels sont ceux qui sont plutôt privilégiés par les entreprises d'abord? Et puis ensuite vous me direz ceux qui vous apparaissent comme étant plutôt privilégiés, ou plutôt, plus naturellement retenus, par les associations. >> Alors par l'entreprise, la porte d'entrée, c'est la pratique responsable. C'est, finalement, comment est-ce que des partenaires associatifs, notamment sur les territoires, peuvent m'aider à bouger sur des sujets sur lesquels je suis concerné? On parlait du handicap, ou de l'insertion, par exemple. Et là, c'est vraiment la forme privilégiée par l'entreprise. Lorsque l'entreprise, finalement, a découvert toute la richesse du partenariat associatif, elle évolue, très souvent, vers la coopération économique. Mais on part, finalement, de ces deux logiques, qui sont des logiques d'entreprises. À l'inverse, l'association va plutôt partir du mécénat, et donc aller demander, finalement, une aide, de la part de l'entreprise, qui va pouvoir soutenir un projet d'intérêt général. Et souvent, en découvrant la coopération qui peut exister, on évolue vers l'innovation sociétale, où là, l'association va se rendre compte que la coopération peut vraiment se mettre en œuvre et finalement contribuer à développer le projet à grande échelle. >> Alors, vous évoquiez donc cette évolution, pour l'association, du mécénat vers >> la recherche, pour l'entreprise de la pratique responsable vers la coopération économique, quels sont les éléments et les facteurs qui ont suscité, ou créé, cette évolution? >> Alors, cette évolution, elle est, d'abord elle est très récente, rappelons-nous que, en moins de dix ans, on a connu trois ères dans les relations. Il y a encore dix ans, en 2005, finalement, la question principale était le mécénat. Comment est-ce que la solidarité peut être apportée par l'entreprise pour aider un projet d'intérêt général? Et puis, progressivement, les questions se sont un peu déplacées. Notamment parce que les entreprises, dans leur politique de responsabilité sociétale, on été de plus en plus confrontées à des questions d'intérêt général, sur lequel elles devaient répondre. Et, dans ce cadre-là, elles ont découvert que leurs partenaires territoriaux, qui étaient les associations, pouvaient leur apporter, finalement des compétences. Et qu'ils pouvaient s'appuyer sur les compétences, pour leur propre transformation. Et ça, ça a été vraiment l'ère des nouvelles pratiques. Et j'allais dire, deux grands temps, le Grenelle de l'environnement, et le Grenelle de l'insertion, ont été deux moments où, finalement, les associations et les entreprises se sont rendu compte qu'elle pouvaient finalement, travailler ensemble, sur les sujets qui étaient les sujets d'enjeux de société, sur lesquels travaillent les associations d'intérêt général. >> Le Grenelle de l'Environnement, 2007, 2008... >> Absolument, on est vraiment en 2007, 2008. Et c'est là où ça a basculé, de la seule solidarité vers les nouvelles pratiques. Et puis en 2010, 2012, encore nouveau basculement, vers l'innovation. Parce que là, on se rend compte, finalement, que, on n'a pas le choix. Face à l'ampleur des enjeux économiques, sociaux, environnementaux, sociétaux, eh bien, finalement, aucun des acteurs, ni la puissance publique seule, ni les associations seules, ni les entreprises seules, ne peuvent répondre à ces besoins, et là, la dynamique de co-construction naît, non plus seulement ni dans une logique de solidarité d'une part, ni dans une logique, finalement, de nouvelles pratiques d'autre part, mais beaucoup plus en profondeur, comment est-ce qu'on invente ensemble des solutions, à grande échelle? Et c'est là que l'innovation sociétale apparaît donc on est en 2010, 2012 ; donc, hier matin. [MUSIQUE]