[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans ce module, nous allons nous intéresser à la mesure de la performance sociale et environnementale. Quel rôle et quelle place pour les indicateurs quantitatifs et qualitatifs dans la mesure de la performance sociale et environnementale, comment identifier une batterie d'indicateurs pertinents, et enfin quelle méthode de reporting convient-il d'utiliser. Premier point donc, l'évaluation de la performance sociale et environnementale. Quels sont les enjeux d'une évaluation quantitative et qualitative? L'apparition de nouvelles exigences sociétales au cours des années 90 à 2005 telles que la Loi NRE ou le Grenelle II dont on a parlé dans les modules précédents, a conduit à une intensification des réflexions sur cette question des indicateurs. Le concept de RSE, responsabilité sociale de l'entreprise, impose de nouvelles obligations aux dirigeants d'entreprises, notamment la nécessité d'un triple bilan des performances économiques, sociales et environnementales, d'où le besoin d'indicateurs. Les anglo-saxons parlent de triple bottom line, terme inventé par John Elkington du cabinet SustainAbility au début des années 90. Dans ce cadre, le reporting RSE doit être considéré comme un véritable outil de pilotage de la démarche RSE de l'entreprise. La mise en place in fine d'indicateurs de performance RSE pertinents doit permettre la définition de la stratégie RSE et faciliter la prise de décision au sein de l'entreprise. Les enjeux de la mesure quantitative de la performance RSE pour l'entreprise sont de répondre aux obligations légales, de communiquer de façon transparente avec les parties prenantes et de comparer la performance RSE entre les entreprises d'un même secteur ou d'une même industrie, en s'appuyant sur des données fiables et quantifiées. Néanmoins, la publication par les entreprises d'indicateurs quantitatifs sur les RSE est très souvent critiquée. On reproche parfois aux entreprises de faire ce qu'on appelle du greenwashing, c'est-à -dire de fournir des chiffres plus ou moins précis, sans objectif réellement défini, afin de valoriser leur pratique RSE. En outre, l'utilisaton d'indicateurs quantitatifs de mesure de la performance RSE est soumise à plusieurs conditions qui ne sont pas toujours réunies. Ces conditions sont : la définition exacte du périmètre de la pratique RSE, la mesurabilité de celle-ci, ou encore la non ambiguïté des résultats obtenus lors de la mesure de la performance RSE. Il est donc utile d'accompagner l'évaluation quantitative de la performance sociale et environnementale par une évaluation qualitative, qui aura pour objectif : un, de décrire les progrès réalisés sur les enjeux difficilement quantifiables, et deux, de rendre compte de l'amélioration continue des actions engagées d'une année sur l'autre. Les indicateurs qualitatifs sont dont complémentaires et essentiels à la présentation complète de la performance sociale et environnementale d'une entreprise. Une fois acquise la nécessité d'utiliser des indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour mesurer la performance sociale et environnementale d'une entreprise, il s'agit ensuite d'identifier les indicateurs adéquats. Donc comment identifier une batterie d'indicateurs pertinents? Rappelons tout d'abord la définition précise de ce qu'est un indicateur de performance. Selon l'Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises, LORS, un indicateur est je cite : une donnée quantitative qui permet de caractériser une situation évolutive, une action ou les conséquences d'une action, de façon à les évaluer et à les comparer à leur état à différentes dates. Il peut cependant être une forme d'indication ou de perception, c'est-à -dire un élément qualitatif. On voit donc que la définition de l'indicateur est à la fois quantitative et qualitative. Voyons maintenant les fonctions et objectifs d'un indicateur. Elles sont: un, de clarifier les résultats ou données issus d'un passé récent, afin de mesurer les modifications dans le temps de la performance sociale et environnementale. Deux, de donner l'information aux décideurs, et le plus clairement possible aux utilisateurs potentiels. Trois, d'évaluer les orientations actuelles et futures de la pratique RSE de l'entreprise. Au vu de ces trois fonctions, la qualité principale d'un indicateur réside donc dans sa capacité à rendre compte le plus précisément possible d'une pratique RSE et de ses conséquences. Un indicateur doit donc être : un, adapté au contexte de l'entreprise qui l'utilise. Il ne servirait à rien d'utiliser des indicateurs trop généraux qui ne correspondraient pas aux objectifs de l'entreprise en matière de RSE. Deux, facile à utiliser. Les indicateurs sélectionnés ou construits au cours de la démarche de mesure de la performance RSE doivent pouvoir être utilisés autant que nécessaire. Ils doivent donc répondre à un critère de simplicité d'utilisation. Trois, un indicateur doit être précis et spécifique à l'objet étudié. Quatre, un indicateur doit être mesurable, puisque la finalité d'un indicateur est de mesurer dans le temps les actions RSE de l'entreprise. Cinquième caractéristique, l'indicateur doit être fiable. Cela veut dire qu'on est certains de la source de l'information et de la qualité des conditions de la mesure. Sixièmement, un indicateur est comparable dans le temps et dans l'espace. En effet, les indicateurs de la performance RSE servent à comparer les différentes entreprises entre elles, sur la base d'un certain nombre de critères mais aussi les performances d'une même entreprise à intervalles réguliers. En outre, les indicateurs doivent être identifiés de façon à respecter et à évaluer une adéquation entre les engagements d'une entreprise et les exigences des parties prenantes à l'égard de cette entreprise. Ils peuvent ainsi être issus d'une concertation préalable avec les parties prenantes. Certains référentiels existants, tels que le GRI proposent environ 80 indicateurs classés par ordre d'importance, les indicateurs de base et les indicateurs supplémentaires. Ils sont également classés par thèmes, économie, droits de l'homme, relations sociales ou bien encore société. Voici des exemples d'indicateurs quantitatifs proposés par la GRI. Pourcentage d'agents en charge de la sécurité ayant été formés aux politiques ou procédures de l'organisation relatives aux droits de l'homme applicables dans leur activité. Nombre moyen d'heures de formation par an, par salarié et par catégorie professionnelle. Nombre total d'incidents de discrimination. Pourcentage de salariés couverts par une convention collective. Voici maintenant des exemples d'indicateurs qualitatifs proposés par la GRI. Activité identifiée comme présentant un risque significatif d'incidents relatifs au travail forcé obligatoire. Mesures prises pour contribuer à abolir ce type de travail. Néanmoins, le recours à des typologies générales peut poser problème, notamment lorsque les caractéristiques d'une activité dans l'entreprise nécessitent des mesures plus spécifiques. Dans certains cas, il est donc préférable de construire des indicateurs adaptés au contexte de l'entreprise. De nombreuses initiatives visant à définir des cadres pour l'élaboration d'indicateurs de développement durable ont dont vu le jour ces dernières années. Outre la proposition d'une batterie d'indicateurs déjà formalisés, la GRI par exemple fournit aux entreprises des lignes directrices pour la publication de leurs rapports de développement durable et propose ainsi des principes d'élaboration des indicateurs portant sur le contenu mais également sur la qualité, la forme et les caractéristiques même du rapport. De cette manière, entre 2009 et 2011, Publicis a construit une batterie d'indicateurs qualitatifs et quantitatifs propres à la mobilisation de ses équipes autour des critères RSE de Publicis elle-même dans la sélection de ses fournisseurs. Ainsi, un questionnaire est rempli par l'ensemble des fournisseurs du groupe à chaque appel d'offre. La direction des achats du groupe suit l'évolution de plusieurs indicateurs formulés ad hoc, tels que l'intégration systématique des questionnaires RSE dans les appels d'offre, la prise en compte des réponses dans la note finale attribuée aux offres, et enfin l'acceptation par les fournisseurs de ses propres clauses internes sur les thèmes importants : droits de l'homme, droit du travail, et impact environnemental notamment. [MUSIQUE]