[MUSIQUE] Bonjour ! Dans cette séquence, nous allons parler de la question de la transition des soins psychiques qui, dans tous les systèmes de soins, établit une frontière plus ou moins flexible entre la prise en charge en pédopsychiatrie et la prise en charge dans les services de psychiatrie adulte aux alentours de 18 ans. Vous allez vous demander peut-être pourquoi c'est important de parler de cette question de la transition des soins. Comme vous le savez, les personnes avec autisme peuvent également présenter des difficultés psychiques, et ceci est d'ailleurs plutôt la règle que l'exception, dans la période de l'adolescence et du début de l'âge adulte. Cela peut être des difficultés d'anxiété, des difficultés d'humeur, des difficultés d'attention, voire même peut-être parfois des symptômes psychotiques. Ces difficultés, dans un certain nombre de cas, doivent nécessiter une prise en charge et un traitement. Il est donc crucial qu'une bonne continuité des soins entre la fin de l'adolescence et le début de l'âge adulte puisse s'effectuer, afin de pouvoir vraiment maximiser la qualité de vie de la personne, son autonomie et aussi son fonctionnement psychique. Mais cette période de fin de l'adolescence et de début de l'âge adulte représente vraiment une période dans laquelle il y a beaucoup de défis en termes de santé psychique, et qui peuvent parfois compliquer ce processus de transition. Comme vous le voyez sur cette figure, la fin de l'adolescence et le début de l'âge adulte représentent vraiment une période de vulnérabilité particulière pour les troubles psychiques. Vous le voyez sur ce schéma, en fait les difficultés psychiques représentent la partie en violet, et les autres types de difficultés, que ce soit les cancers, les problèmes cardiaques, etc. sont représentés par les autres couleurs. Et vous voyez que vraiment, dans cette tranche d'âge, les difficultés psychiques représentent une préoccupation particulière. On sait aussi que dans cette période de fin de l'adolescence et de début de l'âge adulte, il y a énormément de changements dans la vie d'un jeune, que ce soit au niveau de sa scolarité, de ses relations ou de son environnement de vie parfois. Tous ces changements peuvent représenter une source de stress particulière et donc être également des facteurs de risque pour l'émergence de difficultés psychiques. Enfin, on sait que chez les personnes qui ont bénéficié de soins psychiques au relativement long cours, il peut y avoir vraiment un attachement avec la structure de soins dans laquelle les personnes sont prises en charge et qu'il peut être parfois difficile de changer d'équipe thérapeutique au moment de l'âge adulte. Et finalement, un élément qui est vraiment plus intrinsèque au fonctionnement des structures, c'est que les les structures de pédopsychiatrie ont davantage l'habitude de collaborer avec les familles, alors que les services de psychiatrie adulte reposent davantage sur vraiment l'implication du jeune lui-même. Ceci peut aussi représenter une difficulté au moment de cette transition, puisque cette transition va reposer fortement sur le jeune. L'ensemble de ces défis vont donc représenter des facteurs de risque, de rupture de la prise en charge thérapeutique, auxquels il va donc falloir veiller. Comme illustration, je veux brièvement vous montrer une étude qui est parue en 2010, publiée par Singh et collaborateurs, qui a étudié un grand groupe d'adolescents qui devaient faire une transition vers des passages de psychiatrie adulte. Et dans cette étude, ce qu'ils ont remarqué, c'est qu'il y avait 1/3 de ces adolescents qui ont décidé par eux-mêmes, ou en lien avec l'équipe soignante, de ne pas être référés vers des services pour adultes. Il y avait à peu près 40 % de ces jeunes qui ont eu au moins un rendez vous dans un service de psychiatrie adulte, donc qui ont effectué vraiment ce processus de transition mais il y a eu 2 cas un peu plus problématiques dans cette étude : il y avait 8,5 % dans cette étude de personnes qui n'ont pas été acceptées par les services de psychiatrie adulte, donc qui avait été référées mais qui n'ont pas été acceptée ; et il y a eu 17 % de personnes dans cette étude qui ont vécu vraiment une rupture des soins au moment de ce passage dans la transition. Donc, on voit donc que si on additionne ces 8,5 % et ces 17 %, ça fait vraiment un pourcentage de jeunes non négligeable qui auraient dû bénéficier de soins dans les services pour adultes, mais qui pour une raison ou pour une autre n'y sont pas parvenus. Tous ces défis et ces difficultés au moment de la transition dont je viens de vous parler sont valables vraiment pour l'ensemble des adolescents quel que soit leurs difficultés à l'origine. Mais ce qu'on sait vraiment dans la littérature, c'est que les personnes avec des troubles du neuro-développement, dont le trouble du spectre de l'autisme, sont davantage à risque de vivre ces phénomènes de rupture au moment de la transition à l'âge adulte. On ne sait pas exactement pour quelle raison les personnes avec un trouble du spectre de l'autisme ont un risque augmenté de ces ruptures thérapeutiques, mais une des raisons qui pourraient potentiellement expliquer en partie cela, c'est que le trouble du spectre de l'autisme est beaucoup moins connu des thérapeutes pour adultes, et qu'il peut donc y avoir peut-être davantage de réticences, que ce soit de la part des familles ou de la part des milieux thérapeutiques, de prendre en charge ces jeunes dans les structures pour adultes. On sait également que les personnes avec autisme et leurs familles ont moins tendance à recevoir des informations relatives à ces transitions à l'âge adulte, et à bénéficier d'un plan de santé, comme nous allons le voir juste après, ce qui pourrait également expliquer ce plus haut risque de rupture au moment de la transition. Comment est-ce qu'on peut alors favoriser cette transition chez les personnes avec autisme ? Plus spécifiquement, je vais me centrer sur les facteurs sur lesquels on sait qu'on peut avoir un impact pour pouvoir vraiment faciliter cette transition. Et à ce sujet, il y a un certain nombre de recommandations qui ont été publiées et je vais vous donner ici un résumé de ces recommandations. La première recommandation, c'est qu'il faut vraiment préparer cette transition en amont, les spécialistes recommandent de la préparer dès l'âge de 13 ou 14 ans, avec le jeune et son entourage. Cela consiste à expliquer ce qu'est une transition, et à pouvoir identifier quels seront les besoins en termes de santé mentale pour un jeune au moment du passage à l'âge adulte. Le fait d'identifier les besoins nécessite également de la part du jeune d'avoir travaillé sur son autodétermination et sur sa responsabilité par rapport à son besoin de soins psychiques. Et finalement, il convient de parler d'aspects vraiment plus pratico-pratiques, tels que la couverture assurantielle des soins, par exemple. Le deuxième point qui est vraiment important par rapport à cette planification d'une transition est de pouvoir créer ce qu'on appelle un plan de santé. C'est un document qui peut commencer à être constitué dès l'âge de 13 ans et qui va contenir différentes parties. Une première partie va contenir une auto-évaluation de la part du jeune, de sa santé et de ses besoins. Il va également contenir une sorte de plan d'action sur comment finalement fournir le soutien qui est nécessaire pour la personne par rapport aux besoins qui ont été formulés précédemment. Ce plan doit également partager les informations qui sont importantes concernant le jeune et qui seront à disposition des services qui prendront en charge le jeune par la suite. Idéalement, ce plan de santé devrait être intégré dans le cadre d'un plan global de transition tel que vous en avez entendu parler juste avant. Si vous êtes intéressé vraiment par cette question du plan de santé, vous en trouverez un exemple en annexe dans ce module. Afin de planifier au mieux cette transition, il est également essentiel que les besoins et les souhaits de l'entourage soient pris en compte. En effet, si ce n'est pas le cas, il pourrait s'avérer difficile de réaliser les projets qui ont été pensés initialement. Il y a également un certain nombre de recommandations qui peuvent être faites au moment même de la transition pour faciliter cette dernière. La première recommandation qu'on peut faire, c'est de vraiment éviter de faire cette transition vraiment de manière effective lorsque le jeune se trouve dans une période de décompensation psychique, donc s'il a vraiment des difficultés aiguës à ce moment-là , il vaudrait mieux si cela est possible pouvoir différer de quelques semaines ou de quelques mois ce processus de transition. Idéalement, le service qui prend en charge des enfants ou des adolescents ne devrait pas se retirer tant qu'un premier rendez-vous n'a pas été fait effectivement dans un service pour adultes. Il ne devrait pas y avoir de transition sur une liste d'attente dans un service pour adultes, ceci n'est pas acceptable. Et finalement, un dernier point qui est important, c'est que c'est vraiment le rôle du clinicien qui est en charge de la personne de pouvoir transférer les informations qui seront essentielles à son suivi au moment de l'âge adulte. Voilà ! Dans ce module, vous avez appris pourquoi c'est vraiment important de planifier la transition des soins psychiques chez les enfants et les adolescents avec autisme, et je vous ai également fourni un certain nombre de recommandations qui permettent de favoriser cette transition. [MUSIQUE] [MUSIQUE]