[MUSIQUE] La transition dans son acceptation originelle c'est un changement d'état physique d'une substance, par exemple son passage de l'état liquide à l'état gazeux. Ainsi donc, c'est une affaire de temps. C'est un moment, une période entre deux états qui sont caractérisés par une relative stabilité en termes de structure ou de processus. Autrement dit, la transition n'est pas amenée à se pérenniser. Elle ne dure qu'un temps. Cette définition de la transition propre à l'état de la matière nous apprend autre chose et nous renvoie à ce que nous avons appris sur les bancs de l'école primaire. Elle nous dit que pour passer d'un état à un autre, il faut changer les conditions de température et de pression. Si l'évolution de ces conditions de température et de pression augmente progressivement, on passe progressivement d'un état à l'autre par des processus de fusion puis de vaporisation par exemple. Par contre, si on chauffe un solide stable dans certaines conditions de pression, on peut passer directement du solide au gazeux, c'est ce qu'on appelle la sublimation. Cette notion de transition a été appliquée à l'analyse d'autres types de systèmes. On parle de transition entre des systèmes agricoles, entre des systèmes industriels, entre des systèmes politiques. Dans notre cas, nous pouvons parler de transition entre modèles ou systèmes miniers. Autrement dit, et par analogie, c'est par la modification de conditions techniques, économiques, sociales, réglementaires que l'on va passer d'un modèle minier à un autre. Et cette transition peut être plus ou moins progressive. Pour le sujet qui nous intéresse, et pour commencer à répondre aux questions que nous venons de nous poser, nous pouvons d'ors et déjà identifier des transitions entre modèles [INCONNU] dans lesquels l'innovation de rupture a joué et joue encore un rôle clé. Face aux difficultés d'atteindre certains gisements, l'industrie minière a à plusieurs reprises dû transformer, innover dans ces process et ses stratégies pour maintenir un niveau de réserves compatible avec l'évolution constante de la demande. On distingue ainsi plusieurs niveaux d'innovation, l'innovation incrémentale, qui ne suppose ni changement de modèle économique ni changement de structure industrielle. Elle suppose des changements à la marge, dans les infrastructures, les institutions et les pratiques, et n'entraîne pas de véritables changements d'état du modèle minier. Par exemple, c'est le fait d'augmenter progressivement la taille des camions, de 20 à 400 tonnes, ou le fait de mettre en place des systèmes de ventilation dans les mines de plus en plus efficaces. L'innovation de rupture, elle, suppose des changements fondamentaux dans le système. Elle suppose des changements qui peuvent aller au-delà du seul domaine minier. L'innovation de rupture est celle qui crée, transforme ou détruit un marché et ainsi entraîne des changements de société. Les innovations de rupture aujourd'hui consistent pour beaucoup dans des applications des technologies d'information et de communication, les TIC, et donc dans le développement du numérique. On pourra alors se demander si la mine 4.0 ou la smart mine, la mine intelligente, autrement dit l'automatisation et le big data dans l'industrie minière constituent une véritable innovation de rupture et marquent authentiquement une nouvelle phase de transition. Aujourd'hui, ces innovations de rupture du modèle minier sont d'autant plus radicales qu'elles doivent faire émerger des systèmes socio-techniques respectueux de l'environnement, ce qui suppose de reconfigurer les interactions entre innovations technologiques, environnement et société. Nous devons aller vers un véritable changement de paradigmes. Les travaux sur la transition socio-technique partent du constat que ces systèmes socio-techniques, dont les modèles miniers du XXe siècle, ont atteint leurs limites et ne peuvent plus de contenter d'adaptations à la marge. Il pose que la transition écologique peut être portée par de nouvelles technologies sans toutefois s'y réduire et mettre de côté les processus sociologiques à l'œuvre dans l'innovation. Ils invitent à remettre au cœur des préoccupations les interactions entre groupes sociaux qui se jouent autour de toute innovation. En ce sens, pour répondre aux défis écologiques du XXIe siècle, il convient donc de réinscrire les transitions technologiques dans les processus de transition sociaux, organisationnels, informationnels, culturels. Autrement dit, la transition, qu'elle soit socio-technique ou techno-écologique est forcément systémique. Elle renvoie à une nouvelle configuration des relations entre technologie, environnement et société, provoquée par des innovations technologiques mais également des innovations politiques, organisationnelles, culturelles, etc. On parle alors d'innovations architecturales ou encore d'innovations système, qui supposent des changements de société substantiels concernant aussi bien la production que la consommation et les usages. Autrement dit, sans changement des consommations et des usages, pas de vraie transition. On change alors d'échelle. On sort de l'enclave minière pour interpeler la société dans son ensemble, ce qui soulève la question de l'implication des pouvoirs publics. De telles transitions sont-elles nécessairement guidées par des instruments de régulation, des supports institutionnels ou des acteurs politiques? Peuvent-elles être spontanées? Ces approches des transitions socio-techniques et éco-technologiques invitent à penser à une échelle macro. En effet, à problème global, solution mondiale. Or, il sera important de questionner pour finir le rôle que peut jouer l'échelle territoriale, la façon dont la territorialisation de ces transitions ne peut pas également ouvrir la voie vers d'autres formes de transition. [MUSIQUE] [MUSIQUE]