[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'appelle Christophe Vernier, je suis directeur du sociétariat et de la RSE au Crédit coopératif. Le Crédit coopératif c'est la banque de l'économie sociale et solidaire en France qui a un peu plus de 120 ans d'existence et qui s'est spécialisée, donc, sur les structures d'économie sociale élargie au monde des entreprises qui ont en commun un certain nombre de valeurs, qui se regroupent pour exercer leur activité, et également aux particuliers qu'on appelle chez nous les particuliers affinitaires, qui viennent au Crédit coopératif pour ses valeurs. Alors, le reporting extra-financier au Crédit coopératif a commencé à voir le jour à la fin des années 2000, de manière assez spontanée, avant que la loi n'impose aux entreprises de publier un certain nombre d'informations. On a commencé par une brochure en 2010 ou 2011, de mémoire, qui présentait vraiment les activités de la banque sous un angle développement durable et RSE, et c'est à partir de 2011 qu'on a intégré cette partie extra-financière dans notre rapport d'activité officiel qu'on appelle document de référence, au sens de l'AMF. Donc on a intégré un certain nombre d'indicateurs extra-financiers à notre rapport annuel. Pour nous, Crédit coopératif, les enjeux de reporting extra-financier se situent à trois niveaux. Tout d'abord, en tant que banque : les acteurs financiers de manière générale, et une banque comme la nôtre en particulier, ont une responsabilité toute particulière sur la manière dont évolue la société dans ses circuits de financement, dans les aspects sociaux, les aspects économiques, les aspects environnementaux, et donc nous avons des comptes à rendre dans ce domaine. Une banque a des choix à faire, sur ce qu'elle finance, ce qu'elle ne finance pas, la manière dont elle finance les projets, quel type de produits elle met en œuvre, quel type de relations elle noue avec ses clients mais également avec les autres parties prenantes, donc ça c'est l'aspect vraiment bancaire. En tant que coopérative, nous avons la particularité d'avoir des clients qui ont une double qualité. Ils sont à la fois usagers de la banque, de ses produits et services, mais ils sont également sociétaires, c'est-à -dire qu'ils détiennent la totalité du capital de la banque et ils ont un droit de vote, une personne, une voix, ce qui fait qu'ils sont quelque part copropriétaires de la banque, et nous avons une responsabilité toute particulière qui est celle de leur rendre compte de la manière dont nous utilisons l'argent qu'ils nous ont confié. Je pense qu'en termes de RSE, pour une banque coopérative, c'est vraiment le premier champ de responsabilité. Nous avons également à leur expliquer comment nous envisageons la création et le partage de la valeur dans une banque comme la nôtre. C'est le modèle économique de la banque, qui a ses règles spécifiques d'affectation des bénéfices, avec une mise en réserve particulière des excédents, une rémunération limitée du capital et un dispositif assez particulier de ristourne. Enfin, en tant qu'entreprise, comme tout un chacun, nous avons nos propres enjeux de RSE liés aux pratiques employeurs, à nos pratiques environnementales, à nos politiques d'achat responsable, à nos relations avec nos communautés, le mécénat, etc. Donc sur ces trois champs, en tant que banque, en tant que coopérative et en tant qu'entreprise, nous avons progressivement développé un certain nombre d'indicateurs chiffrés et d'informations qualitatives également, parce que le reporting RSE, pour moi, ne se cantonne pas à des chiffres ; il s'agit également de donner à juger sur la manière dont on opère sur ces différents aspects. Tout d'abord, nous nous sommes référés à la GRI, Global Reporting Initiative, qui pour nous était un cadre de référence tout à fait intéressant. C'est, je pense, le référentiel le plus abouti d'un point de vue international sur la manière de reporter nos pratiques en termes de développement durable. Et en cela nous avons devancé les implications de la loi Grenelle, qui ne sont arrivées qu'en 2012, où, pour la première fois, nous avons dû non seulement reporter ces informations mais les faire vérifier par un organisme tiers indépendant ; nous avons choisi notre commissaire aux comptes. Mais cette impulsion nous a contraint, j'allais dire, c'était une contrainte plutôt vertueuse, à être encore plus soigneux, plus robustes, à la fois dans nos affirmations d'engagement et de pratique mais également dans les chiffres que nous publiions. Et en parallèle, nous avons progressé, cette fois de manière volontaire, vis-à -vis de la GRI puisque nous avons ciblé et obtenu le niveau le plus élevé de certifications par la GRI, qui est le niveau A plus, et nous étions à l'époque la première banque en France, je crois que nous le sommes restés, à obtenir cette certification. Cela étant, nous sommes restés, j'allais dire, assez humbles, par rapport à cette certification qui, somme toute, ne fait que consacrer et récompenser un effort de transparence, d'exhaustivité des indicateurs et d'information mais qui ne préjuge pas de la performance. Donc c'est une deuxième étape beaucoup plus engageante sur laquelle nous travaillons depuis quelques années maintenant. Et, au passage, nous avons eu la satisfaction d'obtenir un prix franco-français qui est le trophée du meilleur rapport développement durable, délivré chaque année par l'Ordre des experts comptables et la Compagnie nationale des commissaires aux comptes. Aux côtés de la GRI, nous avons également incorporé dans notre rapport annuel et notre reporting un référentiel, sur base tout à fait volontaire, qui est celui de la GABV. La GABV c'est un collectif de banques internationales, la Global Alliance for Banking and Values, qui regroupe à ce jour 38 banques qui ont en commun une certaine vision de la finance engagée et de la finance responsable, et qui a structuré ce qu'on appelle une scorecard, qui met en avant un certain nombre d'indicateurs financiers ou extra-financiers mais qui soient un petit peu décalés, j'allais dire, ou complémentaires par rapport aux ratios bancaires traditionnels. Donc on mesure, par exemple, la part de PNB, de produit net bancaire, réalisé avec les clients, versus PNB strictement financier, réalisé sur les marchés. On mesure également la part des financements dédiés aux secteurs à forte plus-value sociale ou environnementale et d'autres indicateurs qui essaient de promouvoir une autre vision de la finance. Nous pensons aujourd'hui que la qualité d'un reporting extra-financier va de plus en plus porter sur les éléments permettant d'apprécier l'engagement de l'entreprise. On estime que la question de la transparence et de la fiabilité des informations est déjà réglée aujourd'hui pour la plus grande partie des entreprises, notamment à la faveur de la loi Grenelle, qui impose de plus en plus de contraintes dans ce domaine-là . Donc il s'agit véritablement maintenant de passer par le dialogue avec les parties prenantes pour se mettre d'accord sur les enjeux qu'on appelle les enjeux matériels. C'est une des évolutions, d'ailleurs, de la GRI, nous en sommes à la version quatre, et bientôt cinq peut-être de la GRI, qui invite les entreprises à dialoguer avec leurs parties prenantes pour se mettre d'accord et partager une vision de ce que sont les enjeux les plus significatifs de l'entreprise. Alors, en matière de dialogue, nous ne partons pas de zéro, puisqu'en tant que banque coopérative nous avons une tradition ancienne de dialogue avec nos sociétaires, et nous avons pour cela des instances coopératives au niveau local. Nous avons autour de chaque agence, sur l'ensemble du territoire français, un conseil d'agence qui est composé de sociétaires qui représentent notre clientèle. On s'efforce de retrouver la réalité et la diversité de notre fonds de commerce, et ce sont des lieux privilégiés de dialogue au sens RSE et parties prenantes pour être à l'écoute des besoins, à l'écoute de leur perception de notre activité, et de co-construire ensemble les réponses bancaires qui soient les plus adaptées possible à leurs besoins. Et cette construction au niveau d'une agence se retrouve au niveau régional et au niveau national sur un modèle qu'on appelle le modèle de relation ternaire où, finalement, la banque noue des liens avec les réseaux professionnels, essentiellement de l'ESS mais pas que, des têtes de réseaux, des fédérations, pour mieux mesurer, justement, quels sont les besoins de ces structures en termes de financement, mais plus généralement en termes de relation bancaire et de structuration de leur filière. Donc ce dialogue parties prenantes on l'a un peu ancré dans notre modèle de longue date au travers de la vie coopérative. Nous devons l'étendre avec d'autres parties prenantes. [MUSIQUE]