[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette séquence, nous allons vous parler de l'importance de structurer et de clarifier non seulement les espaces dans lesquels évolue l'élève avec un trouble du spectre de l'autisme, mais également la temporalité. On entend par temporalité le temps pour faire une activité, mais aussi ce qui visualise le déroulement d'une matinée, d'un après-midi ou d'une journée entière. Nos élèves ont besoin de clarté. Voyons tout cela plus en détail. >> Comprendre son environnement, être capable de le solliciter et d'anticiper ses réactions, c'est un enjeu pour les élèves avec les troubles du spectre de l'autisme. Structurer l'environnement dans lequel l'élève vit ou travaille permet de le rendre plus prévisible et donc de limiter l'anxiété concernant les changements. Une des méthodes qui a pour but de proposer aux personnes TSA un environnement cadré, structuré et parfaitement adapté est la méthode TEACCH citée précédemment. Avec des repères temporels et visuels, l'espace est organisé de sorte à aider les personnes avec TSA dans leur quotidien, mais aussi de leur permettre d'acquérir confiance et autonomie. L'objectif est donc de leur offrir tous les moyens possibles d'apprendre, de comprendre et de communiquer. Nous pouvons différencier la structuration de l'espace en milieu scolaire en deux sortes : premièrement, identifier une fonction par pièce par exemple, la salle à manger pour le repas, une classe pour le travail, une salle de bricolage, la salle de psychomotricité ou une pièce sensorielle. Ensuite, chaque pièce, comme une classe, dont l'organisation est claire et met en valeur les activités spécifiques dans chaque espace permet aussi de renforcer les concepts importants. Voici quelques exemples d'organisation d'une pièce : un espace d'accueil, un espace de travail individuel, un lieu de travail en apprentissage, un coin de jeu et de loisir. L'organisation des espaces dans la classe permet à l'élève TSA de se concentrer et de concentrer leur attention sur la tâche à effectuer. En effet, l'une des difficultés peut être liée à des distractions visuelles et auditives, à un son, un mouvement, ce qui rend compliqué d'identifier et de réagir à des indications spécifiques. Pour vous donner un exemple, un élève qui s'intéresse aux moyens de transport doit effectuer un exercice en mathématiques, étant assis à son pupitre à proximité d'une fenêtre ouverte. À ce moment passe un tramway en émettant un son. L'attention de l'élève sera détournée pendant un moment. Dans cet exemple, l'espace de travail individuel ne devrait pas être placé face à une fenêtre, il ne devrait pas y avoir d'affiche sur le mur et l'espace de jeux libres devrait être éloigné d'une porte. Les espaces spécifiques doivent être clairement délimités. Nous pouvons placer les meubles ou les panneaux d'une manière facilement accessible mais cadrante. Il existe de nombreux moyens pour définir visuellement les limites : les tapis, les meubles, les panneaux, des paravents, des bandes adhésives de couleur sur le sol. Chaque espace doit également être identifié par un objet de référence, par un pictogramme ou par une photo. L'organisation des espaces varie bien sûr en fonction de l'âge, du niveau de l'élève, mais également du type de structure scolaire et des conditions d'environnement. Il est clair que la structuration de l'espace ne sera pas la même pour un élève en inclusion que pour un élève en structure spécialisée. Pour cela, il est toujours important de prendre en compte les besoins individuels de chaque élève. Plus l'élève apprend à fonctionner de manière indépendante, moins l'organisation des espaces lui sera nécessaire. Après ces explications sur l'importance de clarifier et structurer les espaces, voyons comment procéder pour visualiser et concrétiser la temporalité. >> Les enfants autistes ont un grand besoin de prévisibilité. Or, dans la vie d'une classe, on passe d'une activité à l'autre, d'un exercice à l'autre, quelque fois d'un espace à l'autre, et tout cela n'est pas forcément explicite pour nos élèves. Nos élèves préfèrent des informations précises, concrètes et mesurables. Les questions qu'ils se posent, et le plus souvent de façon tacite, sont : combien de temps va-t-on consacrer à cet exercice, qu'est-ce qui vient après, à quelle heure va sonner la cloche pour la récréation, d'ailleurs, ce ne sont pas les seuls élèves qui se posent cette question ; combien de temps la maîtresse ou le maître va-t-il parler, combien de temps ai-je pour terminer ce contrôle, quelle est la durée du travail en groupe, quand et à quelle heure je pourrai rentrer chez moi, etc. Toutes ces questions peuvent apparaître dans la tête de cet enfant sans qu'on s'en aperçoive et être extrêmement anxiogènes. Nos élèves ont besoin de réponses tangibles et concrètes. Alors, comment peut-on les aider sur le plan de la temporalité? Eh bien il y a trois outils incontournables qui peuvent grandement les aider sur la mesure du temps et à maîtriser un peu plus intérieurement cette temporalité. Le premier outil, c'est le planning, le deuxième, l'emploi du temps, et le troisième, le plan de travail. Vous pouvez trouver dans la littérature ou sur le web des appellatifs un peu différents de ceux que j'utilise, mais conceptuellement vous allez vite les reconnaître. Commençons par le premier outil, le planning. On peut le résumer comme une sorte de déroulement de la journée de l'élève du matin au soir. Forcément, le planning est un outil que vous allez élaborer en collaboration avec les parents ; car vous ne savez pas quels sont les éléments importants pour l'élève avant qu'il arrive à l'école et lorsqu'il sort de l'école. Dans le planning, vous allez trouver les étapes importantes de la journée. Ce n'est pas un outil dans lequel nous allons trop entrer dans les détails, mais cela permet de donner des indications assez précises et qui sont importantes et significatives pour l'élève afin qu'il puisse se repérer dans sa journée. Deuxième outil, plus classique celui-ci, l'emploi du temps scolaire, qui permet de visualiser les activités scolaires de toute la semaine. Là aussi, il s'agit de composer votre emploi du temps en fonction des besoins de votre élève. Certains élèves ont besoin d'un maximum d'informations sur leur emploi du temps, un peu comme sur celui qui apparaît à l'écran ; d'autres élèves ont besoin de nettement moins d'informations sur le plan visuel, comme cet autre exemple qui apparaît à l'écran. Tout dépend donc des informations dont votre élève a besoin. L'emploi du temps est juste un outil comme un autre pour indiquer toutes les activités qu'il fait dans la semaine, et le niveau d'information dépend véritablement des besoins de votre élève. Mais c'est aussi un outil qui nous permet de travailler sur le métier de l'élève ; car, comme vous le voyez, apparaissent des pictogrammes ou bien le nom des disciplines sur lesquels il va devoir travailler tout au long de la semaine, ce qui lui permet véritablement de rentrer dans son métier d'élève. Troisième outil, que je considère comme l'un des plus importants, le plan de travail. Le plan de travail, surtout en inclusion scolaire, est véritablement le bras droit de l'enseignant. Lorsque, par exemple, l'enseignant spécialisé ou bien l'auxiliaire de la vie scolaire doit s'absenter ou n'est pas là , le titulaire de classe, en milieu régulier, peut véritablement s'appuyer sur le plan de travail ; évidemment, le plan de travail est aussi utilisé dans des lieux spécialisés. En quoi consiste le plan de travail? C'est le descriptif de ce que l'élève va devoir faire dans une séquence de travail. Par exemple, dans une matinée, il va avoir mathématiques, ensuite mathématiques, ensuite géographie, etc. Mais dans chacune de ces disciplines, peut-être votre élève a-t-il besoin de maximum d'informations. Par exemple, en mathématiques, il sera mentionné exercice 1, exercice 2, exercice 3, etc. Vous voyez apparaître à l'écran un de ces plans de travail extrêmement élaboré où chacune des petites cases permet à l'élève de se repérer sur le plan temporel parce qu'il la coche dès que l'exercice est fait. Est-ce que tous les élèves ont besoin d'un plan de travail aussi élaboré? Non, bien sûr. Encore une fois, vous devez toujours partir de votre élève. Mais ce qui est sûr, c'est que l'élève a besoin de se repérer dans le temps et de savoir quelles sont les différentes matières qu'il va faire durant la matinée ou durant la journée. Par exemple, à l'écran, vous voyez un autre type de plan de travail qui est beaucoup plus général et qui est utilisé pour toute la classe. Pour certains de nos élèves autistes, ce plan de travail général suffit. Il faut donc bien partir à chaque fois des besoins de votre élève. C'est le principe qu'il faut retenir : permettre à votre élève de se repérer dans le temps. Se repérer dans le temps et d'ailleurs important pour tout le monde. Imaginez que je vous enlève votre agenda ; je pense que bien vite vous vous sentiriez perdus par rapport à tout ce que vous devez faire dans la journée. Eh bien nos élèves autistes vivent constamment dans cette incertitude du déroulement du temps ; la notion de temps est quelque chose de très abstrait pour eux. Il faut donc véritablement pouvoir leur fournir un outil qui leur permette de se repérer. Si vous voulez approfondir cette question des outils temporels, vous pouvez vous plonger dans le site dont le lien apparaît à l'écran, où vous allez voir de façon opérationnelle ces différents outils de travail, autant en milieu scolaire qu'en milieu spécialisé. >> Comme nous l'avons vu dans cette leçon, que ce soit au niveau des espaces ou du temps, nos élèves ont besoin de clarté. Vous n'imaginez pas à quel point si on n'agit pas à ce double niveau vos élèves peuvent être perturbés et du coup perturber l'ordre de votre classe. La plupart des soucis comportementaux se règlent en leur fournissant de la clarté spatio-temporelle. Cela vaut donc bien la peine d'y consacrer quelqu'énergie dès le début de l'année scolaire. [MUSIQUE] [MUSIQUE]